Le chef de Manawan réagit
Dans une annonce faite à la nation atikamekw, le Chef de Manawan, Paul-Émile Ottawa, a fait état de la position du Conseil de sa communauté quant aux décisions des Conseils de Wemotaci et d’Opitciwan de vouloir suspendre les négociations territoriales menées par le Conseil de la Nation Atikamekw.
Les 9 et 10 juillet derniers, les Conseils de Wemotaci et d’Opitciwan invoquaient la lenteur des négociations, l’absence de négociateur fédéral, les dépenses du CNA et le désir de prioriser les deux dossiers de chevauchements territoriaux avec la nation Crie et du Regroupement municipal de Ville La Tuque pour suspendre les négociations. Cette décision est survenue à l’issue d’une rencontre entre les deux communautés, tenue en l’absence de la Grand Chef de la nation, Éva Ottawa. « Les deux Conseils semblent ne pas accepter la nomination d’Éva Ottawa au poste de Grand Chef malgré sa ré-élection, au suffrage universel, en septembre dernier. Les raisons précises de cette situation sont difficiles à cerner », a déclaré M. Ottawa, qui questionne les motivations réelles derrière la position prise par les deux autres Conseils.
Le Chef de Manawan rappelle que la négociation territoriale globale est la seule avenue qui conduise à l’autonomie gouvernementale, à la possession d’un territoire et à l’accès à des ressources financières suffisamment importantes pour entreprendre le développement de la nation atikamekw. « La suspension temporaire des négociations n’avance à rien et conforte le fédéral dans sa décision de ne pas renouveler le mandat de son équipe de négociations. Or, c’est uniquement à la table de négociations qu’un règlement peut intervenir », a-t-il insisté, précisant que suspendre les négociations peut très bien signifier l’arrêt définitif de celles-ci. « Cette division des trois communautés ne peut qu’inciter le fédéral à ne pas reprendre les négociations, s’il juge difficile de s’entendre avec des communautés qui ne s’entendent pas entre elles », précise-t-il.
Manawan a fait des négociations globales une priorité, dans le but d’atteindre le plus tôt possible l’autonomie gouvernementale et économique, afin de se libérer de la dépendance aux programmes et de la « supervision » du gouvernement fédéral. Or la suspension des négociations et le conflit entre les communautés et le CNA vont à l’encontre de ces objectifs.
Des solutions
Afin de régler la crise provoquée par les résolutions des conseils d’Opitciwan et Wemotaci, le Chef Ottawa propose notamment la tenue d’un référendum pour que tous les membres de la Nation puissent s’exprimer. Il propose également la mise sur pied une équipe pour régler avec le gouvernement du Québec le problème du regroupement de Ville La Tuque et une autre pour discuter avec la Nation Crie des chevauchements de territoires et identifier ensemble des solutions acceptables pour les deux Nations.
Très inquiet de l’avenir de la Nation, Paul-Émile Ottawa souhaite une reprise rapide des négociations et invite les Conseils à mettre les différends de côté et à s’asseoir avec la Grand Chef pour trouver des solutions conformes aux aspirations de la Nation. « L’avenir collectif de la Nation est plus important que tous les intérêts particuliers de chacun de ses membres », a-t-il conclu.