Des aînées actives, grâce aux arts

RESTER ACTIF. Qui a déjà parlé du fossé des générations ? Pas les résidents de la Maison Mélanie-Harvey et les élèves de Formation préparatoire au travail (FPT) de l’école Champagnat, en tout cas.

Embauchée à l’Office municipal d’habitation l’an dernier, comme responsable des ateliers communautaires, dans le but de permettre aux résidents d’accéder à des activités intéressantes, Hélène DiGleria est très fière du travail accompli par ses élèves. Évelyne Riberdy, et Francine Beaupré, toutes deux à l’emploi de l’OMH, voyaient d’un très bon œil la possibilité d’offrir des ateliers divertissants pour égayer leur séjour. Cinq dames suivent actuellement des ateliers qui les amènent dans différents champs d’expression artistique.

Également suppléante dans quelques écoles de La Tuque, Mme DiGleria a toute de suite décelé que les jeunes de FPT pourraient venir en aide aux aînés dans la préparation du matériel dont ils ont besoin. En contrepartie, les aînés fournissent un travail concret à ces jeunes, puisqu’ils doivent concevoir des pièces de bois sablées avec des dimensions précises.

«J’ai eu besoin de morceaux de bois et je ne trouvais personne pour en fabriquer, relate Mme DiGleria. Ils fabriquent nos morceaux et après, nous, on continue. C’est un bel échange», indique d’entrée de jeu Mme DiGleria.

«On part de feuilles de MDF de 4×8», indique  Alexis Gervais-Doyon, qui, avec Mélissa Proteau et Catherine Damphousse supervisent la dizaine de jeunes de 15 ans qui effectuent ce travail dans le cadre d’un projet entrepreneurial. Ils obtiennent des palettes de bois grâce à un partenariat avec Industries John-Lewis. Le bois est taillé en fonction des besoins exprimés.

Une chimie qui opère vite

Au cours de la rencontre avec TC Media, les jeunes rencontraient les ainés pour la première fois: par les taquineries échangées, on devine que la chimie a bien opéré entre les deux groupes.

Les élèves font aussi le sablage du bois, tout juste avant de le rendre aux artistes de Mélanie-Harvey. «Il ne nous reste qu’à le peinturer», blague une des participantes.

Qu’est-ce qu’on a fait avec tout ce bois ? Chaque jeudi, dans la grande salle communautaire, les cinq participantes se réunissaient pour effectuer des travaux de peinture. En tout, une dizaine de ces lutins ont été confectionnés avec tout le soin que cela mérite au cours des semaines précédant Noël. Un vrai travail d’artiste. On devine que plusieurs membres du groupe n’en sont pas à leurs premières armes. Quant aux lutins, ils avaient tous une destination, soit vers des proches de celles qui les ont confectionnés. «J’en ai un qui s’en va à Petawawa», annonce une participante.

«J’avais déjà fait de la peinture», relate Berthe Issa, une résidente qui a célébré ses 100 ans le printemps dernier. Avec une énergie dont seraient jaloux bien des gens plus jeunes qu’elles, elle aborde avec passion le sujet des ateliers dont elle et son groupe font partie, elle qui y allait d’abord pour socialiser.

«Ce que je vise d’abord, c’est de les désennuyer. Je leur dis : venez faire un tour, prendre un café», lance Hélène Digléria qui ajoute que les gens se laissent vite prendre au jeu et participent aux ateliers. Elle a préparé les modèles en dessinant des contours que les participants  et leur donne des notions comme le fond, l’éclairage de la peinture à réaliser.

Il n’y a pas que la peinture

Tout récemment, ce groupe d’aînées a réalisé des coffres à bijoux, des lapins de Pâques en bois et des pots en terre cuite représentant des vampires pour y placer des bonbons en vue de l’Halloween. Elles en parlent avec beaucoup de passion. L’ouverture d’esprit et l’humour sont leurs qualités premières. «L’an dernier, quand on a terminé, en juin, je les ai toute emmenées au Multi centre jardin. Elles avaient un budget pour se choisir un pot de fleurs et Tania (Gauthier) leur a montré comment planter des fleurs», poursuit Mme DiGléria.

« Ça a fleuri nos balcons tout l’été», renchérit  une autre participante.

En janvier, tout ce monde reprend le collier avec un autre projet, la peinture sur toile.

Les dames ont insisté : elles espèrent  que les budgets permettront à Mme DiGléria de rester avec elles l’an prochain. Celle-ci se sent appréciée par celles avec qui elle a développé une excellente complicité.