L’ennoiement d’Opitciwan

OPITCIWAN. Les aînés d’Opitciwan évoquent l’ennoiement de la communauté, découlant de l’aménagement du barrage Gouin et la création du réservoir, en 1918. Il faut savoir que les façons de faire, il y a un siècle, différaient beaucoup de celles d’aujourd’hui. «Le village d’Opitciwan a déménagé trois fois», se souvient Simon Awashish, ancien chef de la communauté, qui a travaillé sur ce dossier. La première localisation d’Opitciwan était près du barrage Gouin, mais suite à l’ennoiement, le village s’est retrouve face à son actuel emplacement. Plus tard, l’eau montait encore, Opitciwan s’installait là où on le retrouve aujourd’hui. «À l’époque, il n’y avait pas encore des maisons comme aujourd’hui. Les gens vivaient encore dans des tentes», évoque Simon Awashish.  Une des difficultés que vivaient les Atikamekw de l’époque : il devenait difficile d’accoster en canot, parce que l’eau recouvrait la forêt et les arbres n’avaient pas été coupés. Il y a eu des morts, lors d’accidents de canot dûs aux arbres ennoyés; l’ennoiement a aussi généré des impacts sur les poissons et les animaux, rapporte-t-il. «Les Atikamekw vivaient encore dans des territoires de chasse, raconte Simon Awashish. Il y a des familles qui ont perdu leur territoire de chasse, parce qu’il a été inondé». «Les aînés en parlent comme d’un événement tragique. Ils ont essayé d’avoir des compensations. Ils avaient eu des planches (de la Shawinigan Water and Power) pour construire des maisons. Je me souviens, en 1950,1952, j’ai vécu dans ces maisons-là», raconte Simon Awashish. La cause avait été entendu par le Tribunal des revendications particulières. En 2016, Opitciwan avait obtenu gain de cause dans sa poursuite contre le gouvernement fédéral au sujet de l’inondation de ses terres lors de la mise en eau du réservoir Gouin en 1918.