«Il faut être honnête intellectuellement dans nos réflexions»

Le Grand chef Constant Awashish sur la légalisation du cannabis LÉGALISATION. Les conseils de bande des trois communautés atikamekw, Wemotaci, Obedjiwan, et Manawan n’ont pas encore pris de décision concernant la légalisation du cannabis sur leur territoire. L’Écho a discuté avec le Grand chef du Conseil de la nation atikamekw (CNA), Constant Awashish, afin de connaître son point de vue sur la façon et comment les conseils doivent se pencher sur cet enjeu. Il faut savoir d’entrée de jeu que les différentes communautés autochtones détiennent leur propre service de police, et détermine les lois en matière d’alcool, des substances et de jeu. «Ce sont les communautés qui vont légiférer, mais comme Grand chef, je suis prêt à collaborer avec les conseils de bande. C’est certain qu’on est un peu inquiet au CNA parce qu’on ne connaît pas les réactions et les conséquences. Est-ce que les communautés auront besoin de plus de ressources, plus de psychologues et de travailleurs sociaux pour les conséquences de la légalisation de la marijuana? Est-ce qu’il y aura de l’argent supplémentaire mis à notre disposition pour embaucher plus de ressources?», se questionne le Grand chef Awashish. Sans vouloir dire s’il est pour ou contre la légalisation, Constant Awashish indique que la légalisation est en place, et que la société doit s’adapter. «C’est important de bien réfléchir à la question et de communiquer entre nous pour faire face à cette nouvelle réalité. Ça peut accentuer des problèmes sociaux. Et d’un autre côté, quand on interdit quelque chose ça peut être plus attrayant. Un peu comme quand on dit à un enfant de ne pas se mettre la main dans le feu. Il va le faire quand même pour apprendre de lui-même. Il y a des pour et des contre de chaque côté. Je ne crois pas qu’on peut évaluer aujourd’hui la portée et les conséquences de la légalisation du cannabis. Mais notre principale préoccupation est au niveau des ressources.» S’il avait à légiférer pour une communauté, le Grand chef aborderait la situation en pensant aux jeunes. «Il faut s’assurer que les infrastructures soient protégées. Ça serait d’interdire la consommation dans les lieux publics à cause de la fumée secondaire. Je me pencherais aussi sur une interdiction de consommer dans les maisons appartenant au conseil de bande. Il faudrait s’assurer de protéger les droits de ceux qui ne consomment pas de cannabis. On sait qu’il y a une surpopulation dans nos communautés, et que des familles nombreuses vivent sous un même toit. Alors il faut trouver un moyen de protéger les jeunes et ceux qui ne consomment pas. L’important c’est d’être honnête intellectuellement dans nos réflexions.»