Exclusif : Le Salon de quilles disparaît

Les Fred Caillou de ce monde latuquois sont en deuil : le Salon de quilles Royal n’est plus. Désormais, il faudra faire le voyage jusqu’à Shawinigan pour pratiquer ce loisir familial.

Plusieurs raisons font que la propriétaire du Salon de quilles Royal, Luce Allard, a pris la décision de fermer ce commerce qu’elle détenait depuis environ 15 ans. «L’achalandage diminuait toujours, autant que pour le nombre de participants dans les ligues que ceux en jeu libre. Ça fait cinq ans que le pourcentage de participants descend pour les ligues. Le changement de quart de travail de l’usine Smurfit-Stone a eu beaucoup d’impact. La fermeture d’usines… En plus, il n’y a pas de relève. Les jeunes ne jouent plus aux quilles et c’est comme ça à la grandeur de la province.»

Mme Allard a réalisé des efforts au cours des deux dernières années afin de redresser la situation, mais comme rien n’a changé, la femme d’affaires qu’elle est ne pouvait plus se permettre de ternir ce commerce en vie. «Le monde a changé. Les jeunes ne jouent plus aux quilles en vrai, ils jouent plutôt le jeu sur une console Wii ou avec d’autres jeux vidéo. Je trouve ça très dommage qu’il n’y ait plus de quilles à La Tuque, mais je devais aussi penser à moi et au commerce. Ça faisait longtemps que je retardais ma décision.»

De plus, Mme Allard aurait dû procéder à une réfection de la salle à moyen ou long terme. «Les réparations coûtent très cher pour les allées de quilles et il y aurait eu un impact sur le prix des parties. Déjà que les gens trouvaient ça cher 2 $ pour une partie de petites quilles…»

Toutefois, la commerçante est catégorique. Elle n’a pas ouvert le bar La Voûte pour fermer le Salon de quilles. «Mon objectif était de tenir les deux commerces ouverts. Mais c’était devenu un incontournable de fermer la salle de quilles avec la baisse de la clientèle. Aussi, je suis fière de mes clients de la Salle de quilles. Ils voyaient que ça n’allait pas bien et ils reconnaissaient les efforts que j’ai faits, malgré la période difficile.» «Je souhaite que des jeunes prennent la relève parce que je trouve dommage de perdre les quilles à La Tuque. Peut-être que ça serait une option pour un centre d’hébergement pour personnes âgées puisque ce loisir est populaire chez les personnes âgées, contrairement aux jeunes. Peut-être que ça pourrait être un avenir pour une éventuelle phase III du Renaissance.»

La clé a été mise dans la porte du Salon de quilles Royal jeudi après-midi. «Ça nous fait de quoi c’est certain, ajoute Luce Allard. On a toutes le motton en quittant pour une dernière fois la salle. Les employées et moi sommes toutes sorties de là avec de l’eau dans les yeux.»

Quel nouveau commerce s’y installera?

Le gérant du Carrefour La Tuque, Sylvain Dufour, indique qu’il n’existe pas de projet à court terme pour la location du local laissé libre par la Salle de quilles. «Le local est en location. Nous avons perdu un locataire important et la décision d’affaires a été prise en raison de la situation économique du marché des loisirs. C’est malheureux, mais c’est une décision d’affaires. Comme le Carrefour abrite plusieurs bureaux, nous voulons poursuivre dans cette voie, alors il serait logique de penser que des bureaux pourraient être aménagés à cet endroit.» Il existe des rumeurs d’un éventuel déménagement du palais de justice, est-ce envisagé? «Nous n’avons eu aucune discussion en ce sens et il s’agit d’une rumeur qui circule, sans plus», conclut M. Dufour.