«Je ne travaille pas pour être populaire, je travaille pour être efficace»

La salle des délibération des élus du conseil municipal de La Tuque était pleine à craquer, ce mardi, autant que le permettaient les consignes de la santé publique, lors d’une assemblée de près de quatre heures.

La question de l’exclusion du conseiller municipal Luc Martel des séances exécutives a fait déplacer ses nombreuses personnes venues l’appuyer.

Le maire de La Tuque a précisé les raisons qui ont mené à l’exclusion du conseiller municipal des séances privées par trois conseillers René Mercure, Roger Mantha et Éric Chagnon en plus du maire. Selon Pierre-David Tremblay, des informations confidentielles auraient été fournies à des médias. Il reproche également un manque de loyauté au conseiller Martel.

«Où sont les preuves ? C’est vrai que je pose des questions, c’est vrai que je me dérange, a lancé M. Martel. Mais je pense que c’est mon devoir d’élu de poser des questions. Quand vous dites que je veux avoir les PV (procès-verbaux) mot à mot, ce n’est pas vrai. Il y a deux de mes anciennes collègues qui sont ici (Manon Côté et Caroline Bérubé) et qui pourront confirmer ce que je dis ce soir. Les seules choses que je voulais avoir au PV, sont quand il y avait des paroles qui se dépassaient et des gestes qui se posaient en exécutive. Ce sont les seules choses que je demande d’avoir de plus aux PV. C’est tout».

Le conseiller Jean Duchesneau s’est dit en désaccord avec l’exclusion de Luc Martel, lui qui n’a pas été invité à se prononcer sur le sujet. «Je n’ai pas participé à cette rencontre et je n’ai rien qui ne prouve quoi que ce soit. Je suis pour un travail d’équipe, qu’on soit tout le monde alentour d’une table […] J’irai même plus loin. Si M. Martel ne réintègre pas les séances exécutives, je vais les quitter moi aussi», a-t-il lancé, soulevant une salve d’applaudissements de la salle. Pierre-David Tremblay a même dû demander un retour au calme dans l’assemblée : «On n’est pas dans un cirque, on est dans une assemblée».

Le maire n’a pas voulu commenter son style de gestion qui a été décrié dans des médias ces derniers jours. On sait que l’ex-conseillère Caroline Bérubé et plus récemment l’ex-mairesse de La Bostonnais, Chantal St-Louis ont dénoncé publiquement ce style de gestion.

«Je ne suis pas parfait. Je suis un homme qui est intense, énergique, je parle fort, vous le savez tous. Je suis exigeant et rigoureux. Ça peut ressembler pour bien des gens à de l’intransigeance. Je suis là pour faire avancer les choses. Je ne travaille pas pour être populaire, je travaille pour être efficace», a-t-il laissé entendre.

Il a rappelé que les séances privées du conseil municipal ne lient pas les élus aux décisions qui sont prises en publics.

Devant un tel fond de discorde, comment le conseil pourra-t-il demeurer fort et crédible avant l’élection de novembre 2021, alors que de nombreux dossiers devront continuer de cheminer ? Le maire s’en remet à la majorité au conseil formée de quatre membres : «J’ai l’appui inconditionnel de ces gens-là. Ils sont libres dans leurs pensées et sont indépendants. On va continuer d’avoir des discussions autour de cette table. On va améliorer le temps des réunions, on sera probablement plus efficace. Et déjà, on voit une différence».

À la période des questions, des citoyens sont allés témoigner leur déception devant cette division du conseil.

«C’est la première fois que je vois un conseil de ville qui ne veut pas travailler ensemble et ça, ça me déplait au plus haut point, parce qu’on n’avance dans aucun dossier. Notre ville ne grandira jamais de la façon qu’elle est menée […] Dans tout le dossier, ce n’est pas facile de travailler en équipe, il y a des gens qui ont des idées différentes des nôtres. Quand on se rallie tous sur le même côté, des fois, le bateau coule. Les idées des autres ne sont peut-être pas mauvaises, non plus. Il faut savoir écouter les gens», a dit l’un deux, François Fortin.

Tout juste avant, il y avait une lettre du Directeur général des élections du Québec (DGEQ) donnant une réponse à une demande de clarification relative à l’éligibilité du maire Pierre-David Tremblay. D’ailleurs, le DGEQ a précisé qu’un recours à une déclaration d’inhabileté peut être intenté par la municipalité, un électeur ou le procureur général pour que le tribunal se saisisse de la question. «En matière d’éligibilité, la principale infraction consiste à se présenter aux élections en sachant ne pas être éligible. Pour intenter une poursuite, il faut donc prouver hors de tout doute raisonnable que la personne ne savait qu’elle n’était pas éligible au moment de se mettre sa candidature. Compte tenu des circonstances particulières de cette affaire, l’analyse de la preuve recueillie au cours de on l’enquête, nous ne sommes pas permis de conclure à la commission de réfraction par M. Tremblay, relativement à son éligibilité lors de l’élection générale municipale de 2017», affirme la lettre du DGEQ.

«La confirmation du Directeur général des élections est qu’effectivement, le maire est légitime jusqu’au 7 novembre 2021, qu’il est en mesure d’exercer son plein pouvoir jusqu’aux prochaines élections», a dit le directeur général. Marco Lethiecq, qui a indiqué que la ville n’allait pas intenter un tel recours.

La Ville a fait savoir que jusqu’à présent, le dossier aura coûté 15 700$ plus les taxes.