« Des gouvernements ont vraiment voulu tuer l’indien dans l’enfant» – Constant Awashish

AUTOCHTONES. Le Grand chef du Conseil de la Nation Atikamekw, Constant Awashish, pense qu’on ne peut pas jouer à l’autruche avec le sort des autochtones pendant des périodes sombres de leur histoire.

 Référant à la Convention des Nations Unies de 1948, il voit les pas franchis, un à un depuis, pour la reconnaissance de qu’ont subi les autochtones. «Même qu’il y en a parmi les victimes qui se sont mis à nier les événements, puisqu’ils pensaient que les gens n’allaient pas les croire», lance-t-il, évoquant un déchirement de la culture de la nation autochtone, créé par cette assimilation. Selon M. Awashish, cet état de fait a causé un tort considérable à l’esprit des nations autochtones : « Il y a eu des abus sexuels, mentaux, dans les pensionnats». Celui-ci identifie la religion comme étant un élément qui a également contribué à la peur que les autochtones ont vécue pendant ces périodes. Là aussi, des déchirements sont survenus entre ceux qui ont souhaité demeurer dans les traditions autochtones et ceux qui ont versé dans une religion qui leur a été imposée. «Des gouvernements ont vraiment voulu tuer l’indien dans l’enfant, l’emmener dans des pensionnats, lui couper les cheveux et lui dire qu’il n’avait plus le droit de parler sa langue, sinon il se faisait punir ou battre», déplore le Grand Chef.

Renaître de ses cendres

Constant Awashish et très encouragé quand il voit des jeunes renouer avec les traditions ancestrales depuis quelque temps. «Les jeunes sont en recherche de cette culture qui a presque été oubliée. Heureusement, il y en a qui se sont cachés et qui ont continué à garder les enseignements de cette culture et de nos croyances», observe-t-il.

Autre message encourageant de M. Awashish, il constate que ce sont les Atikamekws qui savent le mieux préserver leur langue au Canada chez les autochtones : « C’est le peuple qui défend le mieux sa langue et qui a mieux su la garder. La première langue parlée par un enfant Atikamekw est l’Atikamekw. Les Innus aussi. Je ne sais pas pourquoi, mais la langue autochtone est vraiment forte ».

La langue Atikamekw compte un certain nombre de mots dont le sens est devenu méconnu, car la vision du passé est différente. «La façon de vivre était complètement différente de celle d’aujourd’hui. Les mots sont restés, mais l’utilisation a changé. Aujourd’hui avec des linguistes, on peut décortique ces mots et les expliquer aux jeunes», fait remarquer le Grand chef Awashish.