La Pécheresse: maillage, réseaux sociaux et bon goût

BIÈRE. Au moment où le nombre de microbrasseries est en augmentation au Québec, le fait que La Tuque possède maintenant la sienne se justifie très bien.

Les deux propriétaires de la microbrasserie la Pécheresse, Marc-André Ayotte et Michael Martineau, vivent un beau succès qui se quantifie par des objectifs à court et long terme qui leur permettent de satisfaire leur nouvelle clientèle d’amateurs de bières goûteuses et locales.

Les deux jeunes hommes d’affaires sont allés par étape. Au lieu de mettre leurs œufs dans le même panier, ils ont d’abord ouvert un pub pour offrir leurs produits, sur la rue St-Zéphirin en haut de leurs installations de productions.

Malgré leur jeune âge et la nouveauté de leur entreprise, ils ont mis dès le départ un soin jaloux dans la préparation de leurs produits, ne laissant rien au hasard. «Même dans nos premiers brassins, la bière était bonne, bien balancée», confirme M. Ayotte.

Après quelques mois d’opération, ils sont encore enchantés de l’accueil que leur a réservé la clientèle. «La terrasse était toujours pleine. Des gens de Québec, Trois-Rivières, même de Toronto sont venus à la microbrasserie. Les gens venaient parce qu’ils nous avaient vus sur les réseaux sociaux», font-ils remarquer.

On le sait, dans la mire, il y a la distribution dans les pourvoiries mais aussi dans les épiceries, restaurants et dépanneurs locaux. Voilà autant d’établissements qui ont dès le début fait connaître leur désir de distribuer les produits de la Pécheresse avec beaucoup d’empressement. Les bières arborent des particularités locales (Wayagamack et CIP). Lorsqu’elles seront exportées dans des marchés hors région, elles conserveront leurs appellations.

Surprenants maillages

En cette époque où on prône beaucoup le maillage entre commerçants, on a très bien compris le message à La Tuque. C’est même la nouvelle façon de faire des affaires. La Pécheresse est à toutes les sauces. «Les commerçants qui sont dans l’alimentation se sont mis à utiliser nos produits. Le Boké fait des sauces avec notre bière, le restaurant le St-François, une soupe à l’oignon et la pâtisserie Gâtez-vous a fait des cupcakes (au chocolat avec un délicat de bière), énumèrent-ils en guise d’exemples. C’est gagnant-gagnant».

La Pécheresse avait également conçu la «Trip de chasse», une rousse, dans le cadre du récent Festival de chasse.

Les bières artisanales font loi

Les buveurs de bière plus commerciale, ou conventionnelle, ont pu faire de belles découvertes qui les ont amenés à essayer autre chose. «C’est certain que ça a amené des gens qui n’était pas habitués à un produit du genre à l’essayer, parce que c’est local», évalue Michael Martineau. Des gens qui ne consommaient même pas de bière apprécient aujourd’hui les produits de la Pécheresse.

On fait des produits qui sont quand même accessibles, bien balancés. Le buveur de Coors Light ne sera pas perdu (…) il y a beaucoup de gens qu’on a vu entrer au pub qui ont trouvé leur compte dans nos produits», est fier de rapporter Marc-André Ayotte.

Exportation

2016 pourrait être l’année où débutera l’exportation des produits de la Pécheresse. Le Lac Saint-Jean et la Mauricie figurent dans les régions que veulent atteindre les deux entrepreneurs.

«On s’est fait approcher par une trentaine de dépanneurs spécialisés, des IGA du Québec. On a aussi eu un article dans le journal Bières et plaisirs sur les bières artisanales du Québec. Suite à cela, il y a un une espèce de «buzz ». On va aussi se retrouver dans le livre des microbrasseries du Québec», relate M. Ayotte.

Les propriétaires de la Pécheresse souhaitent également présenter leurs produits dans des concours de bières et expositions afin de mieux les faire connaître.

Les taxes

Les deux jeunes hommes d’affaires se sont tenus au courant des délibérations entourant le rapport Godbout. Comme plusieurs brasseurs, ils ont donc poussé un soupir de soulagement lorsque le ministre des Finances du Québec, Carlos Leitão, a indiqué qu’il n’avait finalement pas l’intention d’augmenter la taxe spécifique sur la bière, tel que proposé dans le Rapport Godbout sur la fiscalité.

«S’ils étaient allés de l’avant, ils auraient tué pratiquement 50% des microbrasseries», analyse Michael Martineau. Depuis 1996, les microbrasseries ont un allégement sur la taxe, ce qui a permis la création de plusieurs entreprises du genre.

Six péchés dans votre verre, au pub

La luxure, Hefenweiser, 5 %

La paresse, Kolsh, 5,5 %

La colère, I.P.A. 6,5 %

La gourmandise, Stout, 5,5 %

L’envie, Irish Ale, 5,1 %

L’orgueil, Double Harvest, 8,1 %