«Je suis sorti de l’enfer»

DRAME. Le Latuquois Jean Fortin Jr travaille comme tuyauteur pour une compagnie pétrolière en Alberta depuis 3 ans et mardi, il était confiné dans les installations de Suncor, une compagnie pétrolière située à une quinzaine de kilomètres de Fort McMurray, où de graves feux de forêt sévissent. Heureusement, mercredi il a été en mesure de se rendre à son domicile à Edmonton. Il a raconté son expérience à TC Media.

«Je suis sorti de l’enfer, lance d’entrée de jeu le Latuquois. Je travaille pour la compagnie Jacobs, un sous-traitant de Suncor. On est logé dans un camp qui est en plein bois. Mardi, la compagnie a arrêté les employés de travailler à 15h30, et moi j’étais de nuit et mon shift a été cancellé. Vers minuit, on a été mis dehors du campement pour loger des familles avec l’évacuation de plus de 70 000 personnes de Fort McMurray. Je commençais à penser à un plan B pour me rendre à Edmonton en passant par la Colombie-Britannique avec un voyage de 25 heures de route comme la route 63 était bloquée. Le feu a finalement sauté l’autre bord de la route, et les autorités disaient qu’on pouvait prendre la route à nos risques.»

Jean Fortin Jr raconte qu’il n’y avait plus d’essence nulle part, et qu’il y avait des milliers de voitures le long de la route 63 qui ont été laissées là en raison du manque de carburant. «Les chars bloquaient la route. Mais moi, j’ai un camion 4×4 alors je pouvais passer sur la chaussée et dans la boue. Habituellement, ça me prend 4 heures pour me rendre à mon travail à partir d’Edmonton, et mercredi, ça m’a pris plus de 9 heures pour revenir chez moi. Le feu est tellement gros et haut, qu’on voit des boules de feu. Mon char avait chaud, ce n’était pas le temps d’arrêter. Les arbres étaient rouges et en tisons. C’est quelque chose de voir des tisons de 30 pieds de haut.»

Le Latuquois a vu plusieurs maisons en feu, un poste d’essence qui a sauté. «Le feu s’en va vers la ville, c’est vraiment l’enfer. Les gens arrosent des monuments comme l’Hôtel de Ville dans l’espoir de pouvoir les sauver. Mais le problème c’est que le vent change de bord. Si le feu s’en va vers Suncor où il y a les plans pétroliers et si ça saute, c’est une vraie bombe nucléaire. Ils font des tranchées coupe-feu pour ne pas que ça se rende là.»