Cri du cœur de l’Oeuvre de la soupe

EXCLUSIF. Depuis 25 ans qu’il y oeuvre comme bénévole, Roger Jeffrey trouve que les temps sont de plus en plus durs.

L’organisme qu’il préside, l’Oeuvre de la soupe, en est rendu à se demander si sa formule d’offrir des repas cinq jours par semaine aux personnes nécessiteuses de La Tuque pourra perdurer.

Avec son conseil d’administration, il songe à faire fléchir le nombre de jours où des repas sont servis de cinq à trois par semaine.

« La trésorière vient de nous mettre en garde : les finances ne vont pas bien», résume M. Jeffrey.

L’organisme a débuté son année financière avec un manque à gagner de 2500 $. On ne compte que sur une aide financière de Centraide de 10 000 $ et sur une subvention de Ville de La Tuque pour pouvoir acheter les denrées alimentaire qui sont servies.

Comble de malchance, un congélateur a fait défaut et il a fallu le remplacer.

Fort heureusement, l’appel que M. Jeffrey a lancé lundi à Ville de La Tuque a été entendu. Bien que les subventions aux organismes locaux aient été amputées en raison des compressions gouvernementales découlant du pacte fiscal, le chèque de 988 $ de la municipalité était vraiment attendu. L’organisme devait le recevoir dans quelques semaines, mais devant l’urgence de la situation, La Tuque l’a émis ce lundi. Mais même là, on se demande comment arriver à payer le loyer…

Une demande d’aide financière a également été déposée auprès de la ministre Julie Boulet.

«Je n’ai jamais vu ça» s’exclame de Roger Jeffrey, qui, du haut de son quart de siècle de bénévolat, en a pourtant vu d’autres.

« On recevait, les années passées, des amendes du ministère de la Justice. Cette année, il n’en entre pas. Je ne sais pas ce qui se passe», se désole également M. Jeffrey. Ce montant équivalait à 2500 $ par année, ce qui plaçait un baume réconfortant sur le budget.

Augmentation de la clientèle

On ne s’en étonnera pas, la clientèle de l’Oeuvre de la soupe va en augmentant, année après année.

« Le jeudi, il nous arrivait de donner des repas pour les soupers de nos bénéficiaires. Nous en étions à donner 2000 repas (diners) par mois», s’étonne le président de l’Oeuvre de la soupe. La pauvreté est bien présente à La Tuque comme ailleurs au Québec. La difficile situation de l’industrie forestière n’a rien pour aider non plus.

L’an dernier, dans un reportage que TC Media consacrait à l’organisme, on constatait qu’entre 100 et 120 repas étaient servis par jour. Vendredi dernier, a remarqué le président, il y a eu 35 jeunes des écoles primaires et secondaires qui sont allés y manger.

« On a vu un jeune adolescent qui est venu se servira jusqu’à quatre fois. Ça veut qu’il ne mange pas la fin de semaine», regrette-t-il.

Même, un travailleur social l’a contacté, un dimanche après-midi, pour que l’Oeuvre de la soupe fournisse un bon de dépannage alimentaire à une mère de famille dans le besoin, ce qui n’est pas dans le mandat de l’organisme. C’est dire combien les besoins sont devenus grands.

Dépenses suivies scrupuleusement

Pourtant, assure-t-il, toutes les dépenses sont calculées de façon stricte avec une méthode où un bon de réquisition est exigé avant de faire l’achat de nourriture. De cette façon, on contrôle vraiment toutes les dépenses.

« Ici, il ne se perd absolument rien. Nous avons des cuisiniers (bénévoles) qui sont sur place dès 6h le matin. Ces gens travaillent énormément», explique-t-il aussi.

Bien qu’on surveille les économies qu’offrent les supermarchés pour l’achat de denrées alimentaires, il y a des phénomènes qu’on ne contrôle pas, comme l’augmentation du coût du panier d’épicerie.

Évidemment, les dons provenant de la population sont toujours les bienvenus. Des reçus d’impôts sont émis pour les donateurs.