Elles retrouvent leur bienfaiteur 20 ans plus tard

GÉNÉROSITÉ.  « Un homme au grand cœur », voilà comment un groupe d’une dizaine d’anciennes participantes à un camp de vacances ont décrit le Latuquois Tony Gagnon lors de leur passage à La Tuque à l’été 2002.

Le groupe membre du camp Minogami participait à une expédition où on descendait la rivière Saint-Maurice en canot à partir du barrage Gouin et dormait en chemin dans des tentes. Or, à une cinquantaine de kilomètres de La Tuque, une des membres du groupe a eu un malaise et a dû se rendre au Centre de santé à La Tuque pour recevoir des soins. Une fois conduite à l’établissement de santé, deux participantes arrêtent au commerce Gagnon auto électrique sur le boulevard Ducharme et demandent à M. Gagnon s’il connaissait quelqu’un qui pourrait ramener le reste du groupe et les canots à La Tuque. Il a prêté son camion à un homme qu’il connaissait et celui-ci a rapatrié le reste du groupe et leurs six canots par la route 25. Un soulagement pour ces adolescentes et jeunes adultes prises dans un secteur isolé de la Haute-Mauricie, loin de la ville. M. Gagnon a fait preuve d’une générosité exemplaire à l’égard de ces voyageuses de l’eau.

« On avait fait  »du pouce » parce qu’une de nos campeuses était malade », se remémore Marie-Claude Auger, une des deux monitrices du groupe.

« Elles mangeaient leurs sandwichs à l’extérieur. Je leur ai dit: entrez, se rappelle Tony Gagnon. C’étaient des filles de 16 ou 17 ans.  Il y en avait deux qui étaient leurs guides. Elles étaient dans la vingtaine ». Le groupe participait à une expédition appelée voyages, aventures, découvertes.

Au soir, il leur a offert le souper, la possibilité de prendre une douche et de dresser leurs six tentes dans sa cour. Le lendemain, il a amené leurs canots au quai du quartier Bel-Air, puis il est allé les y reconduire pour les voir repartir. La jeune fille qui était malade avait pris du mieux et elle a repris sa place dans son embarcation.

« Quand je suis parti de là, elles m’ont chanté une belle chanson, m’ont envoyé la main », évoque-t-il aussi.

Quelques semaines à peine après leur péripétie, une d’elles lui a posté une carte de remerciement avec une photo du groupe. Cette attention à son égard le touche encore, même après deux décennies.

« Une bénédiction, lance l’une d’elles, Lauréanne Quenneville, parlant du geste rassurant posé par Tony Gagnon. Pour nous, ce n’était pas seulement un sauveur, mais un gros luxe d’avoir autant de services, un  bon souper chaud, la douche, le « lift ».

Coïncidence des plus extraordinaires: une des participantes du groupe, voyant la photo du petit-fils de M. Gagnon accrochée au mur du salon, l’a reconnu. Elle avait été son éducatrice dans un CPE dans la région de Montréal.

Tony Gagnon a pris soin d’encadrer la photo du groupe et la lettre déposée dans sa boîte aux lettres et conserve le tout précieusement, en guise de souvenir.

« Vous étiez notre superstar de l’été, notre héros », lui témoigne une participante.

Retrouvailles

M. Gagnon souhaitait avoir de leurs nouvelles, simplement pour voir comment elles vont. « Elles étaient d’un peu partout au Québec », se souvient-il. Il n’avait que peu de détails sur qui elles étaient, sinon des prénoms: Marie, Emmanuelle, Anne-Marie, Vy, Anaïs, Marie-Claude, Marie, Frédérique, Marie-Eve, Monique, Clara et Lauréanne.

Des démarches entreprises par L’Écho de La Tuque ont permis à la direction du camp Minogami de retracer les monitrices. Le groupe s’est revu via une réunion sur Zoom, chacun chez soi et M. Gagnon a pu y assister dans les locaux de L’Écho.

D’ailleurs, elles ont trouvé émouvant le fait de pouvoir rencontrer M. Gagnon, même de façon virtuelle, 20 ans plus tard et surtout, qu’il se soit souvenu d’elles et conservé leur photo. Certaines membres du groupe ont pu se revoir revues de temps à autre, mais pour d’autres, c’étaient de réelles retrouvailles après toutes ces années. Elles confiaient que même quelques jours avant la rencontre virtuelle, une forme de nostalgie les avait habitées, en souvenir des moments qu’elles avaient passés ensemble à descendre la rivière Saint-Maurice.

« La vie est faite de rencontres, c’est le sens de la vie, les rencontres humaines qu’on partage. Il y en a qui sont éphémères (…) mais on marque et on est marqué par ces rencontres-là, par les humains qu’on rencontre », offre en guise de conclusion une ancienne monitrice, Anaïs Villedieu.

Ces retrouvailles ont été grandement facilitées, au cours des recherches de L’Écho, par la directrice adjointe des camps Odyssée, responsable du camp Minogami, Amélie Spain. Comble du hasard, Mme Spain est originaire de La Tuque. Elle travaille pour cette entreprise depuis 1996 et se souvenait très bien des participantes de cette expédition. Le contact a donc facilement pu être établi. Définitivement, ce serait une histoire digne de l’émission Deuxième Chance, présentée à Radio Canada.

L’homme, qui a aujourd’hui 84 ans, opère toujours avec la même cordialité son commerce de batteries et d’alternateurs sur le boulevard Ducharme, tout près du centre-ville.