Les Atikamekw, maintenant autonomes en matière de protection de la jeunesse
JEUNESSE. C’est ce mardi 20 novembre que la nation Atikamekw est devenue pleinement autonome en matière de protection de la jeunesse. On se rappellera que l’annonce de l’Entente 37,5 entre le CNA et le gouvernement du Québec avait été effectuée le 29 janvier dernier. Elle s’étend sur plus de 20 ans d’expérimentation au cours desquels elle a permis aux Atikamekw de bâtir un dispositif qui leur est propre en matière de protection de la jeunesse. Le Grand Chef, Constant Awashish, cachait difficilement sa fierté au moment de l’annonce.
«C’est un travail où il a fallu prouver notre capacité, qu’on avait les moyens de pouvoir nous occuper de nos enfants», a dit M. Awashish, pour qui c’est un grand jour. «Pour moi, ça signifie énormément. L’autonomie, c’est quelque chose qu’on recherche depuis longtemps». On en arrive à une action beaucoup plus cohérente auprès des jeunes, puisque le modèle respecte la langue traditionnelle et les façons de faire Atikamekw. Depuis le milieu des années 90, le CNA avait un engagement pour acquérir son autonomie en matière de protection de la jeunesse, ce qui l’a notamment mené à l’adoption d’une politique sociale, dont l’actualisation s’est effectuée par l’entrée en vigueur de l’entente 37,5. La Directrice de la protection sociale (DPS) Atikamekw se substitue désormais au Directeur de la protection de la jeunesse (DPJ). «Nous avons développé, au fil des ans, un modèle d’intervention sociale conçu par les Atikamekw pour les Atikamekw, conformément à leurs références ancestrales. Nous souhaitons remercier l’ensemble des partenaires qui ont participé à la conciliation entre les droits à et les lois du Québec et la construction d’une approche qui réponde spécifiquement aux besoins de notre jeunesse», lançait pour sa part Julie Rock, directrice des services sociaux. Même son de cloche pour Alice Cleary, directrice à la protection sociale : «les bénéficiaires qui requièrent nos services à l’enfance et à la jeunesse vivent, comme partout ailleurs, des situations de grande fragilité. Leur protection passe aussi par un entourage qu’ils reconnaissent et par l’abri de leur propre culture. Le seul fait que la langue Atikamekw soit au cœur du dispositif multiplie les chances d’une action constructive». «La reconnaissance va bien au-delà de cette entente. C’est également la capacité de nous prendre en main qui est reconnue (…) Aujourd’hui marque une grande étape dans notre développement collectif et je tiens à vous assurer que nous allons continuer sur cette belle lancée», a promis Yann Gélinas directeur général du CNA. Constant Awashish rappelait que presque la moitié de la population Atikamekw a 18 ans ou moins. «On parle d’intervenir face à nos enfants dans notre langue, de notre façon, avec notre culture. On veut faire intervenir la communauté, la famille élargie, les aînés pour en arriver à un raisonnement de l’enfant et de son entourage immédiat. C’est ça, l’approche Atikamekw. Ce n’est pas de faire intervenir des avocats, des travailleurs sociaux, des juges, qui ne connaissent pas l’enfant, qui vit un stress supplémentaire avec cette expérience-là». Des précurseurs La nation atikamekw est la première nation autochtone au Canada à acquérir cette autonomie. On veut d’ailleurs en faire profiter d’autres nations, si elles en font la demande. «Traditionnellement, on a tous la même approche. C’est juste que nous, on l’a définie, on a travaillé très fort pour en arriver là. On peut être des guides, partager notre expérience», propose-t-il. « Alors que l’Organisation des Nations Unies célèbre également aujourd’hui la Journée mondiale de l’enfance, le 20 novembre rappellera la détermination de notre Nation à prendre le plus grand soin de nos enfants et, plus largement, à défendre l’identité profonde des autochtones », a conclu Constant Awashish. https://youtu.be/eh3omZT9y4c
«Le gouvernement du Québec a collaboré avec nous. C’était de l’inconnu, mais on a fait nos preuves» Constant Awashish