Jenifer Olsen : une mission bien remplie dans le milieu communautaire

COMMUNAUTÉ. On doit lui dire souvent : Jenifer Olsen incarne un visage important du milieu communautaire à La Tuque. Elle quittera ses fonctions le 31 mars, comme directrice de la -Corporation de développement communautaire du Haut-St-Maurice (CDC), pour goûter à la retraite, après 16 ans en poste.

Elle est native de La Tuque, mais déménage avec ses parents à Trois-Rivières à 12 ans. Après des études en histoire, Jenifer Olsen travaille entre autres une douzaine d’années à Ottawa, comme chef de la formation linguistique à Statistiques Canada. La vie l’amène ensuite à diriger, avec son conjoint, Ronald Tessier un hebdomadaire « Mon Journal » à Kazabazua, dans le sud de la MRC de la Vallée-de-la-Gatineau.

« Ç’a été extraordinaire », qualifie-t-elle, à propos de son expérience dans un des rares journaux encore indépendants.

Une fois l’aventure du journal terminée, le couple choisit d’emménager à La Tuque, où la mère de Jenifer Olsen vivait : « J’avais toujours rêvé de revenir, à ma retraite. J’ai devancé d’une couple de décennies». Son conjoint n’a pas été difficile à convaincre, lui qui a toujours préféré les petites municipalités aux grandes villes.

Depuis 2006 ans, elle dirige les destinées de la CDC.

Le fait que la CDC touche plusieurs types de groupes communautaires permet de voir tout ce qui se fait à La Tuque. «C’est probablement ce qui m’impressionne le plus », glisse Jenifer Olsen. Les groupes communautaires constituent un filet de sécurité très important pour la ville. Elle ne serait pas ce qu’elle est si tout ce monde n’oeuvrait pas pour la qualité de vie de l’ensemble de la population. Ce n’est pas que pour les personnes démunies, les groupes communautaires touchent à tout le monde.

Club Latuquois

Une de ses grandes fiertés a été de redonner le Club Latuquois aux gens de La Tuque. Elle en occupe d’ailleurs la présidence actuellement. «La CDC a été importante dans la sauvegarde du Club» , identifie-t-elle, le tout ayant d’abord comme point d’ancrage le bingo en salle qui y est présenté chaque mardi.

L’achalandage du bingo a permis d’amoindrir les déficits du Club Latuquois, ce qui lui a redonné vie. On a aussi rénové l’établissement.

Mais d’abord, on a transformé les règlements généraux : «Eldège Langlais était président du CA à ce moment-là. Il a été d’une ouverture absolument phénoménale (…) Leur legs est de redonner le Club, mais aussi les terrains» , fait-elle remarquer.

Le bingo

Tout est dans tout. C’est le bingo qui a allumé le projet du Club latuquois, le bingo qui est une source importante de revenus pour la CDC, qui redonne 75 % de ses profits à cinq organismes locaux.

«Depuis qu’on existe, on a donné pas moins de 100 000 $ aux groupes , évalue Mme Olsen. Quand on a repris le bingo, ça faisait 3 ans qu’il n’y en avait plus. Quand on s’est installé au Club, on s’est vraiment approprié les lieux. L’équipement électronique est bon. La pandémie a fait qu’on s’est retrouvé sur 2 étages et on ne reviendra pas à un étage ».

C’est une activité sociale incontournable pour la clientèle, composée majoritairement de femmes.

Une mission

Si elle est étroitement associée à l’amélioration des conditions des organismes d’aide et de défense des moins bien nantis, on ne peut pas parler d’une vocation tardive pour Jenifer Olsen. Son implication dans les milieux syndicaux, plus tôt dans sa carrière, va inévitablement dans le même sens. «Quand j’ai commencé à travailler au fédéral, je me suis intéressée au monde syndical. J’ai étudié en histoire et je me suis spécialisée en histoire syndicale. Le mouvement ouvrier m’a toujours fascinée. Entre le mouvement ouvrier et l’organisation communautaire, je trouve qu’il y a bien des rapprochements », note Jenifer Olsen.

Une de ses luttes sera le financement des organismes communautaires. Les conditions de travail difficiles font que des employés finissent par quitter pour aller vers de plus grandes institutions, offrant un meilleur salaire. «Dans les premières années, on vivait avec des fonds de tiroir de la députée Julie Boulet. Après, on a commencé à avoir un peu de financement à la mission, mais ce n’est pas suffisant», confie celle qui souhaiterait à la CDC de se doter une ressource au développement et aux communications.

«La majorité des groupes communautaires autonomes, on est financé à 80 %, supposément, de nos besoins, mais on n’a pas été indexés depuis de nombreuses années. Il y a 20 % qu’on doit aller chercher dans le milieu».

Luttes nécessaires

En 16 ans, beaucoup de luttes ont été menées. La plupart du temps, dans l’ombre. Jenifer Olsen n’aime pas nécessairement être en avant-plan, même si elle n’a aucune crainte à prendre la parole en public quand la situation l’exige.

Pendant des années, elle est allée à Parent pour la CDC, où il fallait assurer les assises de l’école du village : «Avec les gens qui étaient là, on a réussi à sauver le poste de conseiller municipal, parce que la ville, à une époque, voulait l’abandonner (…) La CDC peut s’impliquer jusqu’à un certain point au niveau de la politique, puisque les changements sociaux passent par la politique».

Avec l’aide de la CDC, une pétition a aussi été déposée à la Chambre des communes à Ottawa avec l’aide de l’ancienne députée Lise Saint-Denis, parce que VIA Rail avait coupé les services et augmenté les tarifs pour les autochtones qui utilisaient le train.

On a aussi créé le Tam-Tam Communautaire, un portail d’information voué exclusivement aux infos communautaires. «Il a été reconnu comme un projet d’innovation social important, il faisait partie de la carte de visite nationale des CDC de notre regroupement », évoque-t-elle fièrement.

Sa retraite, elle la veut quand même active. Elle fait partie de quelques conseils d’administration et on la sent investie. Sinon, quelques travaux dans sa maison de La Croche avec son conjoint, lire, un peu d’artisanat. «Je ne me suis jamais ennuyée de toute ma vie», conclut-elle.