Blocus forestier : rencontres positives pour Luc Martel
Le blocus autochtone mis en place depuis quelques jours sur la route forestière 25 préoccupe beaucoup la Ville de La Tuque, qui craint que cette démarche ait des conséquences importantes pour les travailleurs du milieu forestier et l’économie régionale.
Ce blocus, rappelons-le, vise à empêcher l’industrie forestière de procéder à des coupes de bois pour approvisionner les usines, afin de mettre de la pression pour faire avancer les négociations des Atikamekw avec le gouvernement.
Le maire de La Tuque, Luc Martel, a profité d’une visite à Québec ce jeudi 11 mai, dans le cadre de ses fonctions au sein du comité forêt de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), pour discuter de ce sujet avec la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina. Il a également rencontré des représentants du bureau du Premier ministre.
M. Martel, qui agissait aussi à titre de porte-parole de la Table des élus de la Mauricie, s’est dit satisfait de ces deux rencontres, estimant que le gouvernement du Québec prend la situation au sérieux et travaille à résoudre ce conflit. Ces rencontres ont notamment permis de créer des liens pour améliorer la communication entre le gouvernement du Québec et la Ville de La Tuque.
« Quand on est en région, on peut avoir l’impression que le gouvernement ne nous entend pas, mais les rencontres d’hier m’ont permis de constater qu’ils sont très au fait du dossier et qu’ils veulent trouver des solutions tout autant que nous, soutient le président de l’agglomération et maire de La Tuque, Luc Martel. Cela m’a quand même permis de leur faire voir à quel point l’industrie forestière est importante pour l’économie de la Mauricie et à quel point son équilibre peut être fragile si ce blocus s’éternise, ajoute-t-il. Ce bout-là, je crois qu’ils ne le comprenaient pas autant que nous. J’ai reçu une bonne écoute de leur part. Je suis satisfait. »
L’équipe municipale souhaite maintenant que les conseils des trois communautés atikamekw (Manouane, Wemotaci, Opitciwan), ainsi que le Conseil de la Nation Atikamekw, travaillent de concert avec le gouvernement du Québec, afin de trouver un terrain d’entente qui permettra à l’industrie forestière de reprendre ses opérations dans l’agglomération de La Tuque dans les plus brefs délais.
Le maire affirme être sensible au message que les gens derrière ce blocus veulent véhiculer, mais il croit que de prendre en otage l’économie régionale n’est pas la bonne solution pour faire avancer les revendications.
« La balle est maintenant dans le camp des Atikamekw et du gouvernement. C’est à eux de s’entendre pour que les opérations forestières puissent reprendre rapidement. Nous sommes allés le plus loin qu’on pouvait aller. »
Il rappelle que les opérations des usines de sciage de Parent et de Saint-Roch-de-Mékinac sont présentement arrêtées, ce qui a un impact sur les travailleurs de ces usines et leur famille. Plusieurs entrepreneurs forestiers indépendants vivent une pression financière importante, parce qu’ils n’ont plus de revenus.
La Ville de La Tuque veut éviter que ce blocus entraine un conflit social, d’où ses actions pour solliciter l’aide des acteurs impliqués pour que les choses bougent plus rapidement.
« Je ne pouvais pas rester les bras croisés à attendre que ça bouge dans une situation comme celle-ci. Il fallait agir même si notre pouvoir dans cette situation est très limité. C’était important pour moi d’aller jusqu’à Québec porter le message de nos gens », termine le maire.
La Mauricie compte 150 entreprises issues de l’industrie forestière. Elle fournit 13 % du volume total de bois qui est récolté au Québec chaque année. Ces entreprises génèrent 5 540 emplois directs en Mauricie. Les revenus des emplois directs et indirects associés à l’industrie forestière en Mauricie totalisent 710 millions $ annuellement. L’industrie forestière représente 33 % des emplois du secteur primaire et manufacturier de la région.
Parmi ces emplois, il y a un fort pourcentage de travailleurs autonomes qui participent aux opérations en forêt pour la récolte du bois. Ces travailleurs sont propriétaires de leur machinerie et leurs camions, des équipements dispendieux qui représentent des dettes importantes à rembourser pour ces travailleurs. Ils sont le premier maillon d’une chaîne industrielle qui mènent aux usines de sciage, aux usines de pâte et papier, jusqu’aux transformateurs et aux consommateurs. Lorsque les opérations d’une partie de cette chaîne sont interrompues, cela provoque des impacts pour chacune des parties suivantes dans un effet domino.
Voilà le message que le maire de La Tuque a porté hier jusqu’à Québec.