Le gouvernement du Québec mis en demeure par la Ville de La Tuque 

LA TUQUE.  Le torchon brûle entre la Ville de La Tuque et le gouvernement du Québec en lien avec le blocus forestier mené par des Atikamekw de Wemotaci depuis maintenant plus d’un mois. En assemblée d’agglomération, les élus ont adopté une résolution afin de déposer une mise en demeure à différentes entités du gouvernement du Québec, conjointement avec plusieurs compagnies forestières.

Le maire Luc Martel a tenu à préciser que les relations demeurent toujours cordiales entre la Ville et la nation atikamekw malgré cette mise en demeure.

L’avis à l’endroit du gouvernement a été entériné conjointement par la Ville, les industries Arbec bois d’œuvre, Produits forestiers Arbec, les Industries John Lewis, Savco, Rébec, et Accès forêt. Il vise la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, le ministre de la Sécurité publique, la Sûreté du Québec, le Procureur général du Québec et le ministre de la Justice, « leur sommant d’assurer immédiatement l’accès sécuritaire aux territoires forestiers du domaine de l’État aux demanderesses, leurs représentants, leurs salariés, leurs sous-traitants et leurs citoyens et de confirmer les mesures prises par écrit » peut-on lire dans le libellé de la résolution.

Le 18 janvier dernier, la Ville a été interpellée par différentes compagnies forestières sur l’urgence d’agir du gouvernement du Québec dans le dossier, sinon des pertes d’emplois seraient inévitables. Toujours en janvier, l’industrie forestière s’est vu émettre seulement 30% des volumes de bois alloués pour la saison débutant le 1er avril sans obtenir aucune garantie du gouvernement.

Une résolution a été adoptée le 25 janvier par la Table des élus de la Mauricie mentionnant que l’inaction du gouvernement met en péril 5540 emplois directs en Mauricie et demande au gouvernement d’agir et de délivrer les permis de coupe afin d’éviter des arrêts de production.

Une rencontre a eu lieu le 10 février dernier avec la députée Marie-Louise Tardif et le ministre responsable de la Mauricie Jean Boulet pour demander une intervention rapide considérant l’enjeu économique.

Depuis le 21 février, le blocus érigé sur la route forestière 25 à la hauteur des kilomètres 100, 113 et 125, prive la compagnie Arbec d’avoir accès à quatre secteurs autorisés pour la coupe de bois.

Depuis le 23 février, plusieurs rencontres se sont tenues avec les acteurs forestiers de la Mauricie, dont le Conseil de l’industrie forestière du Québec, la Ville de La Tuque et le directeur du cabinet de la ministre des Ressources naturelles et des Forêts afin d’échanger et de dénoncer l’urgence d’agir du gouvernement du Québec.

« Depuis le mois de janvier qu’on fait des démarches et qu’on monte les échelons, et on n’a pas d’écoute du gouvernement à l’heure actuelle, fustige le maire de La Tuque Luc Martel. C’est une situation qui dure depuis 40 ans! Chaque gouvernement précédent a toujours pelleté ça par en avant en remettant ça au prochain gouvernement. La situation faut qu’elle se règle. La crise qu’on a présentement va se régler, mais à quel coût et dans combien de temps? On demande au gouvernement de régler la situation pour qu’il y ait une pérennité dans le temps pour que dans 1, 2, 5 ou 10 ans, on n’ait plus à vivre ce qui se passe présentement. On s’en va vers des fermetures. Je comprends les revendications de l’autre partie (les Atikamekw), mais de notre côté on milite pour protéger notre économie. On a encore de belles ententes avec les Atikamekw, j’étais encore avec eux la semaine passée, je comprends leur situation, mais je leur aie fait aussi comprendre la nôtre. L’objectif est de mettre de la pression sur le gouvernement pour régler la situation. »

La Ville attendra la réaction du gouvernement, et si la mise en demeure reste lettre morte, d’autres actions seront entreprises par la Ville.

Le maire de Lac-Édouard Larry Bernier a ajouté que pour chaque emploi direct lié à l’industrie forestière, il peut y avoir 5 et 6 emplois indirects. « C’est peut-être 100 000 personnes qui seront impactées au total. Québec doit vraiment trouver une solution qui sera satisfaisante pour tous les parties », précise-t-il.

L’Écho a aussi questionné le directeur général de la Ville Pierre Pacarar qui est l’ancien directeur de l’usine West Rock à La Tuque afin d’entendre sa vision de la situation. « C’est un conflit qui est très malheureux. Présentement on a une situation en Haute-Mauricie où il est impossible pour nos compagnies forestières d’aller exploiter les zones qui ont été attribuées de façon légale. L’industrie forestière est une chaîne, et on vient de briser un maillon de la chaîne. Il y aura des impacts à coup sûr avec des arrêtes de production et les mises à pied sont inévitables. C’est inquiétant dans le cas présent avec une situation illégale qui est tolérée. C’est aussi inquiétant pour l’avenir puisqu’il y a seulement 30% de coupes de bois prévu pour la prochaine année, et à 30%, c’est difficile pour les forestières d’aller collecter le bois de façon rentable.  Avec les événements des dernières semaines, le 30% ne tient plus. S’il n’y a pas de récolte, il n’y a pas de résidus, et sans résidus, il n’y a pas d’usines. Comme ancien directeur général de l’usine de La Tuque, je suis très inquiet! »