Opitciwan : feu vert au projet d’expulsion des vendeurs de drogue
LUTTE À LA DROGUE. La population de la communauté d’Opitciwan a livré un message clair à ses dirigeants.
En référendum cette semaine, elle donne le feu vert au conseil de bande pour son projet d’expulser de la communauté tous les trafiquants de drogue reconnus coupables de ce délit et ce, pendant une période de 60 mois.
378 personnes sont en faveur, 71 se sont prononcées contre et 18 votes ont été rejetés. Avec 467 électeurs qui se sont exprimés, le chef du conseil de bande, Christian Awashish, considère que le taux de participation est excellent pour un référendum.
« C’est très fort. Surtout dans les circonstances actuelles, où il y a eu un décès dans la communauté et beaucoup de gens étaient à l’extérieur. C’est une bonne participation, si on pense que lors des élections, environ 700 voteurs vont se prévaloir de leur droit de vote», évalue le chef du conseil de bande.
Les prochaines étapes
On assistera bientôt à la rédaction du projet de règlement après quoi le conseil de bande l’adoptera. Le projet de règlement sera publié dès sa mise en vigueur. On pense qu’il sera effectif en janvier.
Les assemblées d’information
Tenues les 1er et 2 novembre, des assemblées d’information permis à toute la population de pouvoir s’exprimer. Au-delà de cet état de fait, elle a aussi permis une grande concertation face au fléau de la drogue à Opitciwan.
« Des interventions ont été faites avec beaucoup de sagesse (…) un ancien, de 85 ans, qui fait des enterrements ici, a dit que depuis plusieurs années, il y a au moins une centaine de décès, liés à la drogue », rapporte le chef. D’autres ont affirmé que véritable le gagnant du référendum n’allait pas être le camp du oui ou du non, mais bien la vie et la santé.
Les gens avaient aussi la possibilité de suivre les assemblées d’information en direct à la radio communautaire d’Opitciwan.
Un impact déjà perceptible
Sans crier victoire, le chef Awashish perçoit déjà que le simple fait de parler du fléau de la drogue a laissé des effets positifs dans la communauté. «Des vendeurs sentaient venir les choses et que le règlement allait être appliqué. Ils ont arrêté d’en vendre. Les fins de semaine, où il y a beaucoup de violence, ça a été plus tranquille qu’à l’habitude au centre de santé. Il y a déjà un changement. On se croise les doigts qu’après ce règlement-là, ça change», fait observer M. Awashish.
Un changement qu’on espère perceptible, surtout quand on sait que la drogue est vendue à des enfants de 9, 10 ou 11 ans. « L’école primaire a tellement de difficultés à gérer cela, parce que ce sont des enfants qui sont consommateurs. Ils sont perturbés. Ils ont beaucoup de problèmes de comportement, d’intimidation. On ne peut plus tolérer cela», lance M. Awashish.
On dit souvent que ça prend tout un village pour élever un enfant. La communauté d’Opitciwan est en train d’en faire la preuve par son geste.