La députée au franc-parler
VICTOIRE. Réputée pour ne pas avoir la langue dans sa poche, Marie-Louise Tardif promet de conserver la même franchise à titre de nouvelle députée de Laviolette – Saint-Maurice. À l’époque de la Commission Charbonneau, elle s’était fait remarquer en installant des affiches sur sa propriété pour dénoncer la collusion et la corruption. Voilà un geste singulier pour quelqu’un qui occupait un poste de gestionnaire dans une entité paramunicipale. «Je me propose de porter la voix des gens, à la limite de défoncer quelques portes. Ce que je me donne comme mandat, c’est de défendre les citoyens», lance-t-elle en entrevue à L’Écho de La Tuque. Même dans un cas qui impliquerait de contester une décision de son propre gouvernement? «Oui, ce sont eux qui m’ont élu», maintient Marie-Louise Tardif. Rencontrée moins de 24 heures après sa victoire, la directrice sortante du Parc de l’Île Melville à Shawinigan flottait encore sur un nuage, mais était déjà en mode opérationnel. Son bureau de comté à La Tuque sera le même qu’occupait Julie Boulet sur la rue Commerciale tandis qu’à Shawinigan, son choix n’est pas encore fait même si elle a une préférence pour celui de Pierre Giguère sur l’avenue de la Station. «J’attends de voir les budgets dont je disposerai. Comme c’est un nouveau comté, les allocations pour les espaces à bureau et la masse salariale du personnel ne sont pas encore déterminées. Je souhaite qu’on tienne compte que c’est une grande circonscription.» Le comté de Laviolette – Saint-Maurice est en effet le 3e plus grand en superficie au Québec. La politicienne-entrepreneure Politicienne: voilà un étrange mot dont elle ne s’habitue pas encore. «Si je suis embarquée dans cette aventure, c’est pour améliorer les choses. Quand la CAQ (Coalition Avenir Québec) est venue me chercher, je leur ai dit que je n’étais pas une politicienne, mais une entrepreneure qui fait de la gestion de ressources humaines et de la gestion financière. Ils m’ont dit: « C’est justement ça qu’on cherche. Quelqu’un qui est fort en économie et près des réalités du terrain. »», se souvient-elle. La nouvelle députée entrevoit très positivement sa relation avec le maire de La Tuque. «Pierre-David Tremblay voulait quelqu’un de fort en foresterie et en tourisme. Il m’avait ciblé dans les médias comme étant sa candidate, se réjouit celle qui a déjà porté le titre d’ingénieure forestier. Il voudrait que je sois ministre, mais déjà d’être dans le parti au pouvoir, ça va donner une chance.» Depuis le mois d’avril, il n’y a pas une semaine sans que Marie-Louise Tardif n’ait été en Haute-Mauricie. «Parfois, c’était deux fois par semaine», poursuit celle dont les connaissances de l’industrie forestière ont constitué un atout dans la dernière campagne. «Mettons que je partais avec un grand pas d’avance sur les autres. Quand on parle d’allocation, de redevances forestières, de CAF, c’est un langage que je connais. C’est facile pour moi de comprendre leur réalité, leurs problèmes, qu’est-ce qu’il faut améliorer.» Précédée d’une réputation de bourreau de travail, elle n’appréhende donc pas les horaires éreintants des députés qui nécessitent leur présence au moins trois jours à Québec. «Cela va se placer, dit-elle sur un ton rassurant. Ma plus vieille étudie en ingénierie à l’Université de Sherbrooke. Mon plus jeune est au secondaire, mais mon conjoint termine au mois de décembre un contrat dans l’État de New York.» Néophyte en politique, Marie-Louise Tardif dit vouloir s’inspirer de son collègue caquiste Donald Martel (Nicolet-Bécancour) et de la députée libérale Julie Boulet pour entreprendre son mandat. «Ce sont des députés qui étaient présents, avaient le respect de leurs électeurs, préparaient bien leurs dossiers avec un esprit combatif pour débattre et faire passer leurs idées. Ce sont de beaux modèles», termine-t-elle.