Donner un second souffle au développement de l’aquaculture

L’Association des aquaculteurs du Québec (AAQ) et la Table filière de l’aquaculture en eau douce du Québec (TFAEDQ) lancent l’Équipe de développement de l’aquaculture québécoise (EDAQ).

L’aquaculture stagne au Québec et l’équipe de l’EDAQ veut y mettre un terme et changer le visage de l’aquaculture. Elle met sur pied une équipe de frappe composée d’entrepreneurs émérites qui souhaitent créer un véritable Hub de l’aquaculture québécoise et catapulter l’industrie dans une autre ère.

À sa tête, on retrouve Aisha Issa, de VALHORIZON, qui possède une vaste expérience de l’industrie agroalimentaire. Elle a notamment œuvré chez Bonduelle et aux Serres Savoura. À ses côtés, des vétérans de haut niveau de l’agroalimentaire que sont Marcel Ostiguy (Aliments Carrière) et Laurent Brochu (Groupe Brochu, Aquaculture L’Indigène). Michel Fournier et Julie Roy de la TFAEDQ complètent l’équipe.

«On accuse un retard au niveau des technologies et de la production. Depuis 2000, nos niveaux de production n’ont pas beaucoup changé. On veut soutenir la naissance ou l’émergence de projets industriels en opération ou qui pourraient être intéressés par le secteur», affirme Aisha Issa.

L’ÉDAQ avance pour l’heure sans aucun budget. Ce n’est qu’une question de temps affirme Aisha Issa qui dit être en train de travailler à «dénicher une cagnotte. On est confiants de développer des projets et peut-être en Mauricie. La première étape est d’amener tout le monde à la même table, de travailler avec les associations en étant non seulement un HUB, mais un catalyseur de projets. On a dans l’équipe des vétérans de l’industrie», lesquels peuvent faire faire des bonds de géant à l’EDAQ. Et sortir la filière de sa dormance relative. «On est persuadés qu’il y a des connaissances transversales qu’on peut exploiter. L’important c’est de commencer rapidement.»

Le Québec compte une centaine d’aquaculteurs. De ce nombre, 45 produisent cinq tonnes et plus de poissons sur une base annuelle. En Mauricie on compte trois pisciculteurs dans l’Association des aquaculteurs du Québec: Pisciculture La Tuque, Pisciculture Saint-Alexis-des-Monts et Pisciculture Alain Sauvé.

Pourtant, des régions comme la Mauricie seraient des terreaux fertiles, estime M. Fournier de l’EDAQ et pisciculteur depuis 30 ans.

«La Mauricie dispose de réserves d’eau douce en quantité et de qualité. Plusieurs entreprises risquent de s’y développer dans un proche avenir», laisse entendre M. Fournier. Mais on n’y arrive pas en criant ciseaux. «Un promoteur doit d’abord évaluer le site où il veut s’installer, la quantité d’eau qu’il souhaite utiliser et s’assurer qu’il sera en mesure de se conformer aux normes environnementales de rejets. Et ensuite, satisfaire aux normes de zonage. Chaque espèce a ses zones», explique-t-il.

C’est là que l’EDAQ peut offrir un soutien précieux aux pisciculteurs qui se lancent dans l’arène. «Le domaine piscicole est complexe. Il faut travailler avec le MAPAQ, le ministère de l’Environnement, le ministère de la Faune. On doit aider les promoteurs à cheminer. Et la Financière agricole du Québec ou fédérale peuvent aussi financer certains projets. Le Québec accuse un retard de 30 ans sur les autres pays en matière d’aquaculture déplore M. Fournier. «On importe beaucoup de poisson du Chili et de l’Ontario. Il va falloir aller chercher des technologies ailleurs et travailler avec des systèmes de recirculation en biofiltration». Le Québec aurait beaucoup à apprendre du Danemark en la matière.

L’EDAQ va donc tenter de «réduire le temps qu’il faut pour accoucher d’un projet d’aquaculture». De doubler la production annuelle de poissons destinés à la table n’est pas suffisant aux yeux d’Aisha Issa.

«C’est un objectif louable, mais c’est tellement peu! On veut mettre de la chair sur les arrêtes. On veut stimuler la production locale. L’industrie agroalimentaire est non seulement liée à une préoccupation de sécurité et d’autonomie alimentaires, mais également d’occupation du territoire. Il y a des enjeux non seulement économiques, mais environnementaux et sociaux qui doivent être considérés. Il faut faire en sorte que les gens restent là et rendent l’espace vivant. Il y a beaucoup d’eau en Mauricie, maintenant est-ce qu’il y a des entrepreneurs qui veulent s’y établir?»

L’autosuffisance alimentaire est au cœur de la Politique bioalimentaire 2018-2025 du Québec. Et l’aquaculture y est citée comme un secteur à fort potentiel de développement. L’EDAQ veut tirer avantage du momentum.