«Ils veulent nous enlever ce qui nous appartient»

MUNICIPAL.  Une importante rencontre a été convoquée par des résidents du secteur La Croche de Ville de La Tuque jeudi de la semaine dernière, suite à l’appel de propositions publiées par Ville de La Tuque pour vendre le camping, la plage et l’ancien hôtel de ville de La Croche. «On s’était fait offrir une réunion du conseil de quartier, mais seulement au mois de mars. Ça va loin, là, quand on sait que l’appel de propositions se termine le 6 décembre», a fait remarquer Andrée-Ann Jean, porte-parole du groupe de citoyens, qui dit comprendre le geste de la Ville de se départir de son ancien bureau municipal. À la demande de la conseillère du secteur, Manon Côté, le maire de La Tuque, Pierre-David Tremblay s’est rendu à la rencontre, qui a réuni près d’une cinquantaine de personnes. «Il nous a fait comprendre qu’on était de trop (…) Il nous a dit : il y a 11 000 personnes qui paient pour vous. Mais les 11 000 personnes, on en fait partie», a-t-elle lancé, en entrevue à l’Écho de La Tuque. Cette dernière ajoute que les citoyens de La Croche n’ont plus grand-chose dans le village après avoir perdu leur hôtel de ville, leur dépanneur, leur garage, leur terrain de baseball et que leur patinoire ait été coupée de moitié. «Un parc, à 20 km de la ville, c’est normal qu’on en ait un». «Ils veulent se débarrasser du camping pour ne plus avoir à l’entretenir. On s’entend : ça ne coûte pas 100 000 $ à entretenir. Pour les trois dernières années, on est passé de trois toilettes chimiques à une. Il n’y a plus d’électricité et une personne va tondre le gazon une fois par deux semaines», rapporte également Andrée-Ann Jean. Selon elle, la Ville veut enlever aux résidents de La Croche ce qui leur appartient. Elle apporte aussi que la plage de la Croche est la seule plage publique de la région et que les gens de La Tuque s’y rendent aussi. «S’ils vendent tout ça, ça fera un nouveau payeur de taxes (…) S’il décide dans deux ans que ce n’est pas rentable, ça reste privé. Nous, on a des sentiers, c’est là qu’on va se promener car on n’a pas de piste cyclable. On ne peut pas aller sur le bord de la route, il y a de gros camions». Le groupe a lancé une pétition pour contrer cette possible vente de la plage et du camping. Elle sera déposée en assemblée publique de Ville de La Tuque le 18 décembre. Un appel de propositions et non un appel d’offres La conseillère municipale Manon Côté s’y est rendue à la demande des citoyens qui organisaient la rencontre. «Les résidants démontraient leur préoccupation sur la vente potentielle du camping et de la plage inclus avec l’édifice municipal», explique d’entrée de jeu la conseillère municipale. Elle nuance : l’avis publique publié par la municipalité n’est pas un appel d’offres, mais un appel de propositions. «La Ville a affiché la vente de l’édifice, ce qui n’était pas une surprise au niveau des citoyens. Mais le greffe a ajouté le camping et la plage. Puisque c’est un appel de propositions, ça laissait sous-entendre que la plage et le camping étaient en vente, mais c’est faux», a indiqué Manon Côté, soulignant que l’appel de propositions a laissé place à beaucoup d’interprétation, puisqu’il laissait croire que la plage et le camping étaient automatiquement vendus avec le bureau municipal. Mme Côté a assuré les citoyens, au cours de la réunion, qu’elle était derrière eux. : «J’ai entendu la population et il y aura le dépôt d’une pétition prochainement. Je me ferai un plaisir de représenter les citoyens et de m’assurer que leurs préoccupations soient respectées». Selon elle, il n’est pas écrit qu’il n’y aura plus d’accès à la plage. «Ce sont des interprétations qui ont été faites, car l’offre n’est pas claire». Effectivement, sur l’avis public de la municipalité, il est indiqué : «ledit immeuble inclut le terrain, le bâtiment situé au 47, rue Principale, le camping et la plage située au secteur La Croche». Au cours de l’assemblée publiques du mois de novembre, greffier municipal avait indiqué qu’on sondait le marché «pour savoir si des gens sont intéressés à acquérir le bureau municipal, la plage, le camping, mais ça peut être aussi en partie». « Si ça avait été écrit dans l’appel de propositions : édifice à vendre avec potentiel touristique en raison du camping et de la plage. Mais là, on a mis : terrain, bâtisse, plage, camping à vendre et c’est ça que les gens n’ont pas aimé et je les comprends», décroche la conseillère municipale. Selon elle, ça rend l’appel de propositions plus attrayant, plutôt que d’annoncer un simple bâtiment dans une zone inondable. Mme Côté ne cache pas qu’elle a été un peu prise par surprise dans cette affaire.   «On veut s’assurer que si on le vend (le camping), l’accès à la plage va être assuré aussi», dit-elle également. Un point qu’a confirmé le maire de La Tuque, Pierre-David Tremblay. Manon Côté dit avoir eu beaucoup d’appels de citoyens en rapport avec ce dossier, mais qu’elle a répondu à chacun d’eux. Le conseil de quartier sera consulté «On sait que c’est émotif, il y a des bâtisses, qui sont devenues nos bâtisses (avec les fusions municipales) qu’aujourd’hui on entretient, même s’il n’y a plus de monde dedans», soutient le maire, Pierre-David Tremblay. «On offre des services à La Croche comme au Lac-à-Beauce et dans les différents quartiers et il faut traiter tout le monde équitablement», laisse-t-il aussi entendre. Si la tentative pour la vente du camping n’est pas concluante, la ville va le conserver, mais «on ne le développera pas plus le camping, parce qu’on n’en pas les moyens». La ville mise plutôt sur le centre social, pour offrir une bonne qualité de services aux citoyens. «On va continuer d’offrir une caserne d’incendie, offre-t-il à titre d’exemple. On ne le fait pas à La Bostonnais ou au Beaumont, mais on le fait à la Croche». «Il y a des sentiers. Si quelqu’un arrive là et les améliore (…) On ne va pas là pour tout détruire, on va là pour améliorer». Il a assuré que le conseil de quartier de La Croche serait consulté par la ville. Un seul document a été reçu à la suite de l’appel de propositions qui se terminait jeudi. On en saura plus long après qu’il ait été étudié par le conseil municipal.