«C’est un secteur en plein développement» – Eugène Petiquay
WEMOTACI. «Le projet est encore très embryonnaire», nuance Eugène Petiquay. Lui et son frère Armand sont impliqués dans le projet de production d’huiles essentielles avec du thé du Labrador de la firme PranaSens, qui installera deux séchoirs à Wemotaci, créant une dizaine d’emplois dans deux ans.
Les deux sont cueilleurs professionnels depuis quelques années. Mais c’est leur rencontre avec les dirigeants de l’entreprise PranaSens de Sainte-Geneviève-de-Batiscan, Stéphane Allaire et Johanne Barrette, qui leur a donné le goût de s’impliquer. « Ça a cliqué avec eux», lance immédiatement Eugène Petiquay.
Ça a cliqué parce que PranaSens partage les valeurs traditionnelles atikamekw de développement durable et de respect des ressources, un fait sur lequel insiste Eugène Petiquay.
«Ils fonctionnent beaucoup avec la certification, se plait à dire M. Petiquay, et la certification, avec nos connaissances traditionnelles, c’est en nous». Chaque année, les Atikamekws exploitaient un secteur, puis un autre l’année suivante, afin de ne pas épuiser les ressources.
«Il faut récolter uniquement la pousse annuelle et non la plante au complet, avertit Eugène Petiquay. C’est une plante très coriace, mais en même temps elle est fragile. Si on la blesse, elle risque de ne plus produire».
Déjà, depuis un an, on achemine des feuilles de thé du Labrador vers Sainte-Geneviève-de-Batiscan. «L’an dernier, on était trois cueilleurs et on a fait 6 700 livres, pendant quatre semaines. Cette année, ça va durer six semaines et on va maximiser la production», ajoute le résidant de Wemotaci.
Les huiles essentielles fabriquées avec le thé du Labrador, cueillies à Wemotaci serviront pour la confection de produits cosmétiques. On retrouve beaucoup de thé du Labrador autour de Wemotaci, particulièrement aux endroits où le feu a déjà fait rage dans le passé. On en retrouve dans la forêt boréale, dans les peuplements de résineux.
«C’est un secteur en plein développement», pense Eugène Petiquay qui voit là non seulement une source de création d’emplois pour la communauté, mais aussi une façon d’y retenir les jeunes, éventuellement.
La cueillette se fait sur une période de six semaines et implique de 8 à 10 heures d’ouvrage par jour, à partir du début juillet jusqu’au milieu du mois d’août, une tâche qui ne fait pas peur aux frères Petiquay, qui en ont vu d’autres. «J’aime ça. On est en forêt, on est nos propres patrons».
Le projet est de nature privée et n’implique pas le conseil de bande de Wemotaci. On explore d’autres volets de partenariat pour assurer du travail sur de plus longues périodes aux résidents de Wemotaci notamment des huiles essentielles à base de résineux. Cela permettrait une production même en hiver.