Le milieu social plaide pour le maintien d’Accès Logis

LOGEMENT. Craignant les coupures en période de réévaluation prébudgétaire, les acteurs de l’habitation sociale et communautaire, avec l’appui du milieu municipal, demandent au gouvernement du Québec de reconduire le programme AccèsLogis.

Selon une vaste coalition formée afin de prendre les devants pour sensibiliser le provincial à l’approche du dépôt du budget, le programme d’aide à la création de logements sociaux a de nombreux impacts bénéfiques. Il s’agit souvent d’un moteur de développement économique pour les régions éloignées, en plus de servir à la revitalisation des quartiers et même à la planification urbaine.

Selon Alain Marcoux, vice-président de l’Association des groupes de ressources techniques du Québec, l’enveloppe annuelle d’AccèsLogis s’élève à 250M$ et génère des retombées économiques directes de plus de 500M$. «En plus d’un retour de 2,3$ sur chaque dollar investi, note-t-il, ce programme améliore les conditions de logement dans les communautés. Il aide à la rétention des résidents et au maintien des aînés dans leur milieu de vie, ainsi qu’à freiner la dévitalisation des villages et centres-villes.»

Pour Véronique Laflamme, porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), les vertus d’AccèsLogis sont plus nombreuses et porteuses d’économies pour l’état que ce qu’il coûte. «Par sa polyvalence, soutient-elle, le programme permet davantage que la simple construction de logements sociaux. Il sert aussi à l’achat-rénovation de bâtiments désaffectés, le recyclage immobilier, la réinsertion sociale, ainsi que la prise en charge de clientèles spécifiques comme les femmes battues, les itinérants ou les personnes souffrant de problèmes de santé mentale.»

Les deux intervenants n’osent imaginer qu’AccèsLogis puisse passer au couperet pour l’atteinte du déficit zéro au Québec. Venu en relève du désengagement fédéral il y a près de 20 ans, à leur avis le programme d’aide au logement social devrait bénéficier d’une enveloppe accrue plutôt que de coupures. Étant donné que 200 000 ménages au Québec (18 000 à Québec) consacrent plus de 50% de leurs revenus au logement, ils prônent sa reconduction sur cinq ans avec les budgets requis pour ajouter 3000 unités par an.

Composition de la coalition

La Fédération québécoise des municipalités, le Regroupement des offices d’habitation du Québec, le Réseau solidarité itinérance Québec et le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) joignent leur voix à la Coalition de l’habitation communautaire pour réclamer la reconduction et la bonification du programme AccèsLogis. Celle-ci regroupe les organisations suivantes : l’Association des groupes de ressources techniques du Québec; le Chantier de l’économie sociale; la Confédération québécoise des coopératives d’habitation; le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité; et le Réseau québécois des OSBL d’habitation.

«L’enjeu du logement continue de toucher un grand nombre de personnes et de collectivités partout au Québec. Nous devons donc poursuivre les efforts pour développer davantage de logements sociaux et communautaires.» – Richard Lehoux, président de la Fédération québécoise des municipalités (FQM) «Poursuivre un programme comme AccèsLogis, c’est investir dans l’économie du Québec, c’est créer des emplois et c’est économiser en santé et en services sociaux.» – Alain Marcoux, vice-président de l’Association des groupes de ressources techniques du Québec «Le contexte économique amène le gouvernement à prendre des décisions visant, d’une part, à stimuler l’économie et, d’autre part, à venir en aide à celles et ceux qui en auront le plus besoin. L’ajout de nouveaux logements communautaires est une réponse indispensable à ces deux objectifs.» – Jacques Côté, président de la Confédération québécoise des coopératives d’habitation «Chaque dollar investi dans le développement du logement social et communautaire représente un apport réel de 2,3$ en activité économique. L’habitation communautaire permet de lutter contre la pauvreté et l’exclusion, tout en contribuant de manière significative à l’économie du Québec.» – Nancy Neamtan, présidente-directrice générale du Chantier de l’économie sociale «Les investissements réalisés par la Société d’habitation du Québec dans des programmes comme AccèsLogis, génèrent des économies annuelles de 130M$ en divers services de l’État. Par exemple, en permettant aux aînés de résider plus longtemps dans leur logement et de retarder leur admission dans une ressource intermédiaire ou un CHSLD.» – Myrtha Laflamme, présidente du Regroupement québécois des OSBL d’habitation «Il importe d’offrir aux plus de 40 000 Québécois qui figurent sur les listes d’attente des offices d’habitation des solutions permanentes pour se loger, le programme AccèsLogis étant un levier significatif pour les communautés dans leur économie régionale.» – Robert De Nobile, président du Regroupement des offices d’habitation du Québec (ROHQ) «Le logement social avec soutien communautaire est un levier majeur pour prévenir et sortir de l’itinérance. En lien avec le déploiement de la Politique nationale en itinérance, l’investissement du gouvernement dans le logement communautaire doit impérativement perdurer et doit même aller plus loin, car les besoins sont en croissance.» – Jimena Michea, membre du conseil d’administration du Réseau solidarité itinérance Québec «Les coopératives d’habitation jouent un rôle indéniable dans le renforcement de la mixité sociale et urbaine et contribuent à la revitalisation de quartiers et de régions. Les coopératives d’habitation sont aussi un instrument de développement social qui participe à la qualité de vie dans les collectivités où elles s’implantent.» – Gaston Bédard, directeur général du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité «Le remplacement d’AccèsLogis par d’autres formules, comme le supplément au loyer, serait la privatisation de l’aide au logement.» – Véronique Laflamme, porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)