De l’argent réclamé en transport collectif
TRANSPORT. L’alliance Transit presse le nouveau ministre des Transports, Laurent Lessard, de réinvestir rapidement dans l’amélioration des services de transport collectif au Québec.
«Le Réseau électrique métropolitain (REM) ne changera rien à court terme pour la vaste majorité des usagers du transport en commun», a déploré jeudi le directeur général de Vivre en ville et porte-parole de l’alliance Transit qui réclame un meilleur financement du transport en commun, Christian Savard.
L’organisation ne s’oppose pas au projet que la Caisse de dépôt et placement du Québec a proposé, mais elle souhaite que le gouvernement n’attende pas sa mise en service avant de réinjecter de l’argent dans les services de transport collectif.
«Pendant que tous les projecteurs sont sur ce grand projet, qui est certes prometteur, on ne s’occupe pas de la vaste majorité des usagers du transport collectif au Québec», a ajouté M. Savard. Ce dernier a indiqué que la nouvelle gouvernance du transport en commun dans la région métropolitaine ne devrait pas non plus retarder un réinvestissement dans les réseaux de bus, de train de banlieue et du métro de Montréal.
L’alliance Transit veut que Québec définisse de nouveaux objectifs d’amélioration de transport en commun et, pour les atteindre, qu’il prenne de l’argent dans le Fonds vert.
«Quand c’est une priorité politique d’investir dans les transports collectifs, les gens trouvent les moyens de réaliser les projets, a dit le directeur pour le Québec de la Fondation David Suzuki, Karel Mayrand. Quand ce n’est pas une priorité, on essaie de donner l’apparence qu’on bouge sans bouger réellement. Les grands projets de transport collectif que le ministère des Transports du Québec (MTQ) a fait depuis vingt ans, on peut les compter sur une main.»
M. Mayrand a expliqué le peu de projets de transport en commun réalisés par le MTQ par son «manque de leadership». Il a souligné que la Politique de mobilité durable n’a pas été renouvelée depuis 2011 et que le MTQ ne s’est pas fixé d’objectif sur la réduction de gaz à effet de serre ou sur la diminution de la consommation du pétrole.
«Comment ça se fait qu’au Québec, on a un ministère qui refuse de s’engager dans la transition énergétique et dans la transition vers les transports collectifs, a-t-il pesté. Au final, tout cela coûte une fortune aux ménages québécois.»
Métro a contacté le cabinet du nouveau ministre des Transports, Laurent Lessard, mais au moment de mettre en ligne, nos questions n’avaient pas trouvé de réponses.
Manque de vision pour les régions déploré
Si les besoins en transport en commun sont criants à Montréal, les régions du Québec ne sont pas en reste.
Des usagers et des responsables du transport en commun de plusieurs villes du Québec, dont Lévis, Carleton-sur-Mer et Mont-Laurier ont joint leur voix jeudi à l’alliance Transit pour réclamer des changements en profondeur en transports collectifs, partout dans la province. Ils déplorent le manque de vision globale des transports dans leurs secteurs.
Justine Brassard-Méthot, de Lévis, a besoin de deux laisser-passer de transport pour se déplacer à Lévis et à Québec. «Pour nous, c’est super compliqué, il n’y a pas de service direct», dit-elle, évoquant certains trajets «horribles» qui prennent deux heures pour se rendre d’un point A à un point B. «Plus le service sera efficace, plus les gens l’utiliseront», croit la jeune femme.
À Carleton-sur-Mer, l’enjeu du transport en commun a carrément un impact sur les inégalités sociales, rappelle Patrick Dubois. «N’importe qui en situation de pauvreté peut vivre à 200 km de l’hôpital le plus proche et on n’a pas de transport en commun pour aider ces gens-là. C’est une raison de plus pour quitter les régions.»
Isabelle Vaillancourt, directrice du Transport adapté et collectif d’Antoine-Labelle (TACAL) évoque le manque d’harmonisation entre les différents services. «Chez nous, ça fonctionne bien», affirme-t-elle, en donnant comme exemple l’entente avec la commission scolaire Pierre-Neveu pour l’utilisation des places disponibles en transport scolaire. Mais coordonner tous les services, et la réglementation qui les régit, n’est pas simple. «Il n’y a pas de vision. Il faut travailler avec des partenaires privés, publics, des organismes sans but lucratif, le politique. Ça ne serait pas compliqué s’il y avait une réelle volonté.»