La camerise, le fruit qui symbolise un retour à la terre

INNOVATION. Depuis trois générations, la terre des St-Louis à l’entrée de Lac-à-Beauce, est vouée à l’agriculture et l’exploitation forestière. Pendant longtemps, l’endroit a incarné une véritable référence pour les fermes laitières en Haute-Mauricie.

En 2013, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation s’intéresse à la camerise qu’on souhaite implanter dans les cultures québécoises, pour y intégrer les produits forestiers non ligneux. Ça tombe bien : Ville de La Tuque offre une subvention à trois producteurs locaux dans le cadre du Pacte rural pour implanter un projet pilote. Sans le savoir, Laurent St-Louis et Francine Beaupré, font naître «les Beaux Prés de St-Louis», une entreprise qui viendra doucement s’ajouter à l’exploitation forestière qui y a toujours été pratiquée.

«J’ai eu mon Eurêka !»

 

Qu’est-ce que la camerise ?

S’il n’y a pas nécessairement beaucoup d’agriculture en Haute-Mauricie, ceux qui la pratiquent sont très innovateurs. Ainsi, trois producteurs locaux, Michel Kroft, Gilles Ricard et Laurent St-Louis établiront des plantations qui totaliseront 13 000 plants de ce superfruit qu’on appelle aussi «chèvrefeuille bleu». À lui seul, M. St-Louis exhibe une camerisière de 3600 plants à ce jour.

Le grand projet familial, tranquillement, va devenir réalité. Et pour longtemps, puisque les plants ont une longévité pouvant aller jusqu’à 40 ans.

Au rythme de la nature

Si dans la société actuelle, tout se mécanise, sur la terre de Lac-à-Beauce, on accomplit le travail manuellement. A commencer par l’épandage de l’engrais. Pour ce faire, on utilise la gravité avec un grand baril de fer où on a recueilli l’eau de pluie. Une opération qu’on répète aux trois semaines et qui, contrairement ce qu’on pourrait penser, ne se fait pas à la dure, mais plutôt à la «smooth», selon l’expression utilisée par Alex Beaupré St-Louis, fils de Laurent St-Louis et Francine Beaupré qui a choisi de s’impliquer dans le projet. S’il sait qu’il doit travailler durement, Alex ne vit pas pour autant la pression imposée par le travail dans les entreprises puisqu’il le fait pour son propre compte. « Ici, on vit vraiment au rythme de la nature», philosophe-t-il.

La floraison faite, dans quelques semaines, soit vers la Fête Nationale, ce sera la récolte. La camerise est le petit fruit qui arrive le plus tôt dans la saison estivale.

Si la récolte de l’année dernière a été pillée par les oiseaux, les Beaupré et St-Louis ne se feront pas damer le pion cette année. D’immenses filets recouvriront leur champ afin de leur garantir l’exclusivité de récoltes.

D’ailleurs, ce sera la première récolte commerciale des «Beaux Prés de St-Louis». L’acheteur est connu : la variété d’essence Borealis sera acheminée à St-Bruno, au Lac-St-Jean, qui alimente déjà le marché asiatique avec ses bleuets. On ne pourra pas, pour tout de suite, effectuer de la vente locale parce que le débit ne le permet pas encore. « Ce qu’on n’oublie pas, c’est de faire de la transformation. Nous avons eu des subventions provenant de La Tuque, ce serait une bonne idée qu’on transforme nos produits à La Tuque quand viendra le temps de le faire. Et on y créerait de l’emploi, sinon de la renommée», promet Mme Beaupré.