Opérations forestières à Opitciwan : les négociations n’ont rien donné

TERRITOIRE. Les négociations entreprises avec le ministère des Forêts n’ont pas donné les résultats escomptés à Opitciwan. «On ne s’est pas entendu», a déploré le chef de la communauté d’Opitciwan, Christian Awashish. On sait que le gouvernement du Québec avait octroyé à l’entreprise Rémabec le droit de procéder à des coupes forestières au réservoir Gouin, dans un secteur précis où une famille Atikamekw d’Opitciwan pratique ses activités traditionnelles de chasse.

La date-butoir pour une entente avait été fixée au 15 septembre par la Cour supérieure du Québec qui est intervenue dans le dossier en août dernier. Une dernière rencontre entre Québec et Opitciwan, lundi 11 septembre, n’a pas porté fruit. Le canal de communication n’est pas fermé, mais aucune entente n’est sur la table. Le 23 août dernier, la Cour avait ordonné à Rémabec et ses filiales «d’arrêter immédiatement toutes leurs opérations forestières menées sur le territoire de la famille Weizineau et des Atikamekw d’Opitciwan». La Cour avait également demandé au gouvernement du Québec d’entreprendre des discussions de bonne foi avec la communauté dans un délai de trois semaines. Or ce délai prend fin ce vendredi 15 septembre.

La décision faisait suite à une demande d’injonction déposée le 21 août par Opitciwan afin de stopper une opération spéciale de récupération de 200?000 m3 de bois de chablis situé sur le territoire de l’unité de gestion Windigo-et-Gouin, «une zone particulièrement sensible du territoire atikamekw et qui représente la dernière portion de forêt mature du territoire de la famille Weizineau, sans que le Conseil ait été consulté adéquatement».

Les travaux ont été suspendus pour que le gouvernement et Rémabec mènent des consultations sur l’objectif du plan spécial de coupes forestières en assurant une protection des zones d’intérêt de la famille. À ce moment, le chef Awashish avait insisté sur la nécessité de «protéger la pérennité de nos activités traditionnelles par la préservation de la dernière portion de forêt mature du territoire de la famille Weizineau».

Puisque les négociations n’ont rien donné, M. Awashish ignore ce qu’il adviendra, passé le 15 septembre. Il craint que le gouvernement puisse donner à nouveau le droit à l’entreprise de mener des opérations forestières.

«On pourrait donner des instructions à nos avocats pour prolonger l’injonction», propose-t-il d’entrée de jeu.

«On est dans une situation d’incertitude. Je dois contacter le ministère des Forêts pour connaître leurs intentions. Évidemment, on veut éviter de retourner en cour. Mais aussi, on voudrait éviter que la compagnie reviennent couper et qu’on soit face à une situation explosive», pense Christian Awashish.

Si l’injonction n’est pas maintenue, un blocus pourrait être établi sur place. «Quand on a su qu’il y avait des opérations forestières, on avait réussi à convaincre la famille de ne pas y aller (établir un blocus), puisqu’on utilisait la voie des tribunaux. La famille voyait les opérations au jour le jour et était impatiente. Heureusement, il y a eu l’injonction», relate le chef Awashish.

Opitciwan appuierait les Weizineau dans un tel cas. De génération en génération, la communauté a toujours été reliée à des territoires familiaux pour la pratique des activités traditionnelles.

M. Awashish précise qu’il ne reste plus beaucoup de secteurs comme celui du réservoir Gouin où la famille Weizineau peut pratiquer ses activités traditionnelles de chasse. «C’est ce qui a fait qu’on a demandé une injonction pour protéger ce qui leur reste comme partie de territoire».

Le recours aux tribunaux pour rendre l’injonction permanente est aussi une avenue qui pourrait être considérée par Opitciwan.