La cordonnerie plaide l’achat « dans des entreprises légitimes»

ÉCONOMIE. Dans une économie de plus en plus difficile, des commerçants s’estiment aujourd’hui menacés.

Une entreprise de La Tuque, la Bottine Souriante craint que les cordonneries ne soient une espèce en danger : aussi, ses propriétaires ont lancé un cri d’alarme, cette semaine.

Céline Guay est cordonnière depuis 35 ans. Dans ses débuts, elle a travaillé pour la cordonnerie Ducharme et elle opère depuis une dizaine d’années, son propre commerce avec son époux, Jacques Dupras.

Mais voilà que l’entreprise déplore de voir «des organisations publiques, entreprises ou individus faire exécuter des travaux que la cordonnerie pourrait faire, par des gens qui travaillent dans leur sous-sol et qui, de ce fait, ne participent pas à la vie commerciale de la communauté». Cette pratique peut mettre en péril des commerces tels que le sien.

«L’entreprise de « fond de cave » déclare-t-elle ses revenus ? Peut-on parler de travail au noir ? Ce type d’entreprise prend-il les responsabilités financières d’une entreprise légitime ? Savez-vous que ces comportements déviants fragilisent le commerce légitime, l’entreprise responsable ? Pour économiser quelques sous ? Leur donner du travail et encourager leurs pratiques démotive l’honnête entreprise », dénonce Céine Guay.

Pourtant, Mme Guay estime que son entreprise effectue de l’excellent boulot. « Sans être prétentieuse, je peux dire qu’on travaille bien. Et mon mari est un maniaque, un perfectionniste», précise-t-elle.

« Si nos institutions souhaitent poursuivre dans cette voie, il faudrait dès aujourd’hui mettre sur pied un système d’appel d’offres publiques. Tous les« commerces» visés auraient alors la possibilité de soumissionner et de protester en cas de pratiques abusives», propose-t-elle.

Une profession qui a changé

Auparavant, on faisait appel aux cordonniers pour donner une seconde vie aux paires de souliers ou aux bottes qu’on souhaitait conserver longtemps. Tout est jetable aujourd’hui et les souliers troués se ramassent souvent à la poubelle. La profession a donc évolué, voire changé.

Voilà pourquoi on voit encore les cordonniers aujourd’hui réparer des chaussures et des manteaux, mais ils fabriquent aussi des ceintures, des sacoches pour motos, sacs à main et à dos, rafistolent des étuis, des toiles pour bateaux ou pontons.

Si le métier a évolué, il reste beaucoup de gens qui continuent à faire réparer leurs bottes de travail, selon Céline Guay. «La qualité des chaussures n’est plus la même. Même si tu paies 300 $, ce n’est plus pareil. Il y a toujours du synthétique quelque part dedans. Si le cuir est impeccable, c’est peut-être la semelle».