Différend au Gouin : des pêcheurs doivent rebrousser chemin

TERRITOIRE. Une quinzaine de pêcheurs qui participaient à une activité de retrouvailles, dans le secteur du réservoir Gouin, a dû rebrousser chemin après une rencontre avec un groupe de canotiers autochtones, en partance d’Opitciwan, qui se dirige vers Manawan. Le groupe de canotiers souhaitaient ériger un campement à l’endroit précis où les pêcheurs se trouvaient.

Leur campement était installé depuis quelque temps, avec des chapiteaux, BBQ, tentes, tables. Dimanche après-midi, des individus seraient allés les rencontrer pour les informer qu’ils s’en venaient camper cet endroit. Ils ont installé leur matériel sur la plage et à ce moment, le groupe de M. Lacroix, dont quelques membres sont devenus nerveux, et ont commencé à discuter avec eux. Mais les discussions n’ont pas abouti : chacun des deux groupes désirait vivre un événement privé.

«C’était un groupe d’une soixantaine de personnes. Il y avait deux ou trois têtes chaudes, pas plus. Pour le reste, ils subissaient, eux aussi», tempère Michel Lacroix, propriétaire de la pourvoirie Marmette sur le Gouin. M. Lacroix faisait lui-même partie de ce groupe d’anciens finissants en administration et en finance de l’Université de Sherbrooke, en excursion de quelques jours dans le secteur du Gouin, sur des bateaux maison.

«Il y avait des autochtones plus âgés dans le groupe, des aînés, qui nous disaient regretter ce qui se passait là», témoigne également M. Lacroix.

Ce dernier insiste : personne ne s’est fait agresser et personne ne s’est senti en danger dans son groupe. «C’est un choix qu’on a fait d’abandonner (…) C’est clair, ils voulaient nous expulser, on est parti, c’est tout».

«La parole la plus reprochable, c’est quand il y en a un qui a dit : si vous ne partez pas, on va pousser vos bateaux à l’eau», a poursuivi M. Lacroix.

Il ne souhaite pas employer le terme «Intimidation» pour décrire les événements de dimanche, qu’il considère isolés. Il souhaite même atténuer une impression d’affrontement qui aurait été véhiculée : «C’est la raison pour laquelle j’accepte de vous parler».

«Les véritables victimes de tout ça, ce sont les jeunes canotiers qui étaient là pour vivre une expérience de partage et de communion avec la nature. Le spectacle qui leur a été donné, ce n’est pas une bonne leçon qu’ils ont reçue», analyse le propriétaire de la pourvoirie. Il mentionnait aussi que personne dans son groupe n’avait consommé d’alcool au moment des événements.

L’événement aura eu pour seule conséquence que le groupe est parti plus vite que prévu, lui qui ne devait quitter l’île que le lendemain matin.

Heureusement, trois employés de la pouvoirie Marmette sur le Gouin avaient été prévenus et allaient à leur rencontre : lors de leur retour, les quatre bateaux maison et deux autres bateaux de 20 pieds ont été pris au cœur d’une tempête. «Il fallait contrôler tout ça», a expliqué Michel Lacroix. N’eût été la participation de ses employés, il aurait été plus difficile de manœuvrer ces bateaux compte tenu des vents et des fortes vagues. Les conséquences auraient pu être graves.

Il a logé un appel auprès du chef d’Opitciwan, Christian Awashish. «Il a été très réceptif». Aucune plainte n’a été portée à la SQ.

«J’espère que les autorités de Manawan et d’Opitciwan vont agir en conséquence envers les responsables du désordre. On ne devrait pas leur confier des groupes de jeunes, quand ils ont des attitudes semblables», a conclu Michel Lacroix.

Non disponible au moment de notre appel, le chef Christian Awashish a fait quelques commentaires dans d’autres médias. Confirmant que l’itinéraire des canotiers devait s’arrêter là, il a dit au Nouvelliste que le groupe ne voulait pas se déplacer et qu’il osait croire que ce n’était pas de l’intimidation. «C’est un événement malheureux des deux côtés, malheureusement, le pourvoyeur n’a pas d’exclusivité sur le territoire», a-t-il précisé, prônant le partage du territoire. Deux policiers accompagneront le groupe de canotiers pour le reste de leur périple.