«On va être comme les vidangeurs de la forêt» – Claude Bronssard, Transfobec
Depuis le temps que l’on entend parler du développement et de la valorisation de la biomasse dans notre région, la compagnie Transfobec devient la première entreprise latuquoise à se lancer dans l’aventure avec son usine de paillis qui s’établit au site Vallières.
L’entreprise de Claude et Anthony Bronssard et de Nicolas Potvin se fait une place depuis environ cinq ans dans le milieu du coeapu de bois. «Après avoir été en quelque sorte itinérant, on se base au site Vallières», mentionnait Claude Bronssard. La force de l’entreprise: chacun des actionnaires a son secteur bien défini. «Nicolas Potvin construit nos équipements, mon fils Anthony opère et répare les équipements et il gère les opérations en forêt. Moi, je m’occupe de la clientèle», expliquait ce dernier.
Afin de s’assurer d’une qualité exceptionnelle du produit, Transfobec a créé une déchiqueteuse beaucoup plus performante au niveau de la qualité du paillis et du copeau. «S’il y a des coups durs dans l’industrie, nous resterons grâce à la qualité de notre produit», soutenait M. Bronssard.
«Nous avons signé des contrats pour de grosses papetières. Par exemple, Transfobec a déjà produit 825 camions de copeaux à partir de bois brûlé», souligne-t-il. Dans le secteur du Lac Charlebois, ce sont 10 000 mètres cubes de bois dans un ancien feu qui se perdait. Transfobec a donné la coupe de bois à la Coopérative forestière et par la suite, Anthony Bronssard et son équipe ont transformé le bois en copeaux sur place.
La grande expérience de Claude Bronssard dans le milieu forestier a naturellement établi sa crédibilité. Acheteur de fibre chez Rock Tenn et surintendant de Francobec au site Vallières jusqu’à sa récente retraite, M. Bronssard connait à peu près tout ce qui gravite autour de la fibre, que ce soit les acheteurs, les vendeurs et même les transporteurs. «Dans le cadre de mon travail, je voyais du bois qui se perdait et je savais qu’on en coupait. Il faut tout de même avoir une conscience environnementale. C’est pour cela qu’on a fondé Transfobec», précisait M. Bronssard.
Comme il y a des cycles d’approvisionnement dans les copeaux, l’entreprise latuquoise a voulu diversifier ses opérations en se lançant dans la production de paillis. «Il y a environ une douzaine de producteurs de paillis, mais ils sont tous frontaliers. Nous voulons développer le marché vers le nord. On veut broyer, colorer et ensacher ici. Nous offrirons même un ensachage personnalisé pour les entreprises qui le voudraient. On veut aussi vendre en vrac», ajoutait l’entrepreneur.
Présentement, ils sont à installer un écorceur. Lorsqu’ils préparent du copeau pour une papetière, ils récupèrent l’écorce pour produire le paillis. «Ce ne sont pas toutes les essences qui s’utilisent pour le paillis, les écorces comme celles du sapin par exemple, seront dirigées vers des usines de cogénération pour l’électricité», précisait M. Bronssard. «On va être comme les vidangeurs de la forêt», ajoutait-il en riant.
Pour Transfobec, il n’est pas question de nuire à des entreprises comme Rock Tenn ou John Lewis en utilisant le bois dont ils ont besoin. «Au contraire, on veut travailler avec eux. Ça va faciliter les coupes intégrées», estimait-il. «J’essaie le plus possible de faire affaire avec les gens d’ici pour encourager notre économie».
Ce projet de 2 M$ nécessitera du transport. «On veut organiser des activités de transport. On veut créer une synergie. Plusieurs camions vont ou reviennent allèges. On veut maximiser cela», prévoyait M. Bronssard. Ça fait d’ailleurs partie de la philosophie de l’entreprise. «La marge de profit est minime donc il faut prendre d’autres méthodes. Par exemple, le transport ou faire couper sans ébrancher. On a essayé et ça fonctionnait. On a économisé. On essaie de faire les choses vraiment différemment», ajoutait-il.
La construction pour l’usine de paillis va bon train et les opérations devraient débuter en décembre. Présentement, l’entreprise compte 5 employés. «À Ville La Tuque, on a fait tout ce qui était en notre pouvoir pour soutenir cette entreprise. Ce sont des promoteurs sérieux et on est bien content qu’ils se développent», déclarait Patrice Bergeron, ingénieur forestier de Ville La Tuque qui n’écarte pas la possibilité de collaborer à nouveau avec l’entreprise latuquoise.
On se souviendra que Ville La Tuque a annoncé une subvention de 100 000$ pour 2013 et 2014 à raison de 50 000$ par année à même le Fonds Hydro-Québec. De plus, en conformité avec la Loi sur les compétences municipales, le conseil municipal versera un montant de 25 000$ en 2013 et un autre en 2014. Naturellement, cette aide est conditionnelle à la réalisation du projet.