Florent Thiffault, inventeur
ESPOIR. En 2012, les médecins donnaient 5 mois à vivre à Florent Thiffault, un résident de La Tuque, quand ils lui ont appris qu’il était atteint d’un cancer du poumon contre lequel on ne peut rien. Portrait d’un homme au moral solide, toujours en mode solution.
En juin 2015, M. Thiffault a toujours le pied bien alerte, dans sa résidence, avec son épouse Réjeanne Simard et parle avec fierté de ses inventions et de sa vie de «bûcheux», qu’il a menée pendant 54 ans.
Originaire de Festubert (Lac aux Brochets), M. Thiffault incarne parfaitement ce qu’on appelle un «patenteux». Il a construit lui-même une multitude de meubles ou d’articles indispensables dans la vie de tous les jours. Cet habile gars de bois a confectionné un mobilier de chambre à coucher en frêne, à l’hiver 2015. Parce que, veut, veut pas, quand on travaille dans le bois, on apprend à se débrouiller pour se faciliter la vie. À 9 ans, il commençait à travailler au moulin à scie paternel, alors que 5 ans plus tard, il débutait une carrière de bûcheron qui a mené sa famille dans le nord de l’Ontario, puis au nord de La Tuque, notamment au camp Belle Plage.
Un inventeur
Débrouillard, il a même construit une roulotte pour la chasse de ses propres mains. Il présente deux de ses inventions, dont une qu’il a déjà commercialisée, un lave-dos. Simple mais efficace, l’objet se fixe à la douche au moyen de ventouses et on y agrippe une débarbouillette. «On en a vendu une couple de milles», rapporte Florent Thiffault, qui avoue également y avoir mis beaucoup d’énergie. L’appareil a trouvé preneur dans des magasins Jean Coutu ou Canadian Tire, mais le couple en a aussi vendu plusieurs par ses propres moyens lors de voyages en Floride ou dans des campings. «La mise en marché, c’est quelque chose de vraiment difficile», confie M. Thiffault. Pourtant, son épouse ajoute que le lave dos serait d’une grande utilité dans les hôpitaux, là où les gens ont plus de difficulté à se laver seuls. Le couple l’a aussi présenté dans différentes expositions.
Les pieds mouillés après une journée à l’extérieur alors qu’il pleut des cordes ? M. Thiffault a conçu un ingénieux sèche-bottes. Fonctionnant avec une ampoule, il atteint une température de plus de 100 degrés Fahrenheit. «Le soir, tu mets tes bottes imbibées d’eau là-dessus et le lendemain, elles sont sèches». Il s’en est servi et en a fait bénéficier ses proches mais ne ne l’a jamais breveté ou commercialisé, en raison des coûts que cela engendre.
Un moral d’acier
C’est en se tenant occupé, dans sa «shop», à l’arrière de sa résidence que l’homme de 77 ans a déjoué les pronostics des médecins et affiche toujours une bonne mine aujourd’hui. «Ça change les idées. Je ne pensais plus à mon cancer», avoue M. Thiffault. Son moral d’acier et sa bonne humeur n’ont pas dû nuire non plus, comme l’appui de son épouse.
Tout récemment, il a tenu une vente de garage pour vendre tous ses outils, pour ne pas que son épouse soit prise avec ces équipements, puisque lui-même, ne s’en sert maintenant plus après y avoir tant travaillé.
Mais à l’écouter parler, on ne le croirait pas malade. Avec assurance, le ton solide, il parle avec fierté de sa femme, sa famille, son travail, sa «shop» et ses inventions.
«À Québec, le médecin a demandé : M. Thiffault qui a le cancer du poumon, vit-il toujours ? J’ai dit oui, et si vous pouviez voir ce qu’il fait. Il a dit : il est «toff», ce monsieur-là», lance fièrement son épouse.