Compostage: La Tuque détourne 200 tonnes en 6 mois

LA TUQUE. Six mois après l’arrivée officielle des bacs bruns sur son territoire, la Ville de La Tuque dresse un premier bilan positif de cette nouvelle collecte de matières organiques. Distribués à l’automne 2024, ces bacs ont permis de détourner plus de 200 tonnes de matières de l’enfouissement en seulement quelques mois.

Dans un contexte où les coûts liés aux déchets sont en forte hausse, le bac brun s’impose comme une solution à la fois avantageuse pour l’environnement et bénéfique pour le portefeuille des citoyens. « Actuellement, environ 30% des bacs bruns sont utilisés chaque semaine », indique Julie Pilote, conseillère en environnement à la Ville. « C’est un bon taux de participation pour une première année, et on observe une progression constante. Il y a de plus en plus de bacs en bordure des rues, même dans des secteurs où on en voyait peu au départ. »

Avec le transfert des matières compostables à Saint-Étienne-des-Grès, en partenariat avec Énercycle, la Ville a misé sur un modèle plus durable. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes. Il en coûte 117,30$ la tonne pour le traitement des matières compostables, contre 296,42$ la tonne pour les déchets réguliers. Le choix est donc évident: plus les citoyens utilisent le bac brun, plus la Ville réduit ses coûts de traitement et les risques d’augmentations futures pour les contribuables.

Selon Recyc-Québec, près de 60% du contenu des sacs à déchets québécois est composé de matières organiques. À La Tuque, où l’on figure parmi les plus grands producteurs de déchets au Québec, le potentiel de réduction est énorme, comme près de 7500 tonnes d’ordures ont été générées en 2022.

Une implantation bien encadrée

Pour réussir cette transition, la Ville de La Tuque a investi près de 720 000$ dans l’achat des bacs bruns, qui ont été distribués à environ 5500 adresses bénéficiant déjà de la collecte porte-à-porte. Chaque foyer a reçu un bac roulant ainsi qu’un petit bac de cuisine, accompagnés d’un guide pratique, d’un aide-mémoire et d’autocollants pour le calendrier de collecte. « On a fait une importante campagne de sensibilisation et les citoyens ont eu tous les outils en main pour bien démarrer, explique Leslie Aubin, conseillère aux communications. Ce n’est pas rare que les commentaires soient très polarisés. Certains adorent, d’autres sont plus réticents. Mais on remarque que ceux qui s’engagent, le font à fond. »

Cette adoption réussie, la Ville l’attribue en grande partie à l’effort de communication déployé avant l’implantation. « On a fait une grosse campagne de communication en lien avec le bac brun. On a préparé nos gens d’avance », précise Leslie Aubin. Des documents explicatifs, un guide pratique et un aide-mémoire remis avec les bacs de cuisine ont permis de limiter les questions. « Je pense que les gens avaient pas mal tout en main pour savoir quoi mettre dans leur bac », estime pour sa part Julie Pilote.

Aucun ajustement majeur n’a été nécessaire depuis l’implantation, si ce n’est la création, en début d’année, d’un guide des matières résiduelles regroupant toutes les informations pertinentes en un seul document. Depuis la mi-avril, les collectes ont lieu chaque semaine, ce qui devrait encourager encore davantage l’adoption du service pendant la période estivale.

Les résultats ne se font pas attendre. « De janvier à mars, on a observé une réduction de 300 tonnes de déchets avec les ajustements apportés à la collecte des matières recyclables », affirme Julie Pilote.

Un autre avantage, non négligeable, touche les finances municipales. « L’enfouissement des déchets coûte de plus en plus cher. Donc, si on fait le bon tri, les coûts vont diminuer. C’est directement relié à un effort collectif qui peut se refléter sur le compte de taxes des citoyens », rappelle-t-elle.

Des efforts constants pour maintenir l’élan

La Ville ne compte pas s’arrêter là. Pour renforcer l’adhésion, des actions de sensibilisation supplémentaires sont prévues dans les écoles, les camps de jour et les résidences pour aînés. « On va continuer à faire de l’éducation. On veut faire des ateliers dans les écoles, les camps de jour, les résidences pour aînés… », indique Julie Pilote.

Un kiosque d’information sera également présent au Salon des commerçants les 9 et 10 mai, afin de répondre aux questions des citoyens. Par ailleurs, la collecte dans les industries, commerces et institutions (ICI) est en voie d’implantation et devrait débuter dès l’été.