Larry Bernier: le maire bénévole à Lac-Édouard

LAC-ÉDOUARD. Arrivé à la tête de la municipalité reconstitutionnée en 2006 après le processus de défusion, Lac-Édouard devait éponger certaines dettes du comité de transition. Faisant ni une ni deux en compagnie de deux autres élus, le maire Larry Bernier a renoncé à son salaire qui a été versé dans les coffres de la municipalité. Depuis maintenant 14 ans, M. Bernier est le maire bénévole du village comptant plus de 150 âmes.

En réalisant une moyenne au fil des ans, M. Bernier a remis environ 70 000$ à la municipalité en 14 ans. Ce n’est pas rien quand on sait que la municipalité adopte un budget annuel d’environ 700 000$. Depuis qu’il est en poste, Larry Bernier aura donc remis 10% en salaire d’un budget annuel.

Larry Bernier et sa conjointe Rollande Lecours sont devenus résidents permanents du Lac-Édouard en 2005, eux qui étaient villégiateurs auparavant. Dans le contexte des défusions, les gens du Lac-Édouard avaient voté à 93% pour la reconstitution de la municipalité, un conseil municipal devait être formé. M. Bernier n’avait jamais songé à s’impliquer comme élu, et ce sont des vétérans du village qui l’ont approché pour lui soumettre l’idée de s’impliquer. «Je n’avais jamais pensé à ça. J’étais en enseignement en biologie et en agriculture. On a formé une équipe, et le conseil a été élu par acclamation. On avait réussi à réunir les forces vives du village, et chacun avait son champ de compétence qui le rejoignait. Au départ, Louis Vincent et André Beaulieu avaient accepté de donner leur salaire à la municipalité comme moi. Ce n’était pas beaucoup, mais c’était mieux d’en avoir en plus qu’en moins.»

M. Bernier reçoit seulement son allocation de dépenses pour ses déplacements liés à la municipalité, ou pour l’Agglomération de La Tuque. Mais les deux maires de Lac-Édouard et de La Bostonnais ne reçoivent pas de montant provenant de l’Agglomération comme c’est le cas pour une MRC.

Question de renflouer les coffres, le nouveau conseil de l’époque avait même demandé aux citoyens s’ils pouvaient payer leur compte de taxes en avance. «On n’avait même pas un sou pour payer les employés. On avait commencé en janvier 2006, et le premier compte de taxes était prévu en avril. On partait de loin. Mais tranquillement pas vite, on a mis la machine en marche de cette façon», se souvient M. Bernier.

«J’ai toujours vu mon rôle comme rassembleur. Dans n’importe quel milieu, il existe des forces vives qui sont prêtes à s’investir. C’est de cette façon aussi qu’est née la Coopérative de solidarité de Lac-Édouard. Ce qui est plaisant pour moi, c’est que c’est facile de trouver des gens à Lac-Édouard prêts à s’impliquer pour leur milieu. Je ne considère pas que je travaille, d’ailleurs je n’ai jamais travaillé de ma vie, je me suis toujours amusé», convient le maire.

D’ailleurs, tout comme son conjoint, Rollande Lecours est enseignante bénévole à la P’tite école de Lac-Édouard.

«Pour qu’une municipalité rurale se développe, ça prend différents éléments: les services de proximité (Coopérative de solidarité), le logement, l’emploi, les loisirs, l’accès à Internet, et l’éducation. La P’tite école fonctionne depuis 11 ans ici, et il y a deux jeunes familles de l’extérieur qui sont venues à Lac-Édouard parce qu’il y avait une école. Pour le réseau cellulaire et l’Internet, c’est en train de se faire.»

«Si la santé me le permet, je vais sûrement solliciter un autre mandat aux prochaines élections», affirme le maire bénévole.

Selon nos recherches, un maire à Portneuf, Pierre de Savoie a déjà remis son salaire à sa municipalité pour une année afin de soutenir un projet. L’ancien maire de Montréal Pierre Bourque avait versé son salaire à une fondation de 1994 à 2001.

Larry Bernier, maire de Lac-Édouard.