Entente historique pour la protection de la jeunesse chez les Atikamekw
Une entente historique régissant la protection de la jeunesse est intervenue entre le Conseil de la Nation atikamekw (CNA) et le Gouvernement du Québec. De nombreux dignitaires étaient d’ailleurs sur place. Cette entente permettra au CNA «d’établir un régime particulier de protection de la jeunesse, dans le respect des réalités et des valeurs autochtones atikamekw». Ainsi, au lieu de relever du Directeur de la protection de la jeunesse (DPJ), des enfants atikamekw bénéficiaires de l’entente relèveront entièrement de la responsabilité du Directeur de la protection sociale (DPS) atikamekw. L’entente touchera les enfants et les jeunes atikamekw membres des communautés de Manawan et de Wemotaci qui résident soit dans les communautés ou sur le territoire urbain de la Ville de La Tuque. Une centaine d’enfants des deux communautés ont actuellement recours aux services de la DPJ. Parlant de «collaboration historique», le CNA a rappelé que la grande majorité des enfants Atikamekw et leurs familles évoluent dans des contextes culturels différent de celui de l’ensemble du Québec. Ils ont des traditions, une langue et des valeurs propres, notamment en ce qui touche la vie familiale et l’organisation communautaire. Voilà autant de caractéristiques culturelles qui requéraient des services adaptés respectant la spécificité atikamekw et permettant aux communautés et à leurs membres de prendre eux-mêmes en charge les enfants et les jeunes atikamekw. «En ouvrant la voie à une plus grande implication de la nation Atikamekw dans la prestation des services en protection de la jeunesse, nous reconnaissons la valeur des intervenants qui partagent la même réalité environnante pour aider, protéger et guider leurs jeunes», disait Lucie Charlebois, ministre délégué à la Réadaptation, à la Protection de la jeunesse, à la Santé publique et aux Saines habitudes de vie. « Cette entente est le fruit d’un travail de plusieurs années, une véritable bataille pour que l’on reconnaisse notre autonomie en matière de protection de la jeunesse», a déclaré Constant Awashish, Grand Chef de la Nation atikamekw. En juin 2001, suite à plusieurs communautés autochtones dont le CNA le Gouvernement du Québec introduisait dans la Loi sur la protection de la jeunesse (LPJ) une disposition permettant l’établissement de régimes particuliers de protection de la jeunesse pour les autochtones. «L’entente annoncée aujourd’hui est la toute première conclue en vertu de cette disposition, ce qui lui confère un caractère historique». « La prise en charge des jeunes dans un environnement qui n’avait rien à voir avec leur réalité ne faisait qu’ajouter aux difficultés et à l’injustice dont étaient déjà victimes ces enfants. Nous pourrons enfin les prendre en charge et nous assurer de leur redonner la place qui leur revient, au sein de leur communauté, avec la participation de leurs proches », a ajouté le Chef de Wemotaci, François Néashit. «Pour la communauté Atikamekw et pour Manawan, ces changements s’inscrivent en toute logique sur le chemin de notre autonomie gouvernementale», a pour sa part affirmé le Chef de Manawan, Jean-Roch Ottawa» «C’est un message très important, qu’on reconnaît votre expertise et votre capacité d’intervention dans les dossiers de la jeunesse», a lancé la députée et ministre Julie Boulet. Dans les six mois suivant la signature de l’entente, ce sont les règles particulières du Système d’intervention d’autorité atikamekw (SIAA) qui prévaudront sur toutes les interventions auprès des bénéficiaires visées par l’entente. On mentionnait que les négociations entre le CNA et le gouvernement du Québec se sont échelonnées de 2009 à 2017, mais le chef de Wemotaci, François Néashit, croit que la question est étudiée depuis beaucoup plus longtemps, soit depuis 1985. Opitciwan Si elle ne figure pas dans l’entente actuelle, la communauté d’Opitciwan pourra s’y joindre. «La porte est toujours ouverte», indique le Grand Chef Constant Awashish. Selon ce dernier, des éléments de nature géographique et administratifs ont empêché Opitciwan de faire partie de l’entente jusqu’à présent. Le financement Quant au financement, il était déjà octroyé au Conseil de la nation Atikamekw, affirme le grand chef : « Il y aura des pourparlers dans les six prochains mois (…) Les Atikamekw font beaucoup d’enfants, la population augmente rapidement, c’est sûr que le financement pourra être ajusté en temps et lieu». https://youtu.be/0YRUhV9WsqA