Les gens de la région ont faim… et ça ne s’améliore pas

MAURICIE. Le Bilan-Faim de la région de la Mauricie/Centre-du-Québec continue de se détériorer. En 2023, 34 928 personnes, dont 10 828 enfants, ont recours à l’aide alimentaire chaque mois, ce qui représente un hausse de 10% par rapport à 2022 et de 37% comparativement à 2019.

« C’est une hausse importante et ce n’est pas prêt d’arrêter. En seulement quatre ans, le nombre de personnes aidées mensuellement est passé de 25 538 en 2019 à 34 928 en 2023. Il s’agit d’une situation historique », lance Jean Pellerin, président du conseil d’administration de Moisson Mauricie/Centre-du-Québec.

Les personnes seules représentent 56% des ménages aidés par Moisson Mauricie/Centre-du-Québec. « Cela témoigne de la difficulté rencontrée pour couvrir tous les frais avec une seule source de revenus. L’augmentation des différents coûts de logement et de la nourriture amène une pression supplémentaire pour ces personnes », rappelle M. Pellerin.

Moisson Mauricie/Centre-du-Québec remarque aussi que le nombre de ménages en emploi ou prestataire d’assurance-emploi augmente. On parle d’une hausse de 2,9% des ménages aidés en 2023. Une autre augmentation de 0,5% est constatée du côté des personnes ayant la pension de vieillesse ou une rente de retraite comme revenu.

Bien que le nombre de personnes demandant de l’aide soit en augmentation, Moisson Mauricie/Centre-du-Québec doit composer avec une diminution des denrées reçues. En 2023, il est question d’une baisse de 5-6% des denrées disponibles comparativement à 2019.

« C’est à la fois un record du nombre de personnes aidées et un record négatif du nombre de denrées disponibles, précise Gaël Chantrel, directeur général de l’organisme. On reçoit moins de denrées qu’en 2019. On vit principalement avec les surplus de denrées. On peut imaginer que des compagnies qui souhaitent optimiser leurs opérations voient le surplus de denrées comme une problématique et elles la corrigent. Aussi, on est en compétition avec les épiceries qui développement également des stratégies pour lutter contre le gaspillage. On ne peut pas être contre ça, car il faut lutter contre le gaspillage, mais ça a un impact négatif pour nous. »

L’organisme compte donc sur les collectes d’argent et de denrées des Fêtes pour renflouer un peu l’entrepôt.

18 M$ demandés

Le réseau des Banques alimentaires du Québec lance un appel aux gouvernements fédéral et provincial pour obtenir une aide financière rapide de 18 M$.

« Si on obtient cette somme à l’échelle provinciale, pour les gens de la Mauricie et du Centre-du-Québec, cela représentera 2,5 kilos de nourriture de plus que ce qu’ils reçoivent en ce moment par année. C’est peu. On n’est pas dans l’abondance, loin de là! Ce qu’on demande au gouvernement, c’est de nous aider à relever un peu la tête au-dessus de l’eau et de pouvoir donner un panier d’épicerie un peu plus complet aux personnes qui utilisent nos services », ajoute M. Chantrel.

Mais il faudra que la société se penche également sur des actions à poser pour lutter concrètement contre l’insécurité alimentaire et l’exclusion sociale, note-t-il.

« L’insécurité alimentaire atteint des sommets en Mauricie et au Centre-du-Québec alors que le contexte économique préoccupant laisse envisager des jours encore plus difficiles. Notre réseau travaille fort pour répondre à la demande et pallier les trous dans le filet social, mais il faut davantage d’actions pour avoir un impact durable dans la lutte contre la faim au Québec. »

« Ça prendra un programme de lutte contre la pauvreté parce que la situation se détériore, poursuit le président du conseil d’administration. Il y a eu des aides financières ponctuelles pendant la pandémie. C’est correct, mais maintenant, il faut des mesures plus permanentes. »

La faim dans la région en chiffres

  • 34 928 personnes aidées chaque mois en Mauricie et au Centre-du-Québec, une hausse de 10% comparativement à 2022.
  • 16,3% des ménages aidés ont un revenu d’emploi ou d’assurance-emploi
  • 55,9% des utilisateurs des services vivent seuls. C’est 18,5% de plus que la moyenne provinciale.
  • 29,5% des utilisateurs sont des familles avec des enfants.
  • 872 000 personnes ont recours au réseau des Banques alimentaires du Québec chaque mois dans la province en 2023.