Ne pas y penser et continuer

CANCER. Pour un homme actif comme André Scarpino, recevoir un diagnostic de cancer c’est comme recevoir un coup de masse dans le front.

«Comme dans l’annonce, on tombe sur le dos», raconte-t-il. C’était en 2009.

Pour son fils Louis et sa femme Doris, ce fut tout un choc aussi. «On était déjà en mode panique», se souvient-elle. «André faisait des pneumonies à répétition. Jusqu’au jour où le médecin nous a dit qu’il croyait qu’il avait un myélome multiple. Il émettait une hypothèse, mais quand je lui ai demandé quelles étaient les possibilités, il m’a dit à 98%», poursuit Doris.

Une série de tests plus tard, l’hématologue confirme le diagnostic. L’attente de 15 jours a été terrible. «On pense toujours que c’est une erreur ou que ça arrive juste aux autres» mentionne André. C’est à ce moment qu’il a décidé de ne pas penser au pire, d’être positif. «Doris était écrasé à terre. C’est moi qui les encourageais elle et Louis» relate André avec un sourire. «Je me suis dit qu’il fallait prendre la nouvelle comme il faut, ne pas y penser et continuer».

Sa vie a été en danger à plusieurs reprises. «Je suis monté en haut trois fois, mais ils ne m’ont pas gardé», dit-il à la blague. «Mon père

Sévère est en haut. C’était un joueur de cartes. Pour moi ma partie n’est pas finie. Sévère m’a appris à gagner et à perdre avec classe. Je suis croyant et je me dis que ce n’est pas fini. C’est le gars en haut qui décide», philosophe celui que toute la famille appelle Chef.

Il a décidé de continuer ses activités malgré la maladie. «Je n’ai jamais arrêté. Je viens au restaurant tous les jours et je fais mes affaires», précise-t-il. «C’est drôle, on me materne. Quand ce n’est pas ma femme, ce sont les employés me surveillent pour ne pas que je force trop», ajoute-t-il dans un sourire qui en dit long sur la chance qu’il a d’être épaulé par sa famille. Il garde en tout temps son sens de l’humour. «Il n’y avait pas de danger que je perde mes cheveux avec la chimio. Il y a longtemps que je n’en ai plus», s’esclaffe-t-il.

Comme le myélome se traite, mais qu’il ne se guérit pas, André peut vivre de nombreuses années avec la maladie. Grand sportif, il a maintenant des difficultés avec ses articulations. «Là les reliques du hockey et du baseball sortent», croit-il. Il a donc décidé de subir des chirurgies orthopédiques. «On s’est dit que pour vivre normalement et avoir une qualité de vie, il devait se faire opérer. On l’a opéré à la hanche gauche et aux deux genoux», explique Doris.

Présentement, il reçoit un traitement pour solidifier ses os. «Je ne bouge plus et j’engraisse. En plus, je prends de la cortisone. Ça me choque quand mes chums me disent que je suis rendu gros. Je ne peux plus les suivre dans le bois. Je ne peux plus aller à la pêche avec eux et ce n’est pas à cause du myélome, c’est à cause de mes os», confie-t-il.

André soutient que l’attitude est importante. «Il faut être positif. Si le gars reste assis toujours piteux, ça ne sera pas fort». La famille aussi est importante. «Une chance qu’on a la famille. Une chance que j’ai Doris. Sans elle, je ne m’en serais pas sorti. Là ça va bien. On relève même de nouveaux projets».

André Scarpino a décidé, en bon sportif, que ce n’était pas fini tant que la cloche n’était pas sonnée. Il aime la vie toujours autant et en profite chaque jour. Il rencontre ses amis et apprécie les moments passés avec sa famille et les amis. «On est des Italiens. On a toujours été proches et on le sera toujours», conclut-il.