Formation auprès du personnel médical et excuses du gouvernement au centre des discussions

Rencontre entre les chefs atikamekw et le premier ministre du Québec

Les chefs des communautés atikamekw ont rencontré le premier ministre du Québec, François Legault, en début d’après-midi, dans la foulée des événements racistes entourant le décès de Joyce Echaquan.

Une rencontre qu’on dit axée sur les solutions.  «On a convenu d’accélérer les rencontres pour mettre en place, le plus vite possible, des mesures pour lutter contre le racisme. D’abord à l’Hôpital de Joliette, mais aussi dans tous les réseaux du gouvernement», écrivait le premier ministre sur sa page Facebook, tout de suite après la rencontre.

D’ailleurs, les chefs atikamekw ont tenu un point de presse au cours duquel ils ont rapporté que le premier ministre s’est dit préoccupé par le climat dans l’hôpital de Joliette. On veut rebâtir la confiance des usagers atikamekw à l’endroit de l’établissement de santé.

Le chef de Manawan, Paul-Émile Ottawa, lors du point de presse.

On a demandé au premier ministre d’enseigner des éléments de la culture autochtone aux futurs médecins, infirmières et infirmiers, dans le but d’éradiquer le racisme. «On demande que le ministère de la Santé ou de l’Éducation impose des sessions de stage dans les communautés autochtones aux futurs médecins et infirmières», a aussi dit le chef Manawan, Paul-Émile Ottawa.

Il ajoute que la communauté demande des excuses de la part du gouvernement de même qu’une participation atikamekw dans l’enquête publique qui a été annoncée par la ministre Geneviève Guilbault.

«Il y a eu plusieurs situations qui ont représenté dans le passé des occasions de frustration pour plusieurs atikamekw, dans les relations avec des hôpitaux ou d’autres institutions du gouvernement», déplore le chef Ottawa.

Elle n’a pas perdu la vie dans une prison ni dans un métro où l’autobus. Elle a perdu la vie dans un hôpital, là où normalement, tu dois être sauvé de toutes les façons contre la maladie. C’est ça qui fait tout le drame de la situation et ça, on n’en veut plus.

Paul-Émile Ottawa

Il affiche un optimisme prudent à la sortie de cette rencontre avec le premier ministre, et croit que le gouvernement ne peut plus faire la sourde oreille aux demandes des Premières nations. Le Grand chef du Conseil de la nation atikamekw, Constant Awashish, se dit lui aussi optimiste, mais en attendra les résultats.

Un plan de match a été établi au cours de la prochaine année, où les Atikamekw rencontreront de manière fréquente la ministre aux Affaires autochtones et le ministre de la Santé.

«Le décès de Joyce Echaquan nous rappelle qu’il y a un fossé très large qui nous sépare. Et comme je l’ai rappelé au premier ministre, nous avons un devoir, en tant que leaders, de construire des ponts entre nos peuples et nos sociétés pour favoriser une cohabitation beaucoup plus harmonieuse, pacifique, respectueuse et plus riche», ajoute Paul-Émile Ottawa.

Le Grand chef, Constant Awashish, a réitéré qu’il existe un problème systémique dans les services publics : «Nous avons eu un débat à propos de cela et nous ne sommes pas d’accord sur la définition (du racisme) systémique. Je pense que nous parlons le même langage, mais différemment».

Peu de temps avant son décès, Joyce Ehaquan s’était filmée de son lit d’hôpital, au moment où une infirmière et une préposée aux bénéficiaires l’insultaient avec des de propos racistes et dégradants.