Julie Boulet en toute confidence
RENCONTRE. Après 17 ans à titre de députée du comté de Laviolette, Julie Boulet se retire avec une carrière politique bien remplie. Les gens de Laviolette ne s’ennuieront pas de la députée et ministre qu’était Mme Boulet, mais bien de Julie, la personne humaine qu’était la politicienne. Celle qui vivait sa vie politique et professionnelle à 200 km/h avoue qu’il est difficile de s’arrêter. Julie Boulet prend un temps pour se donner une pause. «Je prends le temps de lire des romans et de cuisiner par plaisir et non par obligation. J’adore lire et je n’avais plus le temps de le faire.» Est-ce que Julie avait eu un signe ou un intérêt pour la politique alors qu’elle était enfant ou adolescente? «Jamais! Jamais je n’aurais pensé faire 17 ans comme députée. Mon frère Jean était plus attiré par la politique que moi. Mon père en parlait un peu, mais il était surtout impliqué dans les chambres de commerce, le club optimiste, mais il n’était pas impliqué dans la politique directement. Au niveau professionnel, je me suis impliquée d’abord à la pharmacie, je me suis impliquée dans la communauté en me créant un réseau. C’est l’équipe de Jean Chrétien qui est venue me chercher en 2000 pour l’élection fédérale parce qu’elle cherchait des femmes impliquées. Je ne connaissais rien de la politique à ce moment. Ça reste toujours flatteur quand on vient te chercher. J’ai vu ça comme un défi alors que j’approchais la quarantaine et que j’avais une remise en question. C’est arrivé au bon moment.» Julie Boulet a quand même pris un temps de réflexion avant de se lancer puisque ses enfants avaient 9 et 11 ans à l’époque. «On avait une femme de ménage à la maison et le père était présent. Alors la décision s’est prise de façon consensuelle.» Alors que le Bloc québécois était très populaire dans les années 2000, Marcel Gagnon a remporté cette élection par seulement 15 voix contre la verte recrue le 27 novembre 2000. Puis, le tournant à la politique provinciale s’est fait à l’automne 2001 lors de l’élection partielle du comté de Laviolette. «Jean Charest était venu me chercher en raison de ma performance à l’élection fédérale. Je me suis lancée aussi parce que Jean-Pierre Jolivet ne se représentait pas. Je n’y serais pas allée si M. Jolivet avait été candidat. C’était un monument et un vieux loup pour avoir été député pendant 25 ans auparavant. Jean-Pierre transcendait son parti.» Aujourd’hui, est-ce qu’on peut faire le même parallèle avec la jeune retraitée de la politique provinciale? «Oui, je dirais que les gens m’ont adoptée au même titre qu’ils avaient adopté Jean-Pierre, sans être prétentieuse non plus. Il y a une dizaine de comtés comme Laviolette où les gens adoptent un candidat, surtout en région. Ils s’attachent plus à une personne qu’à un parti. Mais il faut être présent sur le terrain, parce que s’ils ne te voient pas, ils ne peuvent pas s’attacher. C’est ce qui m’a rendue la plus heureuse dans mon travail de députée et ministre, c’est d’avoir cette reconnaissance des gens.» La particularité du comté de Laviolette Le défunt comté de Laviolette (maintenant fusionné avec Saint-Maurice) avait ses particularités. Il était l’un des plus vastes au Québec, et des enjeux bien différents pour La Tuque, Mékinac et une partie de Shawinigan. «C’était trois réalités différentes et c’était plus exigeant physiquement. Quand je réglais un dossier pour La Tuque, il n’y avait pas de plus-value pour Mékinac ou Shawinigan. Par exemple, lorsqu’un dossier est réglé à Trois-Rivières, c’est fait pour tout le comté. Il fallait traiter chaque sous-région de façon particulière. La mentalité des gens de ces territoires est aussi différente. Les Latuquois aiment ou n’aiment pas. Mais quand ils t’aiment, ils sont entiers, ils sont vrais et authentiques. Mékinac, c’était mon patelin alors c’était tous des gens que je connaissais et à Shawinigan, la dynamique était particulière parce que la ville était divisée en deux comtés. C’était plus compliqué avec la géographie et la division des comtés.» Un mentor? Très honnêtement, Julie Boulet avoue qu’elle n’a pas eu de mentor lors de sa carrière politique, mais elle avait plutôt un modèle à suivre. «J’ai vu aller Jean-Pierre Jolivet et j’ai voulu travailler sur le même profil de carrière. Ce n’était pas un mentor en raison de la différence des partis politiques, mais c’est un modèle de député que j’ai voulu reproduire.» L’avenir Julie Boulet ne ferme pas la porte à un retour en politique un jour, peu importe le palier gouvernemental. «J’aimerais rester impliquée publiquement. Je ne suis pas une femme pour rester à la maison sans rien faire. Je vais voir ce qui m’est proposé. Je ne ferme pas la porte à rien.» Merci et au revoir Julie a tenu à remercier la population pour l’appui au cours des années. «Quand je vois l’amitié des gens sur la rue, ce n’est que du bonheur et ça n’a pas de prix. Les gens m’ont permis de vivre une expérience inoubliable. Ç’a été un grand privilège de pouvoir servir les gens.» Ses réalisations les plus importantes Haut-St-Maurice L’amélioration de la route 155 et la construction de la voie de contournement Mékinac Le parc industriel Shawinigan Le centre ambulatoire et l’urgence de l’hôpital du Centre-de-la-Mauricie Ce qu’elle a dit sur… Le secret de la longévité d’un député «C’est d’être présent et disponible. Il faut rester terre-à-terre. On ne devient pas roi ou reine parce qu’on est député. On est au service de la population.» La Commission Charbonneau «Ç’a laissé des traces et des cicatrices profondes. Je trouve épouvantable la façon dont ça s’est fait. Je n’avais rien fait de mal. La seule chose qu’on a pu me reprocher c’est d’aider ma région et mon comté parce que j’ai devancé des projets qui étaient déjà là sur la table. Il y avait de l’argent disponible et on a devancé les projets, mais jamais sans déroger aux règles et aux lois. On avait besoin d’un show! Je me sens comme la personne qui a servi de cible politique. Mais je dors très bien puisque je n’ai jamais pris une cenne.»