Bioraffinerie forestière : Québec alloue 5,9M$ à BELT

Après  avoir complété une première partie, destinée aux études de faisabilité, le projet Bioénergie La Tuque (BELT) entre en une seconde phase, avec un octroi de 5 943 000$, annoncé par le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien. L’aide financière a été accordée dans le cadre du programme Technoclimat – volet pour la production de bioénergies. Le projet BELT, on le sait, vise à produire des biocarburants à partir de biomasse forestière résiduelle recueillie dans le Haut-St-Maurice.

«Le projet est rendu à une phase clé, une phase déterminante. Cette étape va permettre de démontrer la viabilité technico-économique et de finaliser le choix du procédé de la future usine. On est ici dans l’innovation qui va nous positionner au Québec de manière à être un chef de file par rapport à ces technologies», disait le ministre Julien.

Avec sa mise en marche, l’usine visera à créer 500 emplois directs et indirects, dont 100 membres de la communauté attikamek de Wemotaci. D’ailleurs, c’est à cet endroit qu’est situé le siège social de BELT.

Le président de BELT, Patrice Bergeron et le Grand Chef du Conseil de la nation atikamekw, Constant Awashish.

«Ce sont les Attikamekw qui assureront la première transformation des résidus de coupe forestière en biomasse et à l’usine va entrer en fonction. C’est dire qu’on peut envisager la création d’entreprises atikamekw pour la collecte de la biomasse. Il y aura de nouveaux emplois, tant en forêt que dans la future usine et des activités de formation de la main-d’œuvre, auxquelles nous pourrons contribuer», assure le ministre responsable de la Mauricie, Jean Boulet.

 

Il insiste : «nous sommes bien positionnés pour accueillir la première usine commerciale au monde à utiliser les résidus de biomasse forestière».

«Je crois que c’est un modèle qui sera exportable à d’autres endroits au Québec, pour faire contribuer d’autres nations», lance le ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière.

Aucun impact négatif

La députée de Laviolette-Saint-Maurice, Marie-Louise Tardif, fait savoir qu’aucun impact négatif ne serait ressenti par les autres usines de la Mauricie pour leur approvisionnement en bois. «La première phase de ce projet a déterminé avec assurance et certitude qu’il y avait suffisamment de biomasse forestière dans le Haut-Saint-Maurice pour viser l’installation de la première bioraffinerie canadienne en production de carburant renouvelable, basée sur ces résidus forestiers», a-t-elle tenu à signaler.

Certaines coupes forestières laissent de nombreux amas, près des lieux de coupes, observe également la députée : «Quand on va ramasser ça, ça va dégager du terrain et permettre qu’on reboise ces terrains-là. Donc on va augmenter la productivité de nos forêts».

L’implication des Atikamekw

Pour le Grand Chef du Conseil de la nation atikamekw, Constant Awashish, les dirigeants de BELT ont su déceler une opportunité de partenariat avec les Atikamekw.

«C’est un projet qui peut apporter beaucoup de retombées en région, remarque-t-il […] C’est l’utilisation optimale de la ressource naturelle, pour nous. Ça entre dans les valeurs de la nation atikamekw, de la façon avec laquelle la ressource est utilisée, complètement».

Les Atikamekw, soutient-il, ne souhaitent pas qu’être spectateurs du projet, ils tiennent à en devenir partie prenante. «Pour ça, il faut nous donner des opportunités et je pense que BELT est une grande opportunité qui s’est ouverte à nous».

En quoi consistera la deuxième étape ? 

La première phase du projet a consisté à valider les approvisionnements, présélectionner les technologies et les sites, effectuer des études d’impact environnemental et d’acceptabilité sociale et de réduction des gaz à effet de serre. BELT va valider le choix des équipements, des technologies permettant de propulser ce projet.

«Dans la phase actuelle, et nous allons pouvoir finaliser le choix technologiques, l’approvisionnement, le choix final du site, établir les plans préliminaires de la future bioraffinerie», précise Patrice Mangin, directeur général de BELT.

L’objectif de 2023 est toujours dans la mire. «La phase deux devrait durer autour de deux ans […] Ce sont des études technico-économiques, il y a beaucoup de préparation à faire, il y a la COVID-19 et ces technologies sont à l’étranger. C’est toute une planification qu’on est en train de faire pour réaliser ça. On continue avec notre objectif d’une décision, d’un investissement et de pouvoir construire l’usine d’ici 2023, comme on l’a prévu depuis le début», confirme Patrice Bergeron, président de BELT.

Trop gros et latent ?

Le directeur général, Patrice Mangin, a réagi aux propos du maire de La Tuque, Pierre-David Tremblay, qui qualifiait dernièrement le projet de trop gros et latent : «Il est clair que pour le présent maire de La Tuque, l’envergure du projet dépasse sa compréhension […] N’oublions pas que l’ancien maire, qui est un homme d’affaires, supportait le projet et nous accompagnait dans les missions. M. le maire peut penser ce qu’il veut, nous avons essayé de le rencontrer plusieurs fois. Il continue de penser que c’est un projet latent, il ne nous écoute que rarement. Je pense que M. le maire est connu localement et je n’en dirai pas plus».

«Je ne vous cache pas qu’on ne sait pas trop où BELT est rendu dans ce projet-là, mais nous, on ne ferme pas les yeux pour un projet qui pourrait s’intégrer avec l’usine West Rock, avec le groupe Rémabec. Déjà, le groupe Rémabec fabrique une sorte de biocarburant sur la Côte-Nord. Ce n’est pas dit qu’on ne verra pas arriver ce genre de projet à La Tuque», avait glissé le maire de La Tuque au cours de la dernière assemblée du conseil municipal.

700 technologies identifiées

«L’étude a identifié 700 technologies, on les a passées au peigne fin pour identifier celles qui sont les plus prometteuses. Au final, on a sélectionné les deux meilleurs au monde. Avec cet argent, on va faire ces essais dans des usines de démonstration qui existent déjà. On va essayer de reproduire des situations réelles de fonctionnement, prendre de la biomasse d’ici pour faire des essais» prévoit M. Bergeron.