Ce sont des préjugés. C’est facile de mettre tout le monde dans le même bateau – Christine Jean

HABITATION. Le cri du cœur d’une dame sur les réseaux sociaux la semaine dernière, a éveillé un débat important sur l’accès des autochtones au logement en milieu urbain. La fille d’un couple d’Atikamekw, qui désirait louer une maison, a dénoncé le fait que le propriétaire n’était pas disponible à l’heure prévue pour le rendez-vous de visite. Les autres personnes qui devaient visiter la même maison, une demi-heure après leur rendez-vous, ont, elles, pu le faire. La déception du couple, le lendemain matin, a fait réagir Christine Jean, directrice générale du Centre d’amitié autochtone de La Tuque (CAALT). « C’est très fréquent. C’est une situation avec lesquels nous devons composer de façon régulière», déplore Mme Jean. N’eût été fait que la personne discriminée, Johnny Iseroff, est un employé du CAALT et que sa fille ait décidé de parler publiquement sur les réseaux sociaux, la situation aurait pas été dénoncée. Selon Mme Jean, on doit travailler plus fort quand c’est une personne autochtone qui est à la recherche de logement. «Quand c’est une personne autochtone qui appelle, qui a un accent qu’on reconnaît, le logement est déjà loué. On le sait, on l’a testé. Et quand c’est une personne qui est non-autochtone, ça fonctionne et le logement est disponible», regrette Mme Jean. Triste conséquence : quand les personnes autochtones réussissent à se trouver un logement, il sera de moindre qualité. Elles se retrouvent allant dans des logements qui auraient besoin de rénovations majeures. De la glace autour des fenêtres, les champignons présents au bas des murs, voilà autant de conditions de logement que ces personnes doivent accepter. «Il y a des gens qui préfèrent aller demeurer ailleurs, parce que l’accès au logement n’est pas là». Christine Jean ne le nie pas : son organisme travaille avec des gens qui arrivent des communautés et qui se retrouvent locataires pour la première fois. «On leur explique leurs droits et leurs responsabilités». Pour combattre les préjugés, il faut promouvoir la cohabitation entre les peuples. «On ne travaille pas en vain. Suite au message laissé par la fille de M. Iseroff (sur Facebook), les commentaires ont été très positifs. Les gens trouvent que ça n’a pas de sens, il  faut arrêter ces préjugés par un nom de famille ou un visage», a-t-elle remarqué. Christine Jean va plus loin. Elle émet le souhait que les autorités politiques puissent émettre des politiques facilitant l’accès au logement aux autochtones : « Pour que tout le monde puisse avoir accès de façon égalitaire au logement, mais ça peut aussi aller dans d’autres directions». D’autant plus que les Atikamekw sont identifiés comme une piste de solutions dans la pénurie de main-d’œuvre que vit actuellement à la région. Selon elle, la dénonciation de la semaine dernière a sonné une cloche. « L’appui de la population est là. Il faut faire quelque chose, améliorer les conditions d’accès au logement ici à La Tuque», conclut-elle.