La naissance d’une passion pour la périnatalité

LA TUQUE. Passionnée par les sujets de la périnatalité et du développement affectif chez l’être humain, Clara Borrego Olalla a suivi une formation de doula afin que les femmes de la région de La Tuque et leurs bébés à naitre puissent bénéficier d’un accompagnement complémentaire à celui du milieu médical. Il s’agit d’un nouveau champ d’expertise pour l’Espagnole d’origine qui a tout d’abord mis les pieds en Haute-Mauricie afin de travailler dans son domaine premier… l’ingénierie forestière!

Même si cela semble deux domaines éloignés, Clara y voit toutefois un fil conducteur. Lorsqu’elle était en Espagne, elle travaillait dans les écoles afin de vulgariser la science forestière à des enfants d’âge scolaire. « Les enfants m’ont toujours intéressée, car ils sont la clé du futur. Un jour, je me suis demandé à quel moment commençait à se créer la tête de l’enfant et à quel moment il devenait une personne de façon entière, raconte-t-elle. L’enfant n’était pas considéré en tant que personne il n’y a pas si longtemps, et on considérait que l’enfant n’avait pas de souffrance ou d’émotion. On a tous connu les images des enfants naissants à qui on tape les fesses pour qu’ils pleurent! Mais ça n’a pas rapport! », défend la doula.

Lorsqu’elle a pu affirmer avec certitude que les enfants commencent à apprendre dans le ventre de leur mère, mais qu’elle a réalisé que personne ne s’occupait de ces enfants à naitre sur le plan émotionnel, elle s’est lancée dans une quête, celle d’améliorer la société en misant sur la santé des humains. « Cela passe inévitablement par la santé émotionnelle », assure Clara Borrego.

Pour accompagner ces enfants à naitre, il faut bien entendu accompagner la mère aussi! C’est pour cette raison qu’elle a fondé son entreprise Doulalla en 2022.

Clara Borrego Olalla, doula

En 2019, quelques jours à peine avant d’avoir appris qu’elle portait son premier enfant, Clara Borrego Olalla s’est inscrite à une formation de doula à Shawinigan offerte chez Cigogne et Baluchon, en collaboration avec le Centre Pleine Lune de Val-David. « J’ai connu la partie maternité dans la peau des parents, et c’est devenu clair et net que les femmes ont besoin d’être soutenues », insiste Clara.

Qu’est-ce qu’une doula? La doula possède une formation de base en périnatalité et pourra, par la suite, se spécialiser dans un ou plusieurs domaines de la périnatalité afin d’accompagner la mère vers un accouchement physiologique, notamment. « Moi, je suis spécialisée dans le sommeil des bébés et son fonctionnement, car c’est directement en lien avec son développement neurologique, alors moi ça vient toucher ma fibre! », explique celle qui est passionnée par la neuroscience affective.

Clara est également spécialisée en allaitement et en portage, et suit actuellement une formation en massothérapie dont pourront bénéficier non seulement les futures mamans, mais également celles qui tentent de concevoir ou en post-partum.

Son service modulable est divisé en trois volets. Le premier vise à informer les femmes, notamment sur le déroulement d’un accouchement physiologique, en découvrir les phases, comprendre d’où vient la douleur, comment on peut vivre avec elle et la comprendre. « Cette douleur n’est pas mauvaise, car elle nous apprend des choses et nous dit quoi faire pendant l’accouchement », assure la doula.

Le second volet est l’accompagnement durant l’accouchement, en collaborant étroite avec le conjoint et l’équipe médicale. Elle offre aussi l’accompagnement dans les cas d’avortement. « Autrefois, dans toutes les civilisations, les femmes étaient accompagnées par des femmes lors de la naissance – la mère, la grand-mère, la tante, la belle-mère. Avec l’avancement de la technologie médicale, les femmes ont commencé à accoucher dans les hôpitaux, et ces femmes de la famille ont dû rester à la porte de l’hôpital. C’est là qu’est apparu le rôle de la doula, une figure professionnelle qui représente la connaissance de ces femmes », explique la Latuquoise.

Sa présence lors des accouchements a pour but de faire vivre à la mère le meilleur des accouchements par l’optimisation de son confort et par la vulgariser de la terminologie médicale qui n’est pas toujours compréhensible pour les familles. « Avec une doula, ça ne veut pas dire que tu n’iras pas en césarienne, mais les études démontrent que le nombre d’interventions autour de l’accouchement diminue de plus de la moitié lorsqu’une doula est présente. L’Organisation mondiale de la santé recommande également que la femme soit accompagnée par quelqu’un qui n’appartient pas à l’équipe médicale. Ça permet de vivre l’accouchement de manière consciente et de prendre des décisions éclairées », révèle Clara.

« Il s’agit de retourner le pouvoir à la femme qui accouche et à sa famille pour que l’enfant naisse en bonne santé physique et émotionnelle, et pour que ce moment finisse en moment heureux! », ajoute-t-elle.

Finalement, le dernier volet de l’entreprise est l’accompagnement postnatal grâce à ses connaissances sur le sommeil des bébés, d’allaitement et de portage.

La doula offre également des cours prénataux à la Ressource Parent-Ailes de la maison de la famille de La Tuque, ainsi que divers ateliers. « C’est un partenaire super important pour moi et pour les familles! », confie-t-elle.

« C’est le plus beau métier au monde, même si les accouchements ne sont pas toujours faciles. Après une naissance, je reviens à la maison avec un sentiment merveilleux et l’impression que j’étais là où je devais être, car je sais que j’ai fait une différence pour la famille », dit la doula.

De l’Espagne à La Tuque

Clara Borrego Olalla s’est établie à La Tuque en 2014. Ce qui l’a amenée au Québec? Une bourse du gouvernement espagnol pour qu’elle vienne travailler à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). « L’UQAM avait une entente avec la Ville de La Tuque pour un projet de recherche en foresterie. L’université m’avait donc proposé de venir à La Tuque pendant les trois mois d’été pour collaborer au projet de recherche. C’est de cette façon que j’ai connu la ville de La Tuque! », raconte Clara.

Peu de temps après, son conjoint est venu la rejoindre de l’Espagne afin de découvrir les environs. En 2014, ils sont retournés en Espagne pour « y fermer leur vie », avant de venir s’installer à La Tuque pour de bon en janvier 2015!

Aujourd’hui enceinte de son deuxième enfant, elle est retournée travailler en ingénierie forestière afin d’avoir droit au RQAP, son entreprise Doulalla étant trop jeune. C’est pour cette raison que c’est dans la catégorie Flexipreneur du Défi OSEntreprendre que son entreprise s’est démarquée (finaliste régionale pour le prix coup de cœur Flexipreneur). Cette catégorie inclut toute personne qui mène ou qui vise à mener des activités entrepreneuriales en parallèle d’une autre occupation (emploi, soins à la famille, etc.) qui lui rapporte un revenu d’appoint sous forme de travail autonome ou autre forme d’entreprise.