La transformation des entreprises, selon Stéphane Forget

ÉCONOMIE. La Chambre de commerce et d’industrie du haut-St-Maur8ice (CCIHSM) a reçu le président directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec, Stéphane Forget, qui est allé parler d’économie à sa tribune, lors d’un dîner-conférence.

Selon Stéphane Forget, quatre éléments de changement transforment actuellement l’économie québécoise.

Le vieillissement de la population est un phénomène qui se vit de façon plus accentuée au Québec que dans le reste du Canada. «On aura, au cours des 10 à 15 prochaines années, moins de travailleurs disponibles au Québec comparativement aux années 2010. C’est un enjeu de rareté de main-d’œuvre», explique M. Forget.

Le deuxième élément est lié aux changements technologiques qui influencent la productivité. «Les transformations numériques des entreprises, les nouveaux modèles économiques, le commerce en ligne, les Airbnb de ce monde, forcent nos entreprises et notre économie à se transformer. Ce sont des entreprises de services qui sont en croissance. Est-ce que nos municipalités sont bien adaptées pour accueillir ce genre d’entreprises-là» ? interroge-t-il.

Comment se servir de la lutte aux changements climatiques et la transition énergétique comme vecteur de développement économique ? Voilà le troisième élément.

Puis, le quatrième élément de changement se loge dans les réformes fiscales américaines et l’attitude du président Trump. «Que ce soit sur les taxes sur le bois, l’acier ou autres, ça a un impact sur l’économie québécoise», admet M. Forget. Il faut donc composer avec ces éléments de changement.

Localement, il a été familiarisé lors de sa visite sur les enjeux de main-d’œuvre et la mise en valeur du tourisme. «Il y a toujours la préoccupation liée à l’attitude des Américains et des impacts que ça peut avoir sur les entreprises, sur le bois», fait-il aussi valoir.

«L’économie semble vouloir se diversifier malgré le fait que vous ayez un moteur principal qui est le bois. J’ai été impressionné de voir combien c’est une région qui est dynamique».

Il perçoit comme une chance la possibilité de compter sur un bassin de travailleurs provenant des communautés autochtones. «Comment on peut faire pour que ces personnes puissent contribuer à la croissance de la région ?», n’hésite-t-il pas à demander.

La main-d’œuvre, l’offre de capital, l’intensité technologique, les infrastructures numériques, et le développement des régions, l’énergie et la transition énergétique de même que les capacités de développer davantage l’entrepreneuriat au Québec constituent autant de clés identifiées par M. Forget.

«Toutes les entreprises ne peuvent pas vendre en ligne, mais il faut bien accompagner les entreprises pour qu’elles comprennent et qu’elles déterminent ce qui est bon ou moins bon pour elles. Comme disait (Winston) Churchill, on est mieux de prendre le changement par la main que de se faire étouffer par le changement», a-t-il aussi mentionné.

«C’est une grande fierté pour nous de le recevoir […] la liste des entreprises à visiter était longue et on a expliqué nos enjeux», a dit, pour sa part la directrice générale de la CCIHSM, Karine Rochette.

Pendant sa brève visite à La Tuque, il a eu l’occasion de visiter la microbrasserie la Pécheresse, de même que la Coopérative forestière du Haut-Saint-Maurice avant de s’adresser aux membres de la CCIHSM. Il n’a pas rencontré les autorités municipales de La Tuque, dont aucun représentant n’a assisté au dîner.

L’érosion des revenus publicitaires des médias

Au cours de sa conférence, il a abordé le thème de l’érosion des revenus publicitaires que subissent les médias, au profit des géants du web. Sans laisser de retombées dans les régions, ils finissent par accaparer 80% de l’assiette publicitaire, ce qui met les médias traditionnels en danger, a dit Stéphane Forget, interrogé sur le sujet. «On continue de faire beaucoup de pression pour que les gouvernements appuient les médias qui ont besoin d’aide dans la transformation numérique pour s’adapter à cette nouvelle économie», plaide-t-il.

Les gouvernements vont devoir réfléchir pour déterminer comment imposer ces grands joueurs du web qui génèrent des impacts négatifs sur les médias locaux.

«Quand on parle de médias, on parle d’un outil fondamental à la démocratie. Pour les Chambres de commerce, le rôle des médias dans les régions, c’est fondamental», a-t-il conclu.