Exploitation forestière : les Atikamekw sont exaspérés

Le Conseil des Atikamekw de Manawan (CDAM) et le Conseil de la Nation Atikamekw (CNA) estiment se faire prendre « le beurre et l’argent du beurre », par toute l’exploitation forestière effectuée sur le territoire.

Ils ont transmis une lettre au premier ministre du Québec, François Legault, lui demandant de corriger cette situation et de décréter un moratoire sur les coupes forestières. La lettre est signée par le grand chef du Conseil de la nation atikamekw, Constant Awashish, par le chef de Manawan, Paul-Émile Ottawa et par une trentaine de chefs de territoire.

Par la même occasion, ils souhaitent alerter l’opinion publique sur le non-respect des droits autochtones par les industries et les entreprises forestières.

« Ces coupes forestières sont abusives, démesurées et faites sans égard à nos droits. Les aménagements forestiers sont insensibles à notre mode de vie et notre capacité d’exercer nos activités traditionnelles. Cette pratique, qui va à l’encontre de nos droits, doit cesser immédiatement » peut-on lire dans la lettre adressée au premier ministre du Québec. Selon ce qu’on y apprend, les compensations versées par les compagnies forestières heures à la communauté de Manawan se limiterait à des opérations de déneigement de quelques accès forestiers, ainsi que la fourniture de bois de chauffage

Ils ont rappelé qu’en 2014, ils avaient déclaré leur souveraineté sur le Nitaskinan.

« Il nous faut encore aujourd’hui rappeler que nous n’avons jamais cédé ni vendu notre territoire. Comment les gouvernements peuvent-ils être aussi peu préoccupés par la dépossession que nous subissons depuis tant d’années et laisser ainsi l’avenir de nations autochtones dans l’incertitude?  » s’interroge Constant Awashish.

En toile de fond, le CDAM et le CNA ont rappelé que « la forêt est au cœur de la subsistance des Atikamekw et qu’elle porte aussi ce qui fonde leur identité culturelle ».

« Des fronts de colonisation continuent de s’exercer sur notre autonomie et le politique ne s’est pas engagé à mettre entre les mains des autochtones les leviers nécessaires à leur bien-être économique, déplore Paul-Émile Ottawa, Chef de Manawan. Nous souhaitons une reconfiguration des relations avec les entreprises qui soient durables et structurantes. Nous décrions cette nécessité depuis assez longtemps ».

« La pauvreté n’est pas un phénomène naturel : l’application de nos droits inhérents pour retrouver les assises d’une économie traditionnelle est fondamentale, un fait que la Commission royale sur les peuples autochtones reconnaissait déjà, il y a 35 ans et que la Cour suprême a confirmé au travers de jugements répétés en faveur d’un exercice absolu de nos droits traditionnels. Nous exigeons aujourd’hui le développement d’une nouvelle relation entre le gouvernement, l’industrie et nous. Il faut un appel à l’industrie forestière pour prendre en considération ce qui convient de nommer une dépossession et d’avancer vers un équilibre des intérêts économiques plus juste et plus équitable », écrivent également les Atikamekw au premier ministre François Legault.

Du côté forestier, on estime que l’entrée en vigueur du régime forestier, en 2013, a fait en sorte que ce n’est plus l’industrie forestière qui planifie les différentes consultations avec les Atikamekw. C’est le ministère qui a pris ce rôle-là.