Claude Gagnon continue le combat de Lucien Filion

ÉCONOMIE. Depuis plusieurs mois, le conseiller municipal Claude Gagnon a fait son cheval de bataille la question des compensations pour les installations d’Hydro-Québec envers les municipalités et en particulier, Ville de La Tuque.

Maire de La Tuque de 1961 à 1985, Lucien Filion avait défendu cette cause en 1972, alors que la loi empêchait dorénavant les municipalités de percevoir des revenus de taxes pour les installations d’Hydro-Québec sur leur territoire.

Il était donc interdit aux municipalités d’inscrire au rôle évaluation des barrages et centrales hydroélectriques incluant des turbines alternateur, bâtiments et terrain, peu importe qu’ils appartiennent à Hydro-Québec ou à des entreprises privées.

Lors du changement de la loi en 1972, le maire de l’époque, Lucien Filion, a fait de nombreuses représentations auprès de Québec pour que La Tuque perçoive des redevances d’Hydro Québec. Un revenu fixe de 230 000 $ provenant d’Hydro Québec avait été assuré pendant 10 ans, puis en 1982, la contribution diminuait de 3 % par année pour la centrale et de 5 % pour le réseau électrique jusqu’à disparaître complètement.

Le conseiller municipal de Claude Gagnon reprend donc le flambeau porté par l’ancien maire Filion pour réclamer «un traitement juste et équitable pour les municipalités qui ont des centrales hydroélectriques sur leur territoire». Au nom du conseil de La Tuque, il vient de produire un mémoire demandant au gouvernement du Québec une compensation financière récurrente pour les municipalités ayant des centrales d’Hydro-Québec sur leur territoire.

«En 1971, avant les changements de la loi, les revenus de la taxe industrielle provenant de l’usine de pâte et papier  (…)et des équipements d’Hydro Québec représentaient 42,4 % des revenus de la municipalité. À cette époque, Hydro-Québec versait également à la municipalité voisine de Canton Langelier (La Croche), une somme légèrement supérieure à celle de La Tuque pour les centrales de Beaumont et la Trenche. En 1971, Hydro-Québec payait 500 000 $ pour trois centrales hydroélectriques à deux municipalités, aujourd’hui fusionnées», peut-on lire dans le mémoire de M. Gagnon.

Il pense que La Tuque pouvait taxer Hydro-Québec pour la centrale de La Tuque, l’équivalent de la moitié du montant des taxes industrielles payées par l’usine de pâtes et papier, comme elle pouvait le faire avant 1972, Hydro lui verserait 500 000 $ annuellement.

Il pense que La Tuque pourrait en exiger autant, sinon plus, pour les centrales de Beaumont et la Trenche maintenant situées sur son territoire, en plus de pouvoir taxer les centrales de Rapide-Blanc, Rapide-des-Cœurs et Chute Allars ainsi que le barrage Gouin, également sur son territoire.

Revenus potentiels importants

«À 500 000 $ par centrale hydroélectrique, cela représente des revenus potentiels de 3 M$ annuellement», affirme M. Gagnon. Selon ce dernier, cette redevance versée à la municipalité représenterait une goutte d’eau dans l’océan par rapport au bénéfice net de l’entreprise de 2,8 G$ en 2016.

Le conseil se dit d’avis que la somme réclamée par La Tuque pourrait être autofinancée facilement «par une meilleure gestion au sein d’Hydro-Québec est une réforme du traitement salariale accordée aux employés d’Hydro Québec».

«Il n’est pas normal que le PDG Hydro-Québec bénéficie d’un salaire trois fois plus élevé que celui du Premier ministre du Québec», lance Claude Gagnon.

En toile de fond, il y a le pacte fiscal, qui prive Ville de La Tuque de 1,2M$ annuellement, au moment où de sérieuses compressions budgétaires ont découlé de ce manque à gagner.

Pour ce dernier, il est très frustrant pour les élus de voir que les régions ressources «ne servent qu’à enrichir l’ensemble de la collectivité, alors que ce sont elles qui ont des responsabilités liées aux problèmes générés par cette exploitation des ressources, sans en retirer l’argent nécessaire pour accomplir leurs obligations».

«Qui doit s’assurer de la cohabitation en forêt entre Hydro-Québec, les entreprises forestières, les villégiateurs et les utilisateurs de sentiers récréotouristiques? Qui s’occupe de calmer le jeu et de trouver des solutions lorsque Dame Nature détruit les chemins forestiers d’accès importants comme ce fut le cas, cette année, avec les inondations ou en 2010, avec les feux de forêt? Qui fait le tampon entre les industriels et les villégiateurs pour éviter des pertes économiques importantes d’un côté comme de l’autre? » se demande le conseiller municipal de du secteur de la croche.

Aussi, avec un grand territoire à couvrir, mais une population permanente à la baisse, il s’explique mal comment La Tuque peut envisager à long terme de tenir le coup sans tirer profit d’un meilleur partage des redevances liées à l’exploitation des ressources énergétiques et naturelles de son territoire.

Si La Tuque peut tirer profit des redevances liées au programme de mise en valeur intégrée pour la construction de la ligne Chamouchouane-Bout-de-l’Ile, ou de la construction des centrales Chute-Allard et Rapide-des-Cœurs, ces redevances n’ont rien à voir avec l’exploitation des ressources et la production d’électricité, soutient le conseil municipal.

Le conseil municipal de La Tuque a invité toutes les municipalités ayant des centrales hydroélectriques d’Hydro-Québec sur le territoire à faire front commun dans cette bataille.

«Le conseil municipal de La Tuque ne demande pas la charité. Il exige un traitement juste et équitable par rapport aux municipalités qui peuvent tirer des revenus de la production d’électricité sur leur territoire», a conclu Claude Gagnon.