Climat d’incertitude à La Bostonnais

Le conseil municipal de La Bostonnais a finalement présenté son assemblée régulière du mois de juin, hier. L’assemblée a pu être présentée in extrémis : c’est à 16h qu’on a appris que les élus allaient pouvoir se réunir en public. L’ordre du jour a été rédigé en fin d’après-midi hier.

La tenue de l’assemblée état incertaine, car personne n’avait le pouvoir d’en dresser le procès-verbal. Les élus ne peuvent pas le faire eux-mêmes. C’est finalement Ville de La Tuque qui a volé au secours de la municipalité de La Bostonnais, en désignant une ressource de son département du greffe. Mais ce prêt de ressource était pour une assemblée seulement. Trois conseillers étaient absents de l’assemblée, on a obtenu le quorum de justesse.  Le programme TECC, pour lequel la municipalité obtient 600 000$ pour la réfection d’une partie du rang Sud-est, des subventions pour le profilage des fossés dans le même rang, la dissolution de l’AFÉAS de La Bostonnais et différentes résolutions pour parvenir à payer les comptes ont notamment figuré à l’ordre du jour.

Mais ce qui a retenu l’attention auront été les doléances des citoyens à l’endroit des municipalités qui n’avance pas, parce qu’elle manque de personnel et qu’il y a une division au sein de son conseil municipal.

La mairesse, Rachel Fluet, a dérogé de l’ordre du jour afin de permettre aux citoyens présents de poser leurs questions au milieu de l’assemblée au lieu de la période questions habituelle, prévue à la fin de la séance. Ç’a donné lieu à ce qui pouvait ressembler à des états généraux sur la gouvernance de la municipalité.

Des citoyens qui se rendent régulièrement aux séances du conseil se sont plaints de s’être fait taxer d’être «fatigants avec leurs questions» par des élus de conseils précédents.

«Il faut prendre les citoyens comme des alliés et pas comme des adversaires», a dit un citoyen dans la salle, qui voit les questions posées aux élus comme des occasions constructives pour avancer.

Depuis le départ de la directrice générale Michelle Cantin, en janvier et celui du directeur général intérimaire Yves Tousignant en mars, la municipalité fait des pieds et des mains pour embaucher une direction générale. Les efforts n’ont pas porté fruit jusqu’à présent, même si on a rencontré de nombreux candidats éventuels.

Climat tendu

Le climat était tendu tout au long de l’assemblée, notamment entre la mairesse suppléante, Renée Ouellette et la mairesse Rachel Fluet.

Une communication défaillante a été signalée par les conseillers présents, Renée Ouellette, François Baugée et Guy Laplante qui déplorent ne pas être mis au courant des échanges entre la mairesse et en représentant du ministère des affaires municipales.

C’est d’ailleurs, le MAMH qui, aux dires de Mme Fluet, a obligé la tenue de la réunion publique, même si peu de décisions ont pu être prises et qu’aucune rencontre préparatoire n’a été tenue entre les membres du conseil. «Vous n’êtes pas satisfaite, a dit Mme Fluet à Renée Ouellette. Je travaille comme une débile, je peux vous le dire. Les urgences changent d’heure en heure. Je peux m’engager à vous écrire un rapport une fois par semaine».

Paralysée

Cruellement en manque d’employés, la municipalité de La Bostonnais se retrouve paralysée par l’absence d’officiers municipaux. La secrétaire trésorière adjointe, Louise Drolet, a quitté son poste pour la retraite, le 20 mai dernier.

La Bostonnais avait formulé une demande à la municipalité de Lac-Édouard afin de la soutenir en attendant la nomination d’une direction générale, ce à quoi Lac-Édouard n’a pas pu donner suite.

Des offres d’emplois ont été publiées sur des sites Internet et dans les journaux, mais il y a eu peu de candidatures jusqu’à présent. La municipalité pense à relancer des gens à qui elle a déjà parlé, quitte à bonifier une offre.

Rachel Fluet a d’ailleurs dressé un triste état de situation. « Il n’y a pas de DG, il n’y a pas de secrétaire trésorière adjointe. Les paies ne peuvent pas se faire, les comptes ne peuvent pas se payer, les dépôts ne peuvent pas se faire, les contrats ne peuvent pas se signer, etc. Tout ce que la municipalité peut travailler, budgéter, ne peut plus se faire», a lancé la mairesse. Seuls les paiements pour les permis municipaux se font encore. Même les comptes de taxes doivent être payés directement aux institutions financières ou par Internet.

«Imaginez quelque chose, bien, on ne peut plus le faire. Il n’y a plus rien qui peut marcher […] On s’est «backé» en asphalte, énormément, car après ça, on ne peut plus en acheter. On s’est pris une autorisation pour «tinker» les camions, sinon, ils restent dans la cour», lâche Rachel Fluet.

Le conseiller François Baugée a insisté sur l’urgence de payer les employés municipaux : «Ils sont même insécures sur leur avenir au niveau de la municipalité. Il faut répondre à nos employés».

La municipalité tente une entente avec la Caisse Desjardins pour payer ses employés. «Il faut leur reparler pour voir les modalités, combien ça coûte».

«Les employés, si jeudi, on ne leur dit pas qu’il vont avoir une paie, lundi, ils ne rentrent pas», a averti plus tard la mairesse Rachel Fluet.

Conseiller municipal pendant plus de 20 ans à La Bostonnais, Clermont Ricard a invité le conseil municipal à régler la crise actuelle et à avancer. Membre du conseil dans les années 80 et 90, à une autre époque houleuse de la municipalité, il croit que les solutions existent, en autant qu’on puisse se parler.  «La petite crise que vous vivez présentement, on a vécu pire que ça. On a pris le temps de regarder nos affaires, regardé le personnel qu’on pouvait avoir et on s’en est toujours sorti […] Je vois qu’il y a un gros malaise. Il n’est pas dur à voir, il n’est pas dur à trouver. Il faut déléguer», lance sans détour M. Ricard.

Il y a toutefois une lumière au bout du tunnel. Une candidate a manifesté de l’intérêt pour un poste de secrétaire réceptionniste. Une autre personne présente dans la salle, une ancienne employée de la municipalité, a également fait connaître son intérêt pour le poste.

Entretemps, les recherches vont se poursuivre pour combler la direction générale et ainsi, permettre à La Bostonnais de poursuivre ses activités normalement.