Inondations : Hydro aurait-elle pu les éviter ?
INONDATIONS. Au moment où ils regardent les cours d’eau se gonfler, de nombreux citoyens prétendent qu’Hydro-Québec aurait pu, par une gestion de ses barrages, éviter une partie de l’importante crue des eaux que nous connaissons actuellement. Or, les installations d’Hydro ne sont pas les seules responsables du débit d’eau, même si la société d’État a posé des gestes préventifs pour réduire les risques d’inondations.
Dans un premier temps, Lucie Roy, conseillère, relations avec le milieu Centre-du-Québec et Mauricie d’Hydro-Québec, a indiqué que les vannes du barrage Gouin sont fermées depuis le 5 avril pour limiter les impacts de la crue. Les autres réservoirs ont aussi été mis à contribution.
«Comme toutes nos centrales, à l’exception de Rapide-Blanc, sont des installations hydro-électriques au fil de l’eau sur la rivière Saint-Maurice, nous devons composer avec la nature, tant au niveau de la pluie, de la température que de la fonte du couvert de neige. Hydro-Québec suit activement la situation et nous faisons actuellement une gestion prudente de la rivière. Nous travaillons en étroite collaboration avec la sécurité civile», a rapporté Mme Roy.
Plusieurs éléments ont contribué à l’accumulation d’eau des derniers jours. Les précipitations, la hausse des températures et un important ouvert de neige, encore présent en Haute-Mauricie, ont généré et généreront encore pendant quelques jours, cette hausse du débit de la rivière Saint-Maurice. D’ailleurs le directeur de la sécurité civile Mauricie-Centre-du-Québec, Sébastien Doire, avait confié à TC Media dimanche que le nord de La Tuque avait reçu au cours des derniers mois, l’équivalent d’un hiver et demi de neige.
«Hydro-Québec régule une partie de l’eau qui y transite; la majorité de l’eau présente dans la rivière est générée par les apports très généreux de la centaine de rivières et de ruisseaux qui se déversent dans la rivière St-Maurice où Hydro-Québec ne dispose pas d’installations», nuance également Lucie Roy.
Selon celle-ci, Hydro-Québec collabore étroitement avec la sécurité civile en lui partageant l’information dont elle dispose. «Nous faisons une gestion prudente et sécuritaire de la rivière», assure Lucie Roy.
40 % des apports d’eau sont régularisés par Hydro
Sa collègue Élisabeth Gladu, conseillère, relations avec le milieu Centre-du-Québec et Mauricie chez Hydro-Québec, ajoutait que les barrages Gouin, Matawin, Mékinac et les complexes de la Manouane A, B et C, qui sont tous situés à l’intérieur du bassin versant, permettent de régulariser 40 % des apports d’eau naturels sur le bassin versant de la rivière Saint-Maurice
«Dans le 60 % restant, les apports d’eau viennent rehausser les niveaux d’eau de la rivière Saint-Maurice et de ses affluents. Nos 11 centrales sur la rivière Saint-Maurice, à l’exception de Rapide-Blanc, sont des installations hydroélectriques au fil de l’eau qui ne peuvent pas retenir des quantités significatives d’eau. Nous devons donc composer avec la nature, tant au niveau de la pluie, de la température que de la fonte du couvert de neige», explique également Mme Gladu.
Toute l’eau qui tombe ou la neige qui fond fera grimper les niveaux de la rivière Saint-Maurice et de ses affluents. La pluie des derniers jours, combinée avec la fonte de cette abondante neige, aura donc fait gonfler la rivière Saint-Maurice au point qu’elle déborde.
Hydro ajoute que le réservoir de Rapide-Blanc joue le rôle de «zone tampon entre le nord et le sud». Il est utilisé pour absorber les apports naturels prévus quand des risques d’inondation sont élevés et qu’on a des craintes pour le sud. Toutefois, sa capacité est limitée et son utilisation doit être ciblée.
Finalement, Hydro-Québec invitait la population à demeurer prudente à proximité de la rivière en cette période de crue.