Deux kinésiologues latuquois au Cameroun

VOYAGE. Deux étudiants latuquois au programme de kinésiologie de l’UQTR, Étienne Rhéaume et Francis Laterreur, reviennent du Cameroun où ils ont pris part à un voyage humanitaire, dans le cadre de leurs études.

Ils ont quitté le Québec au début du mois de juillet en compagnie de deux infirmières, Valérie Côté et Mélysane Dufresne et d’une ingénieure qui prenait part à un autre projet, Sophie Duguay.

«On avait le goût de s’impliquer dans un voyage humanitaire en collaboration internationale et on l’a fait avec l’organisme Éclosion, qui collabore avec l’UQTR, via des voyages dans plusieurs pays dont la Bolivie et le Cameroun. Au début, on le faisait uniquement en kinésiologie, mais deux infirmières se sont jointes à nous et c’est devenu un projet de traitement multidisciplinaire», rapporte Étienne Rhéaume.

Pratiquer le fruit de leurs trois années d’études en kinésiologie, oui. Mais il y a plus que ça. Les deux Latuquois, qui complètent actuellement leur baccalauréat, nourrissaient vraiment le désir d’apporter une aide concrète à des gens dans des milieux défavorisés. « C’est pour ça que nous n’avons pas opté pour aller dans les grandes villes qui sont souvent plus organisées. Nous sommes allés dans des petits villages», précise Étienne Rhéaume.

«C’est le tiers-monde», renchérit Francis Laterreur.

Une maison avec 12 enfants

«On vivait dans une maison, avec notre famille adoptive, qui comptait 12 enfants», relate Étienne Rhéaume.

«On était quand même dans une famille aisée. Dans notre quartier, il y avait trois ou quatre rues en asphalte, les 30 autres rues étaient en terre», poursuit Francis Laterreur.

Le quotidien des deux jeunes Latuquois dans la famille d’Emmanuel Tagne, un directeur d’école technique et son épouse Tatiana, était souvent ponctué de pannes d’électricité et de coupures d’eau au moins 4 fois par semaine. Chaleureuse, leur famille d’accueil les a intégrés à toutes leurs activités.

S’ils n’ont pas eu de choc culturel à proprement parler malgré les journées humides à 25 Cesius, les Québécois ont dû composer avec des régimes alimentaires différents, dont celui de consommer deux repas par jour, un déjeuner léger et un lourd repas souvent riche en matières grasses le soir. Compréhensif, leur «père» adoptif leur amenait souvent de la nourriture lors de leurs journées chargées de traitements pour compenser le dîner qu’ils n’avaient pas.

«Ils ont du bœuf, du poisson, du poulet», énumère Étienne Rhéaume. « Du rat, du porc-épic», enchaîné immédiatement Francis Laterreur. À la question, «Ont-il consommé du rat», ils répondent immédiatement oui, même que la viande de rat été meilleure que le bœuf, qui est très maigre là-bas.

Mais à cela, on ajoute beaucoup de fruits : les ananas, bananes, avocats, plus frais, sont plus savoureux au Cameroun.

Sur le perron de l’église

La population du Cameroun et très catholique. Alors les jeunes kinésiologues se sont servis du perron de l’église pour convier les gens qui avaient besoin de leurs services gratuits à les consulter. Aussi, ils allaient à la rencontre de 500 fidèles, lors des célébrations eucharistiques, pour annoncer leur service et les soins qu’ils étaient en mesure de prodiguer.

Dans les soins qu’ils apportaient à la population locale, le rôle d’Étienne Rhéaume et Francis Laterreur consistait à soumettre des solutions, souvent écrites, aux problèmes vécus en réadaptation physique. Il fallait trier ce qui relevait des infirmières et des kinésiologues, car ce ne sont pas les mêmes problématiques.

«La première partie du voyage aura été consacrée à organiser des journées de traitement, on allait dans les églises, les hôpitaux et la seconde partie aura consacrée à donner des soins», poursuit M. Laterreur.

En général, les gens au Cameroun parlent le français, mais lorsque ce n’était pas le cas, fait on devait avoir recours à un interprète.

Ils estiment avoir traité au total, infirmières et kinésiologues, plus de 400 patients, dont 300 en kinésiologie. Ils avaient accès à un local dans un dispensaire et ont souvent insisté pour que leurs soins demeurent gratuits, même si des hôpitaux tentaient d’exiger de l’argent pour les services rendus par Étienne Rhéaume et Francis Laterreur.

Au Québec, on estime qu’il faut allouer au moins 3 heures par patient, pour donner des soins. Là-bas, les deux étudiants au programme de kinésiologie devaient se contenter de 20 à 30 minutes par client, environ.

Des réalités différentes

Ils auront eu l’occasion d’échanger avec des kinésithérapeutes du Cameroun afin de comparer leurs réalités: «On a donné beaucoup de conseils, mais on en a aussi reçus».

Les réalités sont différentes : au Cameroun, le taux d’accident vasculaire cérébral est plus élevé qu’au Québec, car là-bas, on cuisine davantage avec de l’huile de palme, un ingrédient néfaste pour la santé. «Il y a beaucoup d’ostéoporose», constatent également les deux jeunes hommes.

Les gens travaillent beaucoup au Cameroun et ne disposent pas de technique de travail. Ils sont moins éduqués sur les bonnes postures. Quand on soulève des changes, on dit qu’il faut utiliser les jambes, mais là-bas, ça ne leur est pas montré. Ils sont toujours pliés, donc ça occasionne beaucoup de problèmes de dos. Mais ils ont le désir d’apprendre, on leur parle et ils sont très intéressés », donne en exemple Étienne Rhéaume.

Emballer, vendre des muffins et le reste

Qu’on soit à l’aise non avec la sollicitation, il a fallu en effectuer pour arriver à amasser les 5 500$ par personne requis pour entreprendre un tel voyage. «En général, les gens préparent cela plus d’un an à l’avance, nous on a eu six mois», indique Francis Laterreur. Ils ont fait des fins de semaine d’emballage dans les supermarchés, organisé des campagnes de financement pour vendre des muffins et des bouteilles de vin et une soirée bénéfice dans un bar en plus de délier les cordons de leur bourse.

Ils estiment avoir retiré énormément de ce périple, autant au niveau culturel que dans la pratique de leur futur métier de kinésiologues. «Nous avons travaillé avec des clientèles pauvres, problématiques. C’était bon pour nous, c’était bon pour eux aussi», explique également M. Laterreur.