On demande du personnel…

Voici le premier d’une série de textes portant sur la pénurie de main-d’oeuvre dans les secteurs commercial et industriel de la région. Le phénomène n’est pas exclusif à la Haute-Mauricie, mais bien partout au Québec.

Alimentation, restauration, vente au détail, services, grandes industries, aucun domaine d’activité n’est épargné.

L’Écho de La Tuque a voulu en savoir davantage, cette semaine, en allant prendre le pouls de quelques entreprises locales qui vivent ce phénomène.

Les marchés d’alimentation l’ont trouvé difficile, ces dernières semaines.

La copropriétaire du marché d’alimentation IGA de La Tuque, Marie-Eve Naud, confirme que l’embauche est plus difficile, surtout depuis le printemps dernier.  «C’est pire cette année», a-t-elle remarqué.

Pour la première fois, l’entreprise a placé un panneau «Nous embauchons», pour faire connaître ses besoin en personnel. Le marché recherchait surtout des travailleurs à temps plein.

Selon elle, la situation n’est pas dramatique et est loin de compromettra les activités de l’entreprise, mais on porte plus d’attention à l’embauche.

Patrick Marchand, directeur du marché Maxi, des Galeries La Tuque, pousse un soupir de soulagement depuis quelques semaines. Mais l’été n’a pas été évident. L’écriteau sur lequel il était inscrit qu’on recherchait du personnel vient d’être enlevé, après avoir été bien en évidence à l’entrée du centre commercial.

«Depuis trois semaines, un mois, tout est beau, heureusement (…) Je touche du bois, tout va bien», mentionne M. Marchand. Commis d’épicerie, de fruits et légumes, ou aux viandes, on était activement à la recherche de gens pour combler des postes.

«C’est le combat de toutes les entreprises. Pour les cinq prochaines années, on se demande ce qu’on va faire pour fidéliser nos collègues, pour qu’ils restent chez nous», analyse-t-il.

Même son de cloche pour Manon Gauvin, de la Bétonnière La Tuque. «Présentement, nous avons des besoins en mécanique de machinerie lourde », dit-elle. Cet état des situations pousse l’entreprise à faire affaire avec des sous contractants de l’extérieur, ce qui occasionne des frais.

Il y a quelques semaines, dans un reportage diffusé dans un autre média, on avait identifié un besoin de camionneurs, mais fort heureusement, on en a trouvé depuis.

Jean Spain, propriétaire d’Accent Meubles vit lui aussi une situation particulière.

«On a plus de difficultés à recruter au niveau de la vente, confie-t-il. On a fait des démarches et on a tout notre personnel au moment où on se parle. Mais je vous dirais que depuis les trois ou quatre dernières années, on a un noyau qui est solide, mais quand on perd une personne, c’est plus difficile d’en recruter une autre», considère-t-il.

Il y a quelques semaines, au plus fort de la pénurie, il avait dû revoir les définitions de tâches de ses employés.

Le roulement de personnel, il l’observe surtout chez les employés plus jeunes. Comme plusieurs autres, il fait remarquer que parfois, il faut recruter les employés dans d’autres entreprises.

«Une catégorie de main-d’œuvre qui est une mine d’or, mais qui n’est pas encore développée à La Tuque, ce sont les retraités», fait-il remarquer. En effet, on retrouve bon nombre d’entre eux comme bénévoles dans des organismes à but non lucratifs, mais ils ne sont pas nécessairement prêts à retourner sur le marché du travail sur une base régulière.

L’industrie forestière

L’industrie forestière est aussi en mode embauche. Sur les sites de recherche d’emploi et dans les médias, des entreprises comme Rémabec, Résolu, West Rock publient des offres d’emplois.

«C’est un problème qui est généralisé. Nous aussi, comme entreprise, on est confronté à la rareté de la main-d’œuvre, surtout dans les métiers spécialisés», admet Marc Belisle, directeur des ressources humaines à l’usine West Rock La Tuque.

Ce qui explique que souvent, dans le cas d’emploi plus techniques, on doive faire appel à des travailleurs de l’extérieur de la Haute-Mauricie. Chaque fois, on espère qu’ils se plairont bien à La Tuque.

Attirer des gens à La Tuque sur une base permanente représente un défi. West Rock réussit à le faire, mais l’entreprise doit être patiente.

Comme plusieurs, West Rock ne vend pas que son usine et des salaires concurrentiels à ses futures recrues, dans les salons de l’emploi et les publicités d’offres d’emploi. Elle doit aussi leur parler de la qualité de vie qu’on retrouve en Haute-Mauricie.

«Le coût de la vie n’est pas le même La Tuque que dans les grands centres», fait aussi remarquer M. Belisle.

Depuis 2010, West Rock a embauché 275 nouveaux travailleurs, sur les 470 que compte actuellement l’usine. «75% de notre main d’oeuvre sont des gens de La Tuque», soutient M. Belisle.