Le Japon friand du Matsutake des Atikamekw

INNOVATION. Le Conseil de la nation atikamekw (CNA) a noué une relation qualifiée de prometteuse avec le Consulat du Japon à Montréal.

Au centre de celle-ci, le développement de produits forestiers non ligneux (PFNL), sur lequel le CNA travaille depuis plusieurs années. Les Japonais apprécient particulièrement le Matsutake, un champignon cueilli dans des forêts de pin gris. On en retrouve sur le Nitaskinan, le territoire atikamekw, mais le Matsutake, qui se fait aussi appeler le «champignon de l’empereur» se fait plus rare au pays du soleil levant. Immédiatement, le contact a été établi.

«Au centre de notre approche pour le développement de la filière PFNL, il y a une volonté d’associer nos traditions à la création d’emplois durables et la montée de l’entrepreneuriat,  conforme aux valeurs autochtones», a dit le Grand chef du CNA, Constant Awashish.

Il indique que la rencontre, qui s’est déroulée au consulat général du Japon, à Montréal, le 15 septembre, laisse présager une collaboration prospère. «C’est le début d’une collaboration de longue durée», déclarait Osamu Izawa, consul général du Japon à Montréal.

Les Atikamekw prennent la chose avec sérieux. Préserver les ressources et leur réputation est un élément au premier plan de leur action.

Voilà pourquoi le projet se réalisera étape par étape. S’il est parfaitement envisageable d’acheminer des champignons à Montréal, Toronto ou New York où on retrouve bon nombre de communautés et de commerçants japonais, l’Asie n’est pas pour tout de suite. «Pour le Japon, on n’a pas encore cette expertise», nuance Dany Chilton, adjoint exécutif du Grand Chef et coordonnateur du secrétariat au territoire. Ces marchés, plus près, pourraient alors servir de tremplin pour l’exportation, ultérieurement.

Pour faciliter ces possibilités en matière de développement vers le Japon, le CNA sera en contact avec des spécialistes japonais en agriculture.

Un inventaire

Pour commencer le projet, le Conseil de la nation atikamekw a d’abord débuté par un inventaire des produits forestiers non ligneux (PFNL) disponibles à 50 kilomètres autour des trois communautés, suivi d’une étude de marché. «On fait actuellement de la cueillette, tout en s’assurant qu’une formation puisse accompagner les cueilleurs», laisse entendre Dany Chilton.

La certification

Le CNA envisage une certification atikamekw pour la cueillette du Matsutake, afin d’assurer les acheteurs que l’opération est effectuée de façon responsable. M. Chilton perçoit là un enjeu incontournable pour assurer la qualité et la pérennité de la ressource.  «Il y a très peu d’encadrement actuellement concernant les PFNL, à l’exception de l’ail des bois, des bleuets et du sirop d’érable. Tous les autres ne sont pas protégés par des règlements ou des lois. C’est encore le Far West à ce niveau. On veut s’assurer que ce développement soit bien encadré et c’est là notre principal intérêt pour le développement d’une certification atikamekw quant à l’exploitation des PFNL sur le Nitaskinan», affirme Dany Chilton.

Affichant un optimisme prudent face à cet important projet, il insiste. Il est important de bien faire les choses : «Il est hors de question qu’on commence à faire des erreurs parce qu’on veut aller trop vite».

Le Matsutake

En français, le Matsutake signifie le champignon du pin gris. On l’offre dans les cérémonies de mariage japonaises, car il symbolise la fertilité et la prospérité.

«Il n’est pas rare aujourd’hui que les champignons qui sont offerts lors d’une célébration de mariage valent une fortune à l’unité», pense M. Chilton.

En cuisine, il est souvent qualifié de polyvalent, on le voit en potage, en condiment ou encore comme un excellent accompagnement pour les poissons et viandes. Sur le site web de Morille Québec, on apprend que le Matsutake pousse dans les climats froids du Québec et on le distingue par sa chair parfumée, aux arômes rappelant le pain d’épices.