Certains veulent battre le train en vitesse, mais on oublie que le train peut gagner…

SÉCURITÉ. Mouhcine Aynouche est constable à la police du Canadien National. Il constate qu’un trop grand nombre de gens banalisent les dangers des trains et de la voie ferrée. La Tuque est bâtie autour du chemin de fer et on en arrive à l’oublier.

«On aimerait bien arriver à un chiffre magique de 0 incident, mais malheureusement il y en a toujours chaque année, que ce soit des accidents aux passages à niveau ou liés à l’intrusion, car il est interdit de se promener sur les chemins de fer», rappelle Mouhcine Aynouche.

Si vous faites prendre, vous devrez payer une amende de 150 $, puisque vous aurez contrevenu à la Loi fédérale sur la sécurité ferroviaire. On ne peut traverser un chemin de fer que sur un passage à niveau, sur la voie publique, comme sur les rues Saint-Joseph, Saint-François, Saint-Michel ou Saint-Zéphirin. Oubliez donc les belles photos prises directement sur la voie ferrée, c’est illégal de s’y trouver.

«Quand survient un incident, il ne faut pas le regarder que localement. Ça peut faire en sorte que jusqu’à six trains, jusqu’à Toronto peuvent subir l’impact de cet incident. Des trains, longs de deux milles, peuvent être arrêtés sur des passages à niveau dans d’autres villes, créant un effet domino», insiste M. Aynouche.

Mais le principal élément, c’est qu’on ne veut pas que surviennent la mort ou des blessures. Le Bureau de la sécurité des transports indique qu’au Canada, de janvier à novembre 2018, 17 personnes ont perdu la vie dans des accidents dans des passages à niveau, un nombre égal à l’année précédente. Toutefois, le nombre de personnes blessées gravement est de 40, le double de 2017.

«Dans des spectacles aériens, souvent, lorsque l’avion est au-dessus de nos têtes, il vient de passer et c’est là qu’on entend le bruit. Le train, aussi gros que ça puisse paraître, le son, on ne l’entend pas tant que ça», compare M. Aynouche.

Quand les signaux lumineux aux intersections sont actionnés, il faut arrêter. À cause de la rudesse des hivers québécois, la glace, les accumulations de neige peuvent affecter la distance de freinage des trains. Les conducteurs doivent donc adapter leur conduite et éviter des distractions comme les téléphones cellulaires.

Sans pouvoir donner de chiffres précis, Mouhcine Aynouche rapporte que la police du Canadien National se déplace souvent en Haute-Mauricie, de façon sporadique.

La police du Canadien National est également investie d’un mandat d’éducation : on se rend dans les écoles ou dans les clubs de motoneigistes pour fournir de l’information. «Il y en a qui veulent passer par des emprises ferroviaires, ce qui n’est absolument pas conseillé. On doit passer par des chemins fédérés», avertit Mouhcine Aynouche.

Les principales infractions

Les principales infractions constatées par les policiers du Canadien National sont liées à des distractions aux alentours des chemins de fer : le non-respect de la signalisation, des lumières aux passages à niveau. Certains veulent battre le train en vitesse en se dépêchant de passer malgré des lumières, mais on oublie que le train peut gagner…

«De notre vision, le chemin de fer constitue un danger potentiel autant en forêt qu’en ville», souligne-t-il. En forêt, il faut ralentir et regarder des deux côtés avant de traverser la voie ferrée aux endroits prévus à cette fin.

La police du CN fait de la sensibilisation et souvent conjointement avec les corps de police locaux et la Sûreté du Québec.

Avec les corps de police locaux, les policiers du CN vont également enquêter sur les causes et les circonstances d’un accident de train, sur le réseau de tout près de 40 000 km de voie ferrée au Canada.

Trois corps de police ferroviaire

Il existe trois corps de police rattachés à la sécurité autour des installations ferroviaires : la police du Canadien National, celle du Canadien Pacifique et celle de Via Rail. La juridiction des policiers du Canadien National s’applique jusqu’à 500 mètres des deux côtés du chemin de fer. Ils sont assermentés pour l’application du Code de la sécurité routière. La Loi sur la sécurité ferroviaire investit les agents de police ferroviaire des pouvoirs d’un agent de la paix, notamment ceux prévus dans le Code criminel canadien.