Nathalie Cloutier : de la cuisine à la mécanique

INSPIRATION. Pendant toute sa carrière, Nathalie Cloutier n’aura jamais raté une occasion de démontrer qu’elle est une femme d’action, qui déteste les sentiers battus. «Je suis une hyperactive», répétera-t-elle au cours de l’entrevue qu’elle accorde à L’Écho de La Tuque. Armée d’un solide sens de l’humour, cette propriétaire de Service Multi Pro Jet dispose aussi d’une force de caractère qui a forgé sa trempe de femme d’affaires. Car il faut de la poigne pour être en affaires, surtout quand une femme se lance dans un métier traditionnellement masculin, dans les tournant des années 2000. Jeune adulte, Nathalie Cloutier a d’abord quitté La Tuque, pour les études. Diplôme de l’Institut du tourisme et d’hôtellerie du Québec en main, elle a servi en cuisine comme sous-chef dans des établissements réputés tels le Casino de Montréal, où elle a travaillé pendant quatre ans, dès l’ouverture, le club de golf le Mirage et quelques grands restaurants de la grande région de Montréal. En 2000, elle décide de rentrer à La Tuque, d’abord pour ses enfants. Elle ne s’imaginait pas les envoyer dans une école de 5000 élèves à Montréal, avec tous les inconvénients que ça implique. Ça s’est fait du jour au lendemain. «J’ai dit à mon chum (Éric Leblanc) : tu restes ou tu me suis ?». La question ne se posait même pas. Son conjoint aura pris quelques semaines pour se trouver un travail à La Tuque et l’y a rejointe. Elle a d’abord travaillé dans des cuisines de restaurants de La Tuque. Puis, en 2006, survint le grand changement de carrière, conjugué à l’aventure d’être son propre patron. Rien ne la destinait à la mécanique, surtout qu’elle n’avait pas étudié dans ce domaine. «Mon chum et mon beau-frère s’ouvraient un garage. Je me suis retrouvée ici en arrière à vendre des pièces mécaniques», dit-elle. Ainsi naissait Service Multi Pro Jet. L’apprentissage s’est fait pièce par pièce et sa présence dans l’administration de la boîte est vite devenue essentielle. Chercher les fournisseurs, obtenir les meilleurs prix, accueillir les clients, aider aux travaux et diriger le volet d’entretien des piscines, voilà les premiers mandats au sein de l’entreprise de cette autodidacte. Jamais elle n’a hésité avant de plonger. «Il ne faut pas que tu aies d’hésitation dans la vie. Il y a toujours une porte qui va s’ouvrir». L’insécurité liée au fait de posséder sa propre entreprise peut être déstabilisante par moments, mais ça finit par très bien se gérer. Un des points forts de Service Multi Pro Jet aura été d’offrir une multitude de services à la clientèle, en plus d’un département de mécanique. Surtout, être à l’écoute de la clientèle et offrir des créneaux qui n’étaient pas disponibles dans la région. «À La Tuque, on ne peut pas juste vivre de déménagement ou piscines et de spas. On a toujours été à l’écoute de la clientèle. Demandez-moi n’importe quel service, si je ne peux pas offrir, je vais vous référer à quelqu’un qui peut le faire. C’est encore comme ça». Les principales qualités d’une femme d’affaires ? La persévérance, le travail. Puis, il faut savoir tenir tête, avec modération toutefois, un peu comme un parent gère une famille. «Ce qui est difficile pour une femme en affaires, c’est le côté masculin, quand les gens veulent voir «le gars» dans le domaine de la mécanique ou des piscines. Les gens vont me regarder, moi, au lieu de regarder Nathalie, mais je leur dis que c’est elle qui s’occupe de ça», pense pour sa part Éric Leblanc. Heureusement, les mentalités tendent à changer. Nathalie Cloutier n’a rien à envier à ses collègues masculins dans son domaine d’activités. Selon elle, quand on possède une petite entreprise, il ne faut pas avoir peur d’aller chercher les de l’aide tant pour la formation que les personnes ressources. «Pour vendre des pièces mécaniques, j’ai fait le tour du Québec. Il ne faut pas se laisser impressionner». Par leurs personnalités, mais aussi leurs forces, Nathalie Cloutier et son conjoint Eric Leblanc se complètent parfaitement. «Un sans l’autre, ce n’est pas pareil», image-t-elle. La retraite ? Elle songe à la retraite, sans vraiment aborder cette éventualité avec le ralentissement que cela implique. Nathalie Cloutier veut passer le flambeau, dans quelques années, à la relève. Elle se visualise dans la fermette de sa résidence de la rue Bourassa, avec son projet d’élevage de poules, de perdrix, de dindes, en voyant à la bonne marche de sa serre bio. Arrêter de travailler? Non. Le faire dans l’environnement de sa maison? Certainement.  L’incendie de sa résidence, l’automne dernier, ralentit un peu le projet, mais il va se réaliser. «Je vais être plus zen», entrevoit-elle, déclenchant le rire de ses compagnons de travail.