La Nation Atikamekw fait sa marque à l’ONU
Le grand Chef de la Nation Atikamekw, Constant Awashish, s,est exprimé dans le cadre de la 14e session de l’instance permanente sur les questions autochtone des Nations Unies. On sait que cet événement se tient actuellement à New York.
Au cours de son allocution, revêtant un caractère historique, M. Awashish a parlé de la situation vécue par son peuple «pour rappeler que le contexte canadien ne se compare pas toujours avantageusement à celui existant ailleurs sur la planète».
« Notre démarche d’affirmation n’est pas qu’une question politique et de gouvernance. C’est un élément fondamental de notre développement socioéconomique. En effet, bien que nous vivions au Canada, un pays réputé pour sa richesse et l’égalité sociale, les conditions de vie dans lesquelles nous vivons sont difficiles et indignes. L’épisode des pensionnats en est un exemple éloquent. Cette sombre période de l’histoire canadienne avait pour but de tuer notre culture et, ultimement, de nous faire disparaître. Les plaies sont encore bien présentes », a déclaré le Grand Chef Awashish, accompagné du Chef de Manawan, Jean-Roch Ottawa, et d’un aîné et ancien Chef de Manawan, Jean-Pierre Moar.
M. Awashish a également formulé ses recommandations par rapport aux objectifs de l’ONU, en ce qui regarde l’agenda de développement post-2015.
« Il ne fait aucun doute pour nous que l’autonomie gouvernementale, notamment en matière de prestation des services de santé, est un facteur pouvant contribuer à améliorer la situation. Nous recommandons donc que les modèles de soins de santé prennent en compte les concepts autochtones de santé. Cela inclut la mise en place de mécanismes clairs de coopération entre le personnel de santé compétent, les communautés, les guérisseurs traditionnels, les décideurs et les gouvernements afin de s’assurer que les ressources humaines répondent au profil épidémiologique et au contexte socioculturel des communautés autochtones », a-t-il recommandé.
Événement parallèle
En plus de son intervention dans le cadre de la session de l’Instance permanente, le Grand Chef Awashish, le Chef Ottawa et l’aîné Moar ont tenu un événement parallèle sur le thème « Développement durable des ressources naturelles dans un contexte de souveraineté territoriale autochtone ».
« Je vous informe aujourd’hui que nous tournons une page de notre histoire. Nous sommes l’un des peuples fondateurs du Québec et du Canada. Le développement de ce pays doit aussi relever de nous et nous devons être impliqués dans les décisions importantes pour son avenir. Nous sommes déterminés à défendre vigoureusement nos droits auprès des gouvernements et des sociétés privées qui voudront continuer à développer notre Nitaskinan sans négocier dignement et de bonne foi des ententes avec notre peuple. Le temps du colonialisme doit prendre fin », a déclaré le Grand Chef Awashish.
La présence des chefs Atikamekw à l’ONU s’inscrit dans une démarche soutenue de la Nation pour faire reconnaître ses droits ancestraux et fait suite à la Déclaration de souveraineté formulée à Québec le 8 septembre dernier. S’appuyant sur le droit international qui reconnaît que les peuples autochtones possèdent des droits, notamment celui du consentement libre, préalable et éclairé, la Nation Atikamekw n’acceptera dorénavant aucune exploitation des ressources sur son territoire ancestral sans son consentement.
« Soyons clairs, notre déclaration d’affirmation n’est pas une déclaration d’indépendance, encore moins une déclaration de guerre. Nous ne sommes pas contre le développement, mais celui-ci doit se faire d’une manière qui respecte nos droits et nos titres sur le territoire et les ressources. Plus précisément, nous exigeons dorénavant que notre consentement ait été obtenu préalablement à tout développement, usage et exploitation des ressources qui se trouvent sur notre territoire ancestral », a précisé le Chef Jean-Roch Ottawa.
Cette mission onusienne a également permis aux représentants de la Nation Atikamekw de créer de nombreux contacts et réseaux internationaux avec plusieurs autres représentants de peuples autochtones venus des quatre coins de la planète.
L’instance permanente sur les questions autochtones des Nations Unies a été créée par le Conseil économique et social (ECOSOC) en juillet 2000 dans l’objectif de fournir des conseils sur les questions autochtones au système des Nations Unies et de sensibiliser l’opinion publique à ces enjeux. Elle comprend seize experts indépendants qui y siègent à titre personnel. La quatorzième session se tient à New York du 20 avril au 1er mai.