Entente historique : feu vert à Manouane Sipi

EXCLUSIF.  L’Écho de La Tuque a appris que la minicentrale Manouane Sipi a reçu l’aval des autorités d’Hydro-Québec, vendredi dernier à Trois-Rivières.

Piloté par Ville de La Tuque et la communauté de Wemotaci, avec la collaboration de Kruger, entreprise gestionnaire, le projet verra le jour au plus tard en 2024. Ses coûts de construction sont évalués à entre 100M$ et 110M$.

Pierre-David Tremblay

«On est un des derniers projets acceptés par Hydro-Québec. On a poussé le dossier ces derniers mois, on a été plus agressifs, plus convaincants», pense le maire de La Tuque, Pierre David-Tremblay, visiblement très heureux de cet accord intervenu avec la société d’État. Avant les Fêtes, le travail s’est poursuivi de façon intensive.

«C’est un projet qui est communautaire, impliquant La Tuque et Wemotaci. Il sera situé dans le complexe Manouane comme il était prévu initialement», mentionne le directeur général de ville de La Tuque, Marco Lethiecq.

Pendant 40 ans, les revenus totaux de la minicentrale de 22 mégawatts devraient rapporter à Ville de La Tuque environ 60M$. Wemotaci empocherait le même montant. Impossible de ne pas relier cette entrée d’argent à la dette municipale.

Depuis 2009

«D’ici un an, un an et demi, on va procéder à la première pelletée de terre», envisage le maire de La Tuque.

Les travaux de construction devraient durer entre 18 et 24 mois. Il se peut donc que la mise en service se fasse avant 2024.

Plusieurs étapes ponctueront le calendrier de réalisation d’ici les prochains mois. «Depuis l’automne dernier, une reconnaissance a été faite sur le terrain et elle va se poursuivre au printemps. On est dans la faisabilité». Puis, le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) tiendra éventuellement des audiences.

Tout ça ne s’est pas fait sans embûche. «Le projet dans lequel on s’était inscrit avait été initié en 2009. On avait reçu un avis d’acceptation en 2010. Donc, depuis 2010, le projet chemine, non sans difficulté, parce qu’on se rappelle qu’il y a eu une période d’annulation (par le gouvernement péquiste, en 2013). Il est ressuscité plusieurs fois à travers tout cela. C’était le point culminant de signer le contrat, ça assure des bases solides pour développer le projet et le réaliser. On peut dire que c’est un nouveau départ», signale avec enthousiasme Silvy Lepage, directrice adjointe du Service de l’aménagement, développement du territoire et urbanisme. La ville a été persévérante : les embûches ont été nombreuses.

Projet historique

Pierre-David Tremblay ne le cache pas, il s’agit d’un projet historique, probablement le plus important auquel aura participé directement Ville de La Tuque au cours des 100 dernières années. «On est partenaire avec la communauté Atikamekw d’une minicentrale. Dans ce style de projet, non seulement c’est historique, mais il fallait oser, il fallait le créer», insiste le maire de La Tuque.

Pour La Tuque, c’est une façon nouvelle, rêvée, d’aller chercher des revenus, en cette période où les compressions imposées par le gouvernement du Québec mettent à mal les finances à la municipalité.

Pierre-David Tremblay, qui a critiqué publiquement Hydro-Québec pour le manque de monteurs de lignes en Haute-Mauricie, aurait pu croire que ses prises de position puissent avoir nui au dossier. «A contrario, la dernière année que nous avons passée avec Hydro nous a plus rapprochés que désunis. C’est paradoxal», avoue celui dont les récentes discussions avec des dirigeants Hydro-Québec ont d’abord porté sur Manouane Sipi.

«Ça nous a rapprochés des décideurs et c’est là qu’on a été capable de sortir notre épingle du jeu», confie M. Tremblay. À plusieurs reprises, le maire a fait part de sa grande fierté face à la ténacité de son équipe municipale, en particulier Silvy Lepage et Marco Lethiecq, qui ont toujours persévéré dans leurs démarches pendant des années jusqu’à l’acceptation par Hydro-Québec du projet.

Ville de La Tuque enverra trois représentants à la société en commandite chargée de gérer la minicentrale : Silvy Lepage, Marco Lethiecq ainsi que Pierre-David Tremblay, alors que le chef François Néashit, Adam Jourdain et Lisanne Pétiquay agiront du côté de Wemotaci.

Dans l’histoire récente, les centrales de Rapide-des-Cœurs et Chute-Allard ont été construites sur la rivière Saint-Maurice par Hydro-Québec. Mais c’est la première fois que Ville de La Tuque s’implique directement dans un tel projet. La mise de fonds totale de La Tuque sera de 8 M$ (tout comme Wemotaci). 1,4M$ ont été injectés jusqu’à présent.

«Il n’y a aucun risque financier pour Ville de La Tuque dans ce projet», assure le maire.

«On aura un revenu garanti et on est allé chercher un gestionnaire de projet (Kruger). Les coûts vont être respectés», enchaîne le directeur général de Ville La Tuque.

De leur côté, les Atikamekw de Wemotaci sont heureux de la concrétisation de cette entente. Le chef, François Néashit, commentera la nouvelle un peu plus tard aujourd’hui.

C’est porteur d’avenir. Pour les gens de La Tuque, c’est incroyable ce qu’on vient de signer

Pierre-David Tremblay